Verona - Luca & Alessandro

— Tu sais bien que si tu me dis ça, c'est la porte ouverte pour que je te fasse chier toute la soirée pour en avoir un ?

Je rigole en me couchant presque entièrement sur lui.

— J'espère bien surtout les miens ! Ceux de qui d'autres ?

Je grogne en embrassant ses lèvres et en déposant plein de bisous sur sa peau.

— Et ca alors ? Juste les miens ou ceux des autres aussi ?

— J’espère bien avoir l’honneur de te masser alors !

Je dis alors qu’il bascule au-dessus de moi. J’enroule tout de suite mes jambes autour de sa taille et je ris sous ses baisers.

— Bof, t’es en compétition avec Romeo, je pense !

— Ah ouais ?

Je laisse entendre sur un ton interrogatif.

— T'es sûr de toi ?

Je demande en laissant mes lèvres épouser sa peau avec beaucoup plus de sérieux et de tendresse. Je sais exactement où et comment le faire frissonner sous mes baisers et je ne m'en prive pas le moins du monde.

En une seconde, je sais qu’on ne rigole plus et mon cœur s’emballe, mes jambes se resserrent autour de sa taille et je frissonne à chacun de ses baisers.

— Tu triches...

— Jamais j'oserais.

Je murmure en continuant mes baisers, ma main allant caresser sa peau sous son t-shirt.

— Je veux juste m'assurer d'être le premier, dans ton cœur et ailleurs.

Quand ça devient un jeu, j’oublie presque qu’on est à Vérone et qu’on a autre chose à faire. Je réponds à ses baisers, à ses caresses. Je bascule au-dessus de lui. Je sens son cœur battre plus vite. Je sens que ses gestes ont une véritable signification maintenant et alors qu’il tente de retirer mon t-shirt, je me redresse avec un sourire malicieux : j’ai presque oublié qu’on devait visiter Vérone, presque.

— On y va ?

Il m’a fait l’amour de bien des manières, mais jamais après une frustration. Jamais après que j’ai dit non parce que... j’ai jamais dit non. C’est aussi étrange qu’excitant parce que j’en ai envie moi aussi. Mais je veux quand même savoir ce que ça fait.

Je quitte le lit pour aller changer de chaussures et mettre mes baskets.

— On laisse Romeo ici ? Ça lui fera du bien d’être au frais et de se reposer.

— C'est sérieux là ?

Je demande le souffle court, en le regardant se lever pour mettre des chaussures. J'hallucine. J'ai envie d'arracher ses vêtements et lui, il se lève pour aller enfiler ses pompes.

— Tu vas pas regretter de me laisser dans un tel état ? Vraiment ?

Je demande en me relevant sur mes coudes, un air sûrement partagé entre l'effronterie et le désir ardent.

— Oh non, j’vais pas regretter.

Je réponds avec un petit sourire. Je sais qu’il ne va penser qu’à ça toute la journée et je sais que ça aura des conséquences sur sa manière de me faire l’amour plus tard.

— Alors ? Tu viens ?

Il a l'air tellement sur de lui que ça me coupe l'herbe sous le pied. Je suis en train de réaliser qu'il est vraiment décidé à sortir et que ca n'ira pas plus loin que les caresses qu'on vient d'échanger.

— Tu perds rien pour attendre.

Je souris exagérément en me laissant retomber sur le dos un instant.

— Tu permets au moins que je me calme ? C'est pas aussi rapide pour tout le monde.

Je grogne en continuant de le dévorer du coin de l'œil.

— Hm, hm.

Je dis en souriant. Comme je suis prêt, je vais chercher quelque chose à boire et, en effet, il n’y a pas d’alcool.

— Tu veux quelque chose de frais ?

Une bière ? Ca calmerait mes ardeurs, quelle bonne blague.

— Si y'a un coca je veux bien, je le boirais sur la route.

Je soupire en me relevant doucement du lit. On peut y aller directement, j'ai pas besoin de changer de chaussures moi.

— T'es vraiment très chiant.

Je laisse entendre avant d'embrasser sa joue en passant à côté de lui.

— Chiant...? Bah oui, dis donc, en effet, on en vit plein des premières fois !

Je dis en évitant son baiser. Je le regarde avec un sourire et j’attrape son menton pour le regarder droit dans les yeux.

— Je suis pas chiant, ok ? Jamais. Ne t’adresse pas à moi avec ce genre de mot, s’il te plaît.

J’embrasse ses lèvres avec tendresse et je lui adresse un sourire bienveillant.

— Je suis ton amour, ton trésor, ton cœur... j’aimerais bien que les mots qui sortent de ta bouche en direction de ma personne soit uniquement tendre, comme d’habitude. Sinon ma bouche à moi ne s’attardera pas sur ta peau ni maintenant, ni ce soir. Capisce ?

Après ce qu'il vient de me faire, il évite mon baiser et pendant un instant, je me demande s'il n'est pas clairement en train d'essayer de me faire péter un plomb. Mais quand il poursuit, je comprends où il veux en venir très vite et je souris à mon tour.

— Donc en fait, tu me fais du chantage pour être sur que je dise toujours que tu es ma perfection ? Que je te dise que t'es plus merveilleux que la vue ça ne te suffit plus ?

Je demande en répondant à son baiser. Je sais qu'il n'aime pas ce genre de mots, que ce n'est pas du tout dans son vocabulaire et que ca le froisse bien plus que n'importe quelle autre personne que je connais.

