Islande

J’attrape sa main sur la table pour lier nos doigts.

— C’était une bonne idée, l’Islande. Le voyage en général. Partir tous les deux pour se couper un peu de tout.

Je lie mes doigts aux siens.

— Et se retrouver, parce qu'on ne va pas se perdre d'accord ?

— On s’était bien perdus alors...?

Je lui fais un petit sourire triste.

— On a failli, mais non, je crois qu'on ne s'est jamais perdu.

On aurait pu, quand je suis retourné chez ses parents.

— Je n'ai pas cessé de t'aimer une seule seconde.

— Alors tant mieux. Moi non plus, je n’ai jamais cessé de t’aimer.

Je lui dis en souriant.

— Je vais être pédiadre, tu vas travailler dans le social. On est un couple d’enfer.

Ses je t'aime me rassurent à chaque fois, car quelque part au fond de moi, j'ai quand même peur qu'il ait pu s'attacher à ces autres hommes qu'il a été voir.

— On ne sait pas, je serai peut être nageur professionnel.

Je dis avec un petit sourire. J'ai toujours cru en moi sur ça car j'ai toujours tout donné, mais depuis l'agression de mon père et mon épaule, j'ai perdu toute confiance. J'essaie de me forcer à la retrouver petit à petit.

— Je sais que tu seras nageur professionnel ET que tu trouveras un moyen pour canaliser des gosses avec la natation.

Je réponds fièrement.

— T’as intérêt à aller aux JO !

Je souris en secouant la tête. On profite de la fin du repas, puis la fatigue commence réellement à se faire ressentir cette fois. Quand on a terminé on quitte le restaurant, on se fait des câlins sur le trottoir en attendant le taxi.


*******

Assis dans sa voiture, il les regarde s'engouffrer dans un taxi, avant de les suivre. Après les avoir vu rentrer dans un hôtel il se gare et va à la réception pour réserver une chambre.

*******

J'ouvre la porte de la chambre et le laisse passer. On est encore frigorifié, quand on retire nos manteaux.

— Je vais nous faire couler un bain chaud, ça te dit ?

— Plutôt deux fois qu’une !

Je ferme la porte à clé avant de monter le chauffage et de sortir des couvertures, pendant qu’il s’occupe du bain. Je prépare même nos vêtements pour qu’on n’ait pas à traverser le pôle Nord à poil.

— On se les caille dans la chambre !

Je dis en le rejoignant dans la salle de bain.

— J’ai monté le chauffage. Il fait meilleur ici.

L'eau très chaude est en train de couler. Je me mets à rire quand il me rejoint.

— On est vraiment pas habitué à ça.

On se déshabille rapidement et une fois dans l'eau blotti l'un contre l'autre, ça va mieux. Je caresse tendrement ses épaules.

— J'ai hâte d'aller me baigner dans les sources chaudes.

— Moi aussi ! Pourtant on vit pas dans un pays chaud mais sérieux...

Je pouffe de rire. On râle mais je sais à quel point on est heureux d’être là.

— On n’a pas pris un bain depuis une éternité !

Chez nous c’est tout petit et on peine à entrer à deux dans la cabine de douche.

— J’avais même oublié comment c’était agréable !

— Et ça peut devenir encore plus agréable.

Je dis avec un petit sourire, en embrassant son cou et en glissant mes mains sous l'eau.

Je souris avant de chercher ses lèvres pour les embrasser. On n’a pas fait l’amour aussi spontanément depuis longtemps et c’est fou le bien que ça fait. J’ai l’impression qu’on se reconstruit pour de vrai et qu’il me fait véritablement confiance.

— L’eau est plus très chaude, mon cœur. Faut qu’on se douche pour sortir. Faudrait pas qu’on tombe malade.

On fait l'amour dans la baignoire, ce sont des sensations encore nouvelles et différentes. J'aime cette impression que j'ai de le redécouvrir à chaque fois. Après notre douche, on est complètement épuisé, on se couche et on s'endort rapidement.

*****
On frappe à la porte, ce qui nous réveille, je regarde l'heure, il est à peine trois heures du matin.

— J'y vais.

Je marmonne complètement endormi en me détachant de lui pour aller ouvrir. J'ouvre la porte, mais il n'y a personne, je regarde des deux côtés du couloir, c'est vide.

— C’est qui ?

Je demande en me redressant dans le lit. Quand je vois à la porte qu’il n’y a personne, je ronchonne. Je n’aime pas être réveillé pour rien.

— Rentre, mon cœur. Ferme. On ira se plaindre à l’accueil demain.

— Je ne sais pas.

Je l'écoute, je referme la porte et la verrouille avant le rejoindre dans le lit. Je pousse en petit grelotement en me blottissant contre lui.

— Sûrement quelqu'un qui s'est trompé de chambre.

— Ouais, sans doute.

Il grelotte alors je le blottis bien contre moi.

— T’as les pieds froids !

Je ronchonne avec un sourire.

Je souris dans son cou, en l'écrasant presque tellement je suis blotti contre lui. On se rendort, comme ça, complètement emmêlé. Mais à peine une heure plus tard ça frappe de nouveau. Cette fois ci c'est lui qui se lève. Je me redresse dans le lit pendant qu'il ouvre, je ne vois personne.

— Toujours personne ?

Je regarde à droite, à gauche. Personne.

— Putain ça commence à me faire chier. Une erreur une fois, ok. Mais là, c’est plus une erreur.

Je claque la porte et je la referme à clé. J’attrape le téléphone pour appeler la réception et signaler que quelqu’un frappe à notre porte toutes les heures et que c’est insupportable.

— Ils m’ont dit qu’ils allaient regarder.

Je ne supporte pas d’être réveillé comme ça et je sens que je vais vraiment finir par être de mauvaise humeur.

Il s'agace alors que moi je m'inquiète. Il l'appelle la réception et dès qu'il a raccroché je soulève la couette pour qu'il vienne s'y blottir. Cette fois c'est lui qui grelotte. Je le frictionne.

— Je suis sûre que c'est rien, sûrement des gens ivres qui s'amusent.

— Ouais, mais ça me gonfle.

Et quand je vois sa tête toute inquiète, j’embrasse ses lèvres.

— Qu’est-ce qu’il y a ?

Je secoue la tête pour le rassurer, et me rassurer moi-même je crois.

— C'est rien, c'est juste que ça me rappelle de mauvais souvenirs.

J'embrasse son front.

— Quand quelqu'un frappait en plein milieu de la nuit chez nous, ce n'était jamais une visite agréable.

— Oh mon cœur... désolé, j’y pensais pas.

Je caresse son visage avec tendresse.

— Je suis là pour te défendre. J’ai un beau frère qui boxeur. T’inquiète.

Il caresse mon visage.

— Vous ne tenez pas dix minutes dans la même pièce tous les deux.

Je dis avec un petit sourire. Moi je suis reconnaissant envers Logan d'avoir bien voulu s'occuper de moi après ma blessure? Je n'arrivais pas à laisser faire un autre kinésithérapeute.

— Bien sûr que si.. on s’entend bien. C’est juste qu’on se charie et que parfois il me gave. Mais au fond... je l’aime bien.

Je reconnais, même si ça m’arrache la bouche de le dire. Austin il n’ira pas lui répéter.