Will you stick with me through whatever? — Alessandro & Luca

— Jamais, jamais ?

Je demande sans aucune once de moquerie, simplement surpris. Je ne pensais pas que c'était à ce point, quand il m'en avait parlé, et ça continue de me surprendre parce qu'il est loin de passer inaperçu. Il rayonne et rien que ça, ça attire forcément les regards.

— On se guidera mutuellement, tu verras. Parce qu'il y a forcément des choses qui seront aussi nouvelles pour moi. On va avancer ensemble, créer quelque chose d'unique et on aura chacun à apprendre de l'autre. Je t'assure.

Certes j'ai plus d'expérience que lui, alors ce sera plus simple sur certains points, mais chaque histoire est différente et il va forcément m'apporter des choses dont je n'avais peut-être même pas idée de l'existence.

— Jamais. J’ai déjà fait des trucs avec une fille mais c’était pas vraiment être en couple. C’était différent.

Il a une maniere rassurante d’amener les choses et cette bienveillance me donne envie d’avancer encore. Parce qu’il ne se démonte pas et qu’il me laisse être son égal malgré tout.

— Avec toi, j’ai peur de rien.

Bien sûr, c’est à ce moment-là que je butte sur le trottoir et que je manque de peu de me retrouver à quatre pattes par terre.

— Roh.

Je suis obligé de m’arrêter parce que mon lacet s’est défait.

— C’est pas beaucoup éclairé par ici.

Je dis, comme si ça pouvait expliquer ma maladresse.

Je rigole de bon cœur et sa justification ne fait qu'emplifier les choses.

— J'adore ça. Je sais pas, c'est peut-être bizarre, mais ta maladresse fait parti de toi et de ton charme. C'est une des premières choses que j'ai remarqué et qui m'a plu chez toi.

J'avoue en fouillant dans mes poches à la recherche d'une lumière ''qui pourrait l'aider'' à refaire son lacet. C'est la que je tombe sur son téléphone.

— On n'a même pas fait de photos ! Espèce de débile que je suis.

Je grogne en pointant le flash vers sa chaussure.

— Heureusement que ça te plaît alors parce que sinon t’en aurais vite eu marre.

Quand j’ai le flash, j’arrive à raidement faire mon lacet.

— Merci.

Je reprends ma place dans ses bras.

— C’est parce que c’était un instant à vivre et pas à immortaliser. C’est comme ça.

Il est gravé dans ma mémoire, dans mon adn même. Quand on voit enfin la maison, je suis soulagé parce que je commençais à fatiguer.

Ça aussi, j'adore. Cette façon qu'il a de toujours voir le positif partout. Je me considère pas comme quelqu'un de forcément pessimiste, mais Luca surpasse tout ce que j'ai pu voir jusqu'ici.

— Ça fait du bien d'être à la maison.

Je soupire malgré tout de soulagement quand on rentre. Je me débarrasse vite de ma veste et je ferme la porte et les volets derrière nous.

— Tu prends une douche ou on passe directement à l'étape glandouille devant un film ?

Je demande en venant entourer sa taille de mes bras. Ici on va pouvoir agir encore autrement et c'est d'autant plus plaisant.

Quand il me parle de la douche, je lui en veux un peu car j’aurais préféré ne pas m’en souvenir. Mais je ne râle pas : je passe mes bras autour de sa nuque pour lui donner un baiser bien plus passionné que tous les autres.

— Je vais vite prendre une douche. Je te laisse choisie le film comme ça. C’est bon pour toi ?

— Et je suis censé réussir à te laisser partir loin de moi après un tel baiser ?

Je souris en prolongeant notre étreinte.

— T'as trois minutes, pas plus. Sinon je rentre dans la salle de bain et je te ramène dans la chambre même si t'as encore du shampoing plein les cheveux !

Je rigole en l'embrassant encore, et encore. Ça, par exemple, c'est assez nouveau pour moi. De ne pas réussir à quitter quelqu'un à ce point. Et on n'en est qu'au début, qu'à une relation réelle d'une heure, à peine. Qu'est-ce que ce sera, d'ici peu.

Moi aussi, je n’ai pas envie de le quitter. C’est bizarre. Puis je n’ai pas envie d’aller contre cette sensation. Mes bras sont toujours autour de son cou et mon cœur tambourine dans ma poitrine au moment où les mots passent mes lèvres :

— Tu peux venir avec moi, sinon ?

Si j'avais eu un truc dans la bouche, je me serai certainement étouffé avec. Je m'attendais pas à ça et en même temps, je me dis que s'il le propose c'est qu'il se sent prêt. J'aime cette chose entre nous, et je sais qu'elle existerait aussi si Luca avait 50 ans. J'ai pas envie d'agir avec lui comme si c'était un gosse, parce que c'est pas ce qu'il est à mes yeux. Il est juste Luca.