— C'est noté, je ne recommencerais pas. Mais sache juste qu'on n'a pas toujours ce qu'on veux dans la vie, Trésor; j'insiste sur son surnom. Sinon on ne serait pas là en train de discuter et tu n'aurais aucun vêtement sur toi.

Je caresse sa joue avec tendresse, avant de me decaller.

— On y va ? Tu semblais ne plus te contenir de vouloir visiter !

— À priori, j’me débrouille pas trop mal pour avoir ce que je veux.

Je dis avec un sourire. On dit au revoir à Romeo et on sort. Je reste près d’Alessandro sans pour autant le coller. J’ai pas oublié la manière dont je voulais qu’il me fasse l’amour ce soir - et il ne va pas l’oublier non plus.

— On commence par les arènes ?

— La j'ai quand même le droit de dire que t'es pas loin d'être insolent ?

Je rigole alors qu'on sort enfin de la chambre. Même les couloirs de l'hôtel semblent sorti d'un rêve, je suis vraiment content d'être ici.

— Comme tu veux, c'est toi le chef ici, c'est ta ville Trésor.

Alors on commence par ça. À cette période de l’année, il n’y a pas grand monde et c’est agréable parce qu’on ne fait pas beaucoup la queue. Je suis surexcité de revenir ici avec mon amoureux, de lui montrer ma ville. Je cours presque au centre de l'arène.

— T’as vu ça ? C’est tellement grandiose !

— C'est fascinant. D'imaginer des gens ici, autrement que pour visiter !

Notre pays regorge de lieux magiques, mais en découvrir un nouveau est chaque fois comme vivre un rêve éveillé.

— On peut monter jusqu'en haut, la vue doit être géniale. Tu viens ?!

Je ne lui laisse pas le choix, je lui tends la main. Les marches semblent abruptes, mais je suis là, j'ai toujours du sucre avec moi et il peut toujours finir sur mon dos au besoin.

— Je viens !

Je dis en lui passant devant avec un petit sourire, sans prendre sa main. Je monte les marches sans trop me presser et quand j’arrive en haut, Alessandro m’y attend déjà. Je suis essoufflé, mais ça va.

— C’est bien qu’on fasse du sport.

C’est la première fois que je remarque que c’est bénéfique pour mon cœur de l’entraîner régulièrement. Je regarde autour de moi avant de poser mes yeux sur Alessandro ; le voir émerveillé me gonfle le cœur de bonheur.

Ma main reste tendue pendant une seconde, alors que je me mords la lèvre pour rester stoïque. Je ne sais pas à quoi il joue, mais je ne suis pas sûr de vouloir savoir où est la ligne d'arrivée, de peur d'aller camper dessus tout de suite.

Bien entendu j'arrive en haut avant lui et j'admire le paysage, sans laisser mon regard quitter Luca plus de trois secondes. Je ne veux pas agir comme une nounou, qu'il se sente constamment surveillé et qu'il en ai marre, mais je fais attention à l'homme que j'aime et ça, je sais qu'il le comprends.

— Ca permets à ton cœur de s'y habituer et de se renforcer un peu malgré tout. Je suis sûr que y'a quelques temps, t'aurais jamais pu arriver en haut sans en être malade. Et regardes où tu en es.

Je souris, en posant mes yeux sur lui, tellement fier de son parcours et de la combativité qu'il y mets.

— Y'a une église ou une cathédrale emblématique ici ?

— Oh oui, y en a une. Pas très loin de la maison de Juliette, d’ailleurs.

Je dis dans un sourire entendu : évidemment qu’on va y aller.

— On va aller manger quelque chose avant ?

Il est midi passé, je sais que je ne vais pas tenir éternellement.

— Oh que oui ! Je meurs de faim ! On sort de là et on s'arrête quand on trouve quelque chose qui nous plaît ?

Luca acquiesce et après une dernière photo de mon amoureux, on redescends. C'est presque plus compliqué que la montée, alors je ne reste pas trop loin de lui et je suis content que ce soit terminé quand on arrive entier en bas tous les deux.

— On passe par la ? Y'aura forcément des restos, non ?

Je demande en voyant la rue commerçante devant nous, alors que je cherche sa main.

— Ça me va. On va passer devant mon ancien appartement, sans doute.

Je dis avec un sourire. J’ignore sa main même si c’est vraiment difficile parce que j’ai envie de le coller. Mais j’ai aussi envie de savoir combien de temps il va tenir.

Je sais à son sourire qu'il fait ca de manière délibérée et ça à le don de me tendre plus que je ne le devrais. C'est dur à la fois d'être rationnel et à la fois de n'avoir aucun contact avec lui. Ça fait une heure qu'il joue à ça et j'ai déjà cette sensation de manque.

— T'étais vraiment juste là ? Quand tu parlais du centre-ville, j'imaginais pas ça. C'est dingue !

L'argent ça fait tellement de choses, malgré tout ce qu'on peut en dire.

— Ca ravive des souvenirs quand même ?

Je hausse les épaules.

— Ça me ravive quelques sensations. Des souvenirs j’en ai mais... je ne sais pas si c’est ce que m’a raconté mon père ou si ce sont les miens.

On tourne dans une ruelle et je pointe du doigt une porte.

— Là ! C’était mon entrée !

A l'image des Leonelli. Beau et prestigieux, le tout dans une ville qui a déjà son lot de prestige.

— Ca devait être grandiose à l'intérieur. Et vous deviez avoir sacrément de la place !

Je m'approche de la boîte aux lettres, simplement par curiosité de savoir qui vit là à l'heure actuelle.

— Ca me fait bizarre de me dire que t'as vécu ici.

Je souris en voyant Luca perdu dans sa contemplation.