JOUR J ! — Edouard & Romie

Je rattrape Romie au vol et je réponds à ses baisers. Elle m'a manqué, alors que je ne suis parti que quelques heures, c'est complètement dingue.

— Ça va mon cœur. Tu m'as beaucoup manqué, mais j'ai survécu !

Je lui souris, alors que le rire de Max résonne toujours.

— Ça a été pour toi ? Ça a vraiment été rapide ? T'as fais quoi, alors ?

— J’ai rangé toute notre chambre, le dressing et puis j’ai préparé le diner de ce soir !
— Et t’as fait une énorme sieste entre Luke et moi.

Je ris un peu.

— Oui et j’ai dormi. Ça faisait du bien.

Je rigole quand Max dit qu'elle a dormi entre Luke et lui. Ils sont vraiment adorables parce qu'ils ont pris soin d'elle pendant que je n'étais pas là. Ça me touche autant de la part de mon frère que de celle de Luke, qui aurait pu n'en avoir rien à foutre et vouloir rester avec Max. Ce qui n'aurait pas été illégitime.

— Et ma femme d'amour nous a préparé quoi pour le dîner alors ?

Je demande en embrassant encore Romie, avec un sourire

— Une « quiche » sans pâte. Recette de mamie Bonaparte ! Je ne sais pas comment on peut dire une quiche en anglais.

Je dis en riant.

— Tu veux la voir ? Tu veux un café, mon amour ?

Je quitte ses bras pour qu’il aille s’asseoir dans le canapé et je retire ses chaussures.

— Café ou apéro ?

Je demande aux garçons.

— Vraiment ? J'adore quand elle en fait ! J'ai hâte de goûter ça mon chat.

Je me retrouve bien vite dans le canapé et me fais même retirer mes chaussures. Je peux voir dans le regard de Max à quel point il veux rire. Je grimace à son attention, moi au moins on me le fait.

— Bah apéro, non ? Ça fait longtemps ! Et on peut grignoter quelques petits trucs, comme ça on mange seulement la quiche pour le dîner !
— Moi je suis pour !

Rigole Luke, qui a enfin repris sa place auprès de Max.

— Ok ! Je prépare ça !

Je vais dans la cuisine pour préparer quelques petits trucs à grignoter et c’est plus fort que lui, Max vient m’aider à tout apporter. Il porte les bières. Moi je prends un truc sans alcool.

— Voilà !

Je dis avant de m’installer contre Edouard et l’attraper par la taille pour le serrer fort.

— Alors, c’était bien ta réunion ? Personne n’a fait couler ton entreprise pendant que t’étais pas là ?

— Merci mon cœur.

Je l'embrasse quand elle revient s'assoir dans mes bras. Je remercie Max aussi au passage, pour la bière.

— Personne ne l'a faite couler, non !

Je rigole, un peu jaune. C'est peut-être moi qui vais la faire couler.

— Moi par contre, je leur ai annoncé que je cherchais un directeur pour prendre ma place et qu'ils avaient une semaine pour faire leurs preuves. Ils sont tous devenus hystériques. C'est à qui va le plus me sucer les couilles depuis !

— Un nouveau directeur ? Genre ton travail ?

J’écarquille les yeux.

— Attends, Eddie... ? Comment ça tu cherches quelqu’un d’autre ?

Max lui demande. Lui, il est tout de suite plus sérieux.

— Tu délègues ou tu quittes l’entreprise ?

— Un cran juste en dessous de mon travail ! Pour l'instant je délègue, en attendant de voir ce que ça donne. Et si ça se passe bien, on avisera.

Je souris à Max, qui semble bien plus choqué que Romie de la nouvelle.

— Je vais bosser exclusivement de la maison, sauf une fois la semaine pour aller au brief et voir où ils en sont.

Et je serre fort Romie dans mes bras, parce qu'en plus de la rendre heureuse, je sens vraiment que je prends la bonne décision.

— Ah ok. Télétravail, quoi. J’ai flippé, Eddie. Tu peux pas quitter cette entreprise. Même si t’y fous plus rien. Le salaire assuré est.. bien.

Moi j’y comprends rien, ce que je retiens c’est qu’il sera à la maison. C’est tout ce qui compte.

— Tant que t’es content, moi ça me va, mon chéri.

— J'ai des actions partout et cette boîte est presque à moi grâce à elles, alors même en quittant ce poste je crois que le salaire serait assuré.

Je lance un clin d'œil à Max.

— Mais j'ai bossé dur malgré tout ce que je peux dire, et je ne veux pas que tout ce que j'ai accompli parte en fumée parce que les gens ne sont pas capable de suivre la voix.

Je souris, content que lui aussi me soutienne à sa façon. Romie, c'était gagné d'avance.

— Merci mon cœur, j'espère que tu me soutiendras aussi quand je devrais bosser d'ici. Et que tu te moqueras pas !

— Bah pourquoi je me moquerais ??

Je demande en fronçant les sourcils.

— Parce que je serai là à côté de toi, à bosser. Et que s'il te prends de te déshabiller à ce moment là, je suis pas sûr que je puisses bosser longtemps !
— Bouche tes oreilles Chéri.

Rigole Luke en posant ses mains sur les oreilles de Max. Je ne sais pas si je dois couiner du surnom qu'il lui donne, ou du fait qu'il l'ai déjà si bien cerné.