— Je peux venir avec toi.

Je lui réponds sans hésiter en me reappropriant ses lèvres.

— On n'a même pas à se séparer comme ça.

C’est un oui. Je réponds à son baiser et on file dans la salle de bain. En moins d’une seconde, on se retrouve nu, toujours incapable de se séparer et si c’est à ça que ressemble le désir, c’est extrêmement agréable. Mon cœur tambourine et sentir ses mains sur moi me donne l’impression d’être important.

J’allume l’eau et bien sûr, le froid. En une seconde on se retrouve collé à la paroi, aussi loin que possible de l’eau.

— Oups.

Je dis avant d’éclater de rire.

— T'es pas croyable !

J'explose de rire à sa suite, avant d'aller braver l'eau froide. C'est revigorant, au moins.

— Je me croirais revenu à l'armée, avec des douches glacées pour nous réveiller !

Je continue de rire, alors que j'arrive enfin à ce que l'eau chaude revienne. Aussitôt, j'attrape Luca pour le blottir contre moi et je nous entraîne directement sous le jet.

— C'est beaucoup mieux comme ça. La prochaine fois, je m'occupe de l'eau !

Je le taquine en embrassant sa tempe. Je me sens bien, et surtout vivant, ça ne m'était pas arrivé depuis très longtemps.

Après ce fou rire, la tendresse revient et c’est bon d’être blotti contre lui, je sens sa peau et ses irrégularités contre moi. Entre nous, je glisse mes mains sur son ventre.

— C’est quoi ?

Je demande en sentant une grosse cicatrice. Pour autant je lève les yeux vers lui et je cherche son regard, alors que mes mains retrouvent le bas de son dos.

— La raison principale de notre rencontre.

Je rigole, avant de remarquer que c'est pas drôle. Et qu'il attends une véritable réponse. J'aime la décence qu'il a de me regarder dans les yeux et de ne pas poser ses yeux dessus automatiquement, comme pour voir l'étendu des dégâts.

— Si elle n'était pas là, je crois que je serais quelque part sur une zone de guerre à l'heure actuelle. Et vraiment, jamais on ne se serait rencontré si c'était le cas. Je voulais pas de ce métier, à la base, mais suite à ça on m'a pas laissé le choix.

Je n'en ai jamais parlé avec quelqu'un d'extérieur à l'armée. Mes parents, c'est par eux qu'ils ont été informés, pas par moi.

— J'ai sauté à plat ventre sur une grenade degoupillée. Tout le monde a trouvé que c'était un acte héroïque, moi je le vois pas comme ça. C'était soit ça, soit tout le monde autour de nous y passait.

Je l’écoute avec attention, caressant son visage. Il ne réalise pas à quel point c’est un acte de bravoure exceptionnel.

— Sauver des gens au péril de sa vie, c’est un acte d’altruisme hors du commun. C’est ça qui est perçu comme héroïque.

J’embrasse ses lèvres.

— Tu as souffert ?

Si ça devait arriver demain, je recommencerais. J'ai l'impression que c'est normal de sauver les gens, peu importe les circonstances. Je ne relève pas, je me contente de répondre à son baiser.

— Assez. J'ai perdu énormément de sang, j'ai du être transfusé. J'ai été opéré en trois fois, pour combler les différents dégâts. J'ai passé presque six mois alité. C'était... Compliqué.

— Et aujourd’hui ? Tu as encore des douleurs ?

Je crois que ça m’intéresse non pas parce que je suis curieux mais parce que j’aimerais qu’il sache que je peux l’écouter et prendre soin de lui, s’il le faut. À mon niveau, c’est évident, mais je peux le faire. Il est resté allité durant des mois et aujourd’hui, il est enfermé ici par ma faute. Je veux lui montrer qu’il est entendu et qu’on sortira plus maintenant. Ça compte. Lui aussi, il mérite d’être choyé. C’est important, je trouve.

À aucun moment, je ne baisse les yeux parce que ce qui lui est arrivé m’intéresse vraiment. Avant, je n’osais pas poser de questions. Aujourd’hui, j’en ai des milliers.

— Pas vraiment. C'est psychologique quand j'ai mal. Un peu comme les douleurs fantômes pour les amputés.

Je hausse les épaules en enfouissant ma tête dans son cou.

— C'est pas hyper joyeux, désolé.

Je rigole jaune en embrassant sa peau.

— J’ai pas été hyper joyeux depuis que tu me connais, tu sais. C’est important de partager ça aussi.

Je le serre contre moi. J’aime le voir comme ça. Vulnérable, humain. Pas parce que je veux qu’il soir vulnérable, mais parce que c’est bon d’embrasser ses faiblesses pour apprendre à lâcher prise. Il doit toujours être fort dans son travail. Je le vois, au moindre mouvement ou bruit dans la nuit, il se réveille. Il fait toujours attention aux autres alors j’espère que ça va lui faire du bien que je fasse attention à lui. Je sais que je vais adorer ça. J’aime déjà l’avoir contre moi, j’aime ses baisers.

