Quand la vie te donne des citrons, fais-en de la limonade — Adam & Logan

—Ca, pour aimer mon prochain, je sais très bien le faire.

On rigole, puis on commence à manger en parlant de tout et rien. Comme souvent. C'est ça que j'aime le plus avec Logan : la communion entre nous deux. Même quand on ne parle pas, les blancs ne sont pas lourds. C'est un silence apaisant, qui ne crie pas à la gêne.

— J'ai hâte d'être à demain midi.

Je sors de nulle part, comme si c'était la suite logique de notre conversation.

— Mes potes de fac m'ont jamais cru quand je disais que j'avais plus ou moins quelqu'un dans ma vie parce qu'ils ne te voyaient jamais. Mais ici c'est différent. Ils ne te connaissent pas, mais aucun n'a jamais mis ma parole en doute. Je crois que j'ai envie de leur prouver que c'est réel, comme une revanche sur ces cons de White Falls !

— Ouais, puis surtout ça me permet de menacer du regard tout ceux que j’aime pas. Même tes profs.

Je dis en riant, alors que je suis vraiment sérieux. Je n’ai pas l’intention d’aller là-bas pour qu’il me présente à je ne sais pas trop qui ; les quelques vrais amis qu’il a ici, je les connais déjà.

— Surtout les profs, en fait.

— Mes profs ?

Je demande sans vraiment comprendre ce qu'il peut bien avoir à faire de mes profs.

— Tu veux les menacer pourquoi ? Qu'ils me mettent un 20 au lieu d'un 19 ?

— Quoi ? Non. Tu me prendrais la tête genre « nia nia, je veux pas qu’on pense qu’on m’a aidé je veux tout réussir seul ». C’est juste au cas où y en a un qui pense qu’il a ses chances avec toi. Dans les études supérieures, c’est assez fréquent les relations profs / élèves.

— Non mais même moi. Je serai incapable de prétendre à un poste si je savais que mon diplôme n'a pas sa réelle valeur !

Par contre, la fin de sa phrase me fait sourire.

— T'es en train de dire que j'aurais pu me faire Moïra plutôt que toi ?

Je le taquine en venant embrasser sa joue, une fois ma bouche terminée.

— Tu sais que tous mes profs ont des gosses et tout ça ? Y'a peu de chances qu'ils attendent après Adam Saint-Clair.

— Non, pas Moïra. Parce que t’aimes les hommes. Et moi, une gosse, j’en ai une. J’ai pas moins mal dormi en couchant avec toi.

Je réponds avec un air blasé.

— Toi je sais que tu me tromperais pas, mais y a des couillons qui doivent pas se gêner pour te draguer et comme t’es aveugle et naïf, tu vois rien. Et voilà. J’me dis que s’ils voient que je peux leur casser tous les os, ils vont se détendre.

— J'ai été incapable de tromper Maximilien tout en sachant que j'étais fou amoureux de toi, alors maintenant que je t'ai, tu peux être certain que je me ferais plus facilement couper les dix doigts que de te tromper !

Je souris tendrement en réalisant encore une fois la chance que j'ai de l'avoir retrouvé.

— Je suis pas naïf, je pense juste que tout le monde n'est pas tout le temps en train de vouloir se taper quelqu'un. Et aussi que je suis tellement discret, qu'il faudrait sacrément le vouloir pour m'avoir remarqué parmi toute une foule d'étudiants ! Je pense sincèrement que t'as zéro crainte à avoir... Mais j'adore quand t'es jaloux, alors j'ai quand même hâte que tu viennes jeter ton regard noir sur quiconque que tu juges trop ou pas assez je ne sais quoi !

— Moi, je t’ai vu, Adam. Et je te vois tout le temps, tous les jours. Toi tu ne réalises pas à quel point tu es charmant et intéressant. Cultivé. Mais les autres le vois. T’es extrêmement attirant.

Je dis avec un sourire tendre.

— Crois-moi, Adam, les autres aussi te voient. Et vaut mieux que les autres me voient également, histoire qu’ils réalisent qu’ils faut qu’ils ne te regardent pas trop, tu vois ?

J'ai du mal à comprendre, à accepter je dirais même, que des gens en dehors de lui puissent me remarquer et trouver un quelconque intérêt à la personne que je suis.

— Tant que toi tu me vois, je m'en fous des autres.

Ma voix est douce, sans doute un peu niaise, mais mon sourire exprime tout ce que je ne peux pas dire.

— Alors viens ! Viens, qu'ils puissent voir que nous sommes l'un à l'autre et que personne ne peut nous séparer. Personne n'a intérêt à te toucher non plus !

Je rigole.

— T’en fais pas, va.

On termine de manger et on va se doucher avant de retourner se coucher. Il est presque 1 h 30.

— Tu te lèves à quel heure, mon bébé ? Viens contre moi.

Je dis alors qu’il éteint la lumière.

— N’oublie pas de mettre ton réveil.

— Je sais pas. Je commence à dix heures et c'est tout à côté !

Je me blotti contre lui, alors que la pièce est plongée dans le noir.

— Disons neuf heures, comme ça je pars à neuf heures et demi et hop ! Ça te laisse encore un moment pour dormir en plus, la chambre peut être rendue jusqu'à midi !

Mes lèvres trouvent les siennes tendrement.

