I Need To Move On — Austin & Gabriel

Je tourne ma tête vers lui.

— Vraiment ?.. Enfin ouais, ouais. On peut.

— Sauf si ça te mets mal à l'aise.

Je dis tout de suite.

— Moi ? Non. Ça me gêne pas du tout.

Je dis en riant. Même si je réalise que je parlais pas trop avec lui à ce sujet. En fait, j'en parlais pas avec grand monde, les gens s'imaginaient un peu ce qu'ils voulaient.

— Hm, ok...

Je vais essayer de ne pas rougir.

— Comment ça se passe quand tu couches ? Avec un gars, je veux dire.

On a jamais parlé de tout ça, de nos vies sexuelles, j'ai toujours estimé que c'était privé. Je ne lui ai jamais posé de questions et moi je ne lui ai jamais parlé de ce qu'il se passait entre Jenny et moi.

— Comment ça, comment ça se passe ? De manière technique, tu veux dire ?

Je demande avec un petit sourire.

- Oui... tu sais, qui fait quoi ? Qu'est ce que tu aimes ?

Quand il me dit qu'il veut juste faire l'amour avec moi, il n'imagine pas à quel point il me rassure.

— Merci de ta patience.

Je dis en embrassant son cou, parce que j'ai conscient que même si ça fait moins d'une semaine qu'il est de retour, ça ne doit pas être facile pour lui.

— C'est normal, je suppose.

Même si c'est bizarre pour moi d'attendre comme ça, je crois que c'est important pour nous que ça se passe bien et quand il est prêt. Je ne sais même pas s'il est véritablement attiré par moi physiquement.

Ma voiture fait un bruit bizarre. Je relève la tête.

- Elle refroidit.

C'est une épave même si je ne veux pas l'admettre.

Je pouffe de rire.

— Non mais parce que tu penses vraiment qu'elle va redémarrer ? J'crois que tu vas devoir appeler un dépanneur qui va t'annoncer une mauvaise nouvelle.

— Elle va redémarrer, c'est pas la première fois qu'elle me fait le coup.

Il faut qu'elle redémarre car je ne sais pas si j'aurais deux fois le courage d'aller voir ma mère.

— Je ne l'ai pas revu depuis ce soir-là, je voulais pas.

Au début, je comprends pas, puis je réalise qu'il parle de sa mère.

— Ok. Peut-être que c'est le liquide de refroidissement. Il suffit de mettre un peu d'eau et ça devrait aller. Adam a déjà fait ça dans sa voiture. On va y aller, tu vas lui dire ce que tu as envie de lui dire et on va rentrer, ok ?

J'embrasse tendrement ses lèvres avant de me lever.

— Allez, prions pour qu'elle démarre.

Je commençais à douter, mais il me reboost, je me lève aussi, on met de l'eau dans le liquide de refroidissement avant de remonter en voiture. Je l'attache avant de fermer sa portière et je rejoins ma place derrière le volant.

— Verdict....

Je tourne la clef et elle démarre. Je souris.

— Judith est fidèle, je peux toujours compter sur elle.

— Judith ? Attends mais t'as donné un nom à ta voiture et tu me parles de cliché de fantasme ?

J'éclate de rire.

— Allez, roule. Judith. Mais c'est quoi ce prénom.

J'ajoute en riant toujours.

Il se met à rire et ça me fait rire aussi.

— C'est ma première voiture, j'y tiens.

Je dis pour ma défense.

— Je ne sais pas, c'est le premier prénom qui m'est venu, j'aime bien.

— Bah j'te laisserai pas choisir le prénom de nos enfants.

Je dis dans un éclat de rire.

- Nos ? Tu en veux combien ?

— Hm... aucun. J'disais ça comme ça, pour rire. J'veux pas d'enfant. Pourquoi, t'en veux ?

Je réalise que oui, c'est certainement le cas. Qu'ils avaient même déjà dû en parler avec Jenny.

Je pense à mon père.

— Non.

J'ai trop peur de finir comme lui un jour et je refuse de faire subir ça à un enfant comme moi je l'ai subit.

Cette phrase de n'importe qui d'autre m'aurait fait flipper, mais pas de lui. Je crois que c'est ce qu'on avait prévu depuis tout petit de toute façon.

— Tu me l'as promis.

Je lui rappelle. On avait 8ans à l'époque, enfin moi j'en avais 8 et lui 9. Mon père avait été tellement violent ce jour là que ma mère avait eu la lucidité d'appeler Paul qui était venu nous chercher Darcy et moi. J'avais eu un coquard à l'oeil pendant plus d'un mois. Gabriel m'avait promis qu'on serait toujours ensemble. Et quand il serait plus grand il deviendrait fort pour frapper mon père, comme un super héros.

— Ouais, j'l'ai promis. Et c'est ce qu'on va faire.

On n'a besoin de personne d'autre, de toute façon.

— J't'ai promis autre chose ce jour-là. J'te jure qu'un jour j'le trouverai et que je lui éclaterai la gueule. J'suis assez grand maintenant. Et j'vais le démolir.

On reprend la route. Je secoue la tête en prenant sa main pour la poser sur ma cuisse.

— J'ai compris avec le temps qu'il n'en valait pas la peine, le frapper ne servirait à rien. Je veux juste qu'il reste loin de nous, de Darcy, qu'il ne revienne jamais.

— Bah moi ça me servirait, j'crois. J'le déteste.

Je caresse machinalement sa cuisse.

— Il restera loin de vous, de toute façon. Personne ne le laissera plus approcher.