— Promis, je serai sage, mon amour.

Je réponds très sérieusement alors que Max rigole avant d’embrasser Luke.

— Vous êtes trop adorable. Genre... c’est fou. Ça va vite mais ça semble naturel. J’trouve ça trop cool. Ça va votre vie ? La vie ici ? À deux ? Vous vous entendez bien sexuellement parlant ?
— Romie...
— Ah... ça se demande pas ?

J'eclate de rire comme c'est pas permis, alors que Max rougit en se cachant a moitié dans le cou de Luke.

— Ça se demande pas forcément, non. Et surtout pas à Max ! Y'a un des jumeaux qui a un peu de pudeur !

Luke rigole à son tour, tout en serrant Max contre lui. Elle a raison, ils sont vraiment mignons.

— Mais si vraiment ça t'inquiète Romie, on s'entends plutôt bien là dessus aussi. Merci de demander !

— Ah ouais. Désolé Max. Mais c’est cool, tu vois. C’est hyper important. Enfin je trouve.

Je dis dans un sourire.

— Je vais mettre la quiche au four. Vous mangez là aussi ?
— Hm... en fait, on comptait aller un peu chez Luke parce qu’il travaille demain et...

Max regarde Edouard pour savoir si ça irait. Parce que j’ai pleuré cette nuit et que tout le monde a eu peur.

— J’aimerais bien voir son chez lui, un peu.

Je souris tendrement à mon frère. Maintenant qu'il a trouvé quelqu'un, il doit apprendre à vivre pour lui, et pour eux. Luke à l'air d'être quelqu'un de bien, alors qu'il ne le laisse pas filer pour nous.

— Qu'est-ce que vous faites encore là alors ? Il est 18h passé ! Tu vis bien à Londres, non ?
— Ouais.
— C'est pas la porte a côté non plus, alors filez ! On peut se débrouiller tous les deux entre mari et femme. Promis.

Et à travers cette promesse, je dis énormément de choses à Max. A la fois que je peux m'en sortir, et qu'il doit vivre son amour à lui.

Je me blottis contre Edouard et j’embrasse son cou. Il réalise pas à quel point ça me touche qu’il n’ait pas peur de rester seul avec moi. C’est mon mari et j’en suis fière. Et je me sens soutenue.

— On prend l’apéro et on y va. Y a pas le feu au lac.

Je murmure à Romie que je l'aime, alors que ça m'electrise une fois de plus.

— Ah ! Ça pour se défoncer, y'a toujours du monde hein !

Je rigole en buvant une grande gorgée.

— Blague à part, vous comptez faire comment pour vous voir régulièrement malgré vos boulots respectifs et la distance entre Londres et ici ?
— Pour le moment on se débrouille, et je suppose qu'on fera ça aussi longtemps que possible. Ça m'arrive de partir en déplacement parfois, alors ça nous forcera à nous habituer à ne pas être tout le temps ensemble je suppose.

Moi, ce que je suppose, c'est que ce sera dur pour mon frère de ne pas l'avoir avec lui en permanence.

Max regarde Luke avec tellement d’admiration que je sais que ça veut dire qu’il est déjà amoureux.

— Bah faut vivre ensemble, j’vous signale que ça résout pas mal de complications. Au cas où vous y avez pas pensé.

Ma femme, c'est la meilleure. Toujours là pour mettre les pieds dans le plat, ou pour faire surgir des conversations qu'on ne souhaite pas forcément.

— Je vis seul depuis tellement d'années que ça fait assez peur, figures toi.

Luke à presque toujours le sourire, je m'en rends compte maintenant. Il est exactement ce qu'il faut à Max.

— Mais crois pas que je n'y ai pas déjà pensé.

Il termine en embrassant Max avec tellement de tendresse que j'ai envie de les voir se marier demain.

— Peur de quoi ?

Je demande en fronçant les sourcils.

— Plus on vit tôt avec quelqu’un, plus on sait si ça peut fonctionner. Moi je venais toujours là. J’avais pas envie de quitter Edouard alors pourquoi j’allais me forcer à rentrer chez moi ?

— Vous etiez dans la même ville ! Moi j'habite et bosse à Londres, Max habite et travaille plus ou moins ici. Qui bouge ? Qui bouge pas ? On fait comme les enfants de divorcé et on fait une semaine sur deux ?

J'avais pas pensé à ça de cette façon. Et ça semble tout de suite cohérent. Et quelque part, je trouve ça beau, parce que ça veux dire qu'il y a déjà pensé, pour de vrai. Peut-être même qu'ils en ont déjà parlé tous les deux ?!

— Déjà si tu ne fuis pas en voyant mon appartement, ce sera un bon point !

Il sourit à Max.

— Y a pas de risque. Puis moi.. je travaille à la maison et je me déplace sur mes chantiers alors... ça me gêne pas de bouger un peu.

La timidité de Max est trop touchante et c’est encore plus dingue qu’il sous-entende qu’il veut bien quitter cet endroit. Pour moi, c’est Luke qui aurait dû se déplacer.

— Je crois que je préférais qu’on en parle entre nous avant.
— Pardon, oui. C’est juste que vous avez l’air hyper en phase. Je suis contente pour vous.

J’embrasse Edouard du bout des lèvres avant de me lever.

— Je vais mettre la quiche au four !