— Je suis heureux avec toi Logan. J'espère que tu sais à quel point...

— Je crois que j’en ai conscience.

Je réponds en caressant tendrement son visage. Je vois bien qu’il est épanouie et heureux, malgré nos quelques disputes. Mais c’est toujours agréable de l’entendre confirmer.

— Moi aussi. Et Livie aussi. Tu es exactement ce qu’il nous manquait.

Mon cœur se serre et dans la pénombre de la chambre, il est plus facile de me laisser aller après toutes les émotions qu'on a traversé aujourd'hui. Qui aurait cru ce matin qu'on allait voir Moïra, s'engueuler, faire semblant que tout allait bien devant ma famille, retrouver Moïra, s'affirmer devant elle, se réconcilier, entendre Olivia dire que j'étais son dada et finalement, nous retrouver ici.

— Je compte bien combler ce manque jusqu'au bout. Je vous laisse plus, plus jamais. C'est hors de question.

J'embrasse Logan, encore, et je me fous qu'il sente des larmes sur mes joues. Je sais qu'il ne me juge pas.

— J'ai enfin trouvé ma place.

Je sens qu’il pleure et je le blottis un peu plus contre moi. Moi aussi, j’ai trouvé ma place. J’ai même trouvé un sens à ma vie. Sans en faire trop, j’avais fait les choses comme elles devaient être : trouver un boulot stable après avoir fait des études respectables, trouver une femme, l’épouser, avoir un enfant. J’ai fait ce qu’il fallait, sans que ce ne soit ce que je voulais. Maintenant, je sais ce que je veux et je le fais.

— Bonne nuit, mon bébé. À demain. Je t’aime.

C'est dur de faire surface quand le réveil sonne. Et pourtant j'ai bien dormi deux heures de plus que ce que j'aurais pu faire à la maison, mais je me sens encore extrêmement fatigué. Je sens Logan bouger à côté de moi et je viens passer un bras autour de sa taille pour me coller contre son dos.

— Je resterais bien ici avec toi pour toute ma vie.

Je murmure, alors que je ne sais même pas s'il dort encore.

Quand le réveil sonne, je retiens un soupir parce que c’est toujours trop tôt, mais le câlin d’Adam me donne le sourire.

— Moi aussi. Mais si t’as pas ce diplôme on fera partie des gens pauvres de ce monde et ce n’est pas la vie que j’ai choisi de mener.

Je dis en riant avant de me tourner vers lui. J’adore la tête qu’il a au réveil. Il est vraiment adorable.

— Déjà que tu rates les cours parce que Monsieur a une gastro.. ça va aller, hein.

Je dis avec un petit sourire, avant de l’embrasser tendrement.

— Tu as bien dormi ?

— On ne sera pas pauvres, je travaille trop pour ça ! Gastro ou pas, je fais un scandale si personne ne veux de moi d'ici quelques mois !

Je rigole en répondant à son baiser.

— Très bien ! J'aurais bien dormi plus, mais bon. On fais avec ce qu'on a ! Ça va toi ? Tu te sens prêt à te rendormir bientôt ?

Je souris en frottant mon nez contre le sien, comme un bisou esquimau.

— Ouais, j’me sens bien là. Au moins jusqu’à 11 h 30.

Je dis en refermant les yeux, blotti contre lui.

— À quelle heure je dois être là, d’ailleurs ?

— Veinard.

Je chuchotte, ma bouche collé à sa joue pour l'embrasser.

— Je termine à 13 heures ce midi. Compte treize heures dix le temps que je sorte de l'école bondée !

La dernière fois qu'il est venu à mon école, je n'y étais même pas encore élève. Et aujourd'hui, il vient chercher son futur mari pour déjeuner. Ma vie est une merveille.

— Ok, je note.

Même si je sais que je serai là un peu avant 13 heures. Parce que j’aime être à l’heure et que je serais impatient de le retrouver.

— Et t’as combien de temps pour manger ?

— Presque deux heures. Je reprends a quinze heures. Donc le temps qu'on trouve ou manger, qu'on se pose et qu'on revienne ici après, ça nous laisse une heure et demie tranquille !

Je réponds en souriant.

— T'as une idée d'où tu veux qu'on aille ?

— Je rends la chambre à midi, mon bébé. Donc on ne revient pas ici.

J’ouvre les yeux avant de me redresser un peu.

— Ça fait une éternité que je n’ai pas mangé un bon fish & chips, qu’est-ce que t’en penses ?

— Je pensais à l'école pardon. Le temps de retourner à l'école après... Ça va être une longue journée je crois.

Je rigole, sans pour autant me détacher de lui, alors que j'ai conscience qu'il va falloir que je m'active à un moment.

— Grave ! On mange super bien tout le temps, on peut bien se faire plaisir avec du gras aussi bon !

— Oh mon bébé..

Je dis en souriant avant de fondre sur lui pour le couvrir de baisers. S’il traîne encore, je risque de ne plus avoir envie de le voir partir.

— Oui, on fête le remplissage de notre dossier d’adoption, c’est tout.

Je m'accroche à Logan quand il fond sur moi et à ses mots, je me lance dans un duel avec lui.

— Tu crois qu'on pourra jeter un œil au dossier en rentrant ?

Je demande en caressant sa peau.

— On pourrait s'y mettre dès ce soir ?