— Tu me le diras si t’as mal ? Est-ce que tu dois faire quelque chose en particulier ?

Mes mains remontent le long de son dos pour caresser sa nuque.

Je réponds à son étreinte, parsemant son cou de plein de petits baisers. J'ai cette sensation d'avoir trouvé une place forte auprès de Luca, d'avoir rencontré quelqu'un qui sait à la fois m'écouter et m'epauler, mais sans avoir pitié de moi. Ca fait du bien.

— Penser à autre chose. Souvent ça commence par me gratter, pour un truc tout con. Et c'est parce que je finis par ne penser qu'à ça que je ressens la douleur. Mais je te le dirais si ça arrive de nouveau !

Je souris quand il vient caresser ma nuque. Moi, j'attrape le shampoing à côté de nous.

— Allez on s'active, o' va finir par attraper la creve sous cette flotte. C'est pas malades qu'on ira à la mer !!!

J’avais d’autres question comme : est-ce que tu fais des cauchemars ? Est-ce que tu as d’autres blessures ? Est-ce que tu voudrais y retourner ? Mais c’est peut-être trop d’un coup alors je le laisse reprendre le dessus.

— On se lave.

En cinq minutes, on est dehors et on va se changer pour pouvoir regagner sa chambre. Whoa. Elle est grande ! Je regarde partout, c’est fou ! Il a tout bien rangé lui, c’est au carré.

— J’aurais pas imaginé qu’il y avait toute cette place ici !

— Ramène des trucs à toi si tu veux ! Je suppose qu'on va souvent être dans la même chambre maintenant, autant que ce soit celle avec plein de places !

Il peut toujours garder l'autre chambre pour quand il veux se reposer en journée, mais j'espère qu'il comptait passer ses nuits auprès de moi maintenant. J'aurais du mal à m'endormir en le sachant dans la pièce à côté.

— Ça devait être une suite parentale avant je suppose, vu la taille !

— Tous les soirs.

Je dis, histoire d’être sûr. Parce que souvent, je trouve que c’est pas assez.

— Je vais chercher mes affaires, j’arrive.

J’en ai pour deux minutes ; je traine une de mes valises où j’ai encore mes vêtements ps sortis et où j’y ai mis toutes mes affaires de table de chevet. Je trébuche deux fois en me cognant les pieds dans ma valise mais j’arrive à bon port sans tomber. Alessandro prend tout de suite le relais quand il me voit arriver.

— Voilà. Je rangerai mes affaires demain.

Je mets quand même la photo de mes parents sur la table de chevet et toutes mes petites affaires.

— Voilà.

Je saute sur le lit pour m’y coucher et comme un con je rebondis et tombe directement par terre.

— Ouch. Ça va. Je vais bien.

Je me relève tout de suite pour ne pas l’inquiéter.

J'ai a peine dit ça qu'il revient dans la chambre avec sa valise pleine et j'aime ça encore plus que la bouffe. C'est pas peu dire. C'est en train de devenir notre chambre, à cet instant précis et je risque de m'en souvenir jusqu'à ce qu'on nous vire de cette maison.

— Fais attention !

Je rigole en attrapant sa valise pour la caser dans un coin de la pièce. C'est déjà le bordel avec ce qu'il a ramené, alors que je suis hyper carré. Ça va detonner entre nous, je le sens. Je le regarde déposer la photo de ses parents et sa ressemblance avec sa mère me frappe une fois encore. Elle avait la même douceur que lui sur son visage. Je lui souris quand il se retourne, avant de le voir voler dans les airs et de tout lâcher pour venir l'aider. Il se relève alors que j'arrive à peine et sa justification me fait mourir de rire.

— T'illumines mes journées et tu continues jusqu'au bout. Je risque pas de m'ennuyer avec toi !

Je le pousse sur le lit et je viens me mettre au dessus de lui pour être sûr que monsieur ne tombe pas.

— Ça va quand même ?

Je pouffe de rire et j’enroule mes jambes autour de sa taille mais il ne s’écrase pas contre moi alors je me retrouve suspendu comme un koala et ça me fait éclater de rire.

— Ça va. C’est rien. Je tombe tout le temps.

Finalement, je me lache et quand il s’allonge, je vais directement me blottir contre lui.

— C'est pas une raison. J'ai envie de te garder longtemps moi !

Je rigole alors qu'on s'installe. Je remonte la couette sur nous et des qu'on est correctement installé, mon bras passe autour de sa taille pour le rapprocher encore plus de moi. J'adore sentir sa peau contre la mienne et laisser mes doigts glisser le long de son aîne.

— T' as une idée du film que tu veux voir ? On peut attaquer une série même si tu veux !