City of Angels - Tristan et Ania

— Qu’est-ce que tu veux dire par là ? Ils t’ont demandé de l’argent ?

C’est vrai qu’on discute et qu’on parle plus facilement avec mes parents que les siens. Quand j’étais enceinte de Tommy, Tristan vivait pour ainsi dire chez nous et tout se passait très bien. Mais l’entendre parler de ses parents comme ça, c’est quand même rare.

— Genre... Beaucoup ?

— Sur quelle base ? Si c’est par rapport à mon salaire, non. Pas beaucoup. Avant de partir j’ai donné 5000£ à mon père pour une nouvelle voiture.

Je dis avec un air agacé. Je crois que je prends conscience qu’ils ne sont pas justes avec moi et je n’ai plus tellement envie de me laisser faire.

Ça pourrait être un joli geste s’il l’avait fait pour leur faire un cadeau, mais l’amertume dans sa voix laisse entendre que ça va beaucoup plus loin qu’un simple cadeau.

— C’est pas toi qui a proposé hein ? Il t’as demandé toute cette thune comme si c’était normal de leur donner ?

C’est assez choquant en fait.

— Par rapport à un salaire normal, ça devient vraiment beaucoup. Y’a des voitures à 1000 balles si on veux, même moins si on cherche bien !

— Je sais... Luke s’est vraiment énervé parce qu’ils ont été méchants. Mais c’est pas grave, c’est rien. Te stresse pas avec ça.

Je dis tout de suite.

— Ils m’ont reproché d’avoir un peu gâché une partie de leur vie parce que j’étais pas prévu. Ni budget, ni rien. Donc je peux au moins leur donner un peu d’argent. Enfin, tu vois ? Donc je me suis senti coupable, encore. Et j’ai craqué mais Luke m’a dit que c’était eux qui agissait mal.

— Pardon ? Mais je rêve là ! Bien sûr qu’ils ont été méchants !

Je comprends que Luke se soit énervé. Titoune c’est bien plus que son frère, il l’a pour ainsi dire élevé alors je vois pas bien en quoi il a pu gâcher la vie de ses parents.

— T’as pas à te sentir coupable mon coeur. Tommy non plus il était pas prévu ! Et en plus on était encore au lycée ! Est-ce que pour autant tu te vois lui dire un jour qu’il a gâché nos vies ? Non ! Parce que t’es un papa génial !

Je serré sa main avec force, je refuse que ce soit lui qui se sente coupable. C’est à eux de l’être.

— Tu leur as donné cette fois, c’est comme ça et c’est pas grave. Mais la prochaine ils iront voir ailleurs. T’as rien à leur devoir. C’est Luke qui mériterait toutes les voitures du monde, pas eux. C’est lui ton papa, pas ton père.

— Je sais, je sais. Mais c’est comme ça. Je me sens coupable d’exister. J’ai pas envie de déranger. Je dis rien même si ça me gêne ou que ça me blesse et je m’en fiche si personne s’intéresse à moi parce que je trouve ça normal. Je sais. Luke m’a déjà dit qu’il faut que j’arrête mais je suis comme ça alors je fais des efforts mais bon...

Je lui souris sincèrement.

— Mais c’est vrai, c’est lui mon papa.

— Je suis désolée d’avoir fait partie des gens qui t’ont laissé croire ça à un moment de notre vie. T’es quelqu’un de formidable Tristan. Tu fais toujours tout pour que tout le monde soit satisfait, tu rayonnes, t’es engagé et audacieux, t’aides même les gens qui ne t’aident pas ou plus.

Il ne se rends pas compte à quel point il est essentiel dans la vie de beaucoup de gens.

— Moi je suis vraiment contente que t’existes. Tommy sans toi il serait perdu. Ton frère j’en parle même pas. Nos amis t’adore. Et puis, t’as quelques millions de personnes qui te suivent. Y’a des connards dans le lot, mais y’a tout ceux pour qui tu es essentiel. Ceux que tu fais rire, ceux qui s’identifie à toi, ceux à qui tu as permis de croire en leurs rêves. La vie serait pas pareille si t’étais pas là.

— C’est gentil, mon cœur. Merci.

Je dis avec un sourire. Je crois pas tellement à tout ça, peut-être parce que je m’en rends pas compte mais... c’est agréable à entendre.

— Tiens, c’est juste là ! Où y a la queue ! Mais nous on va pas passer par là, viens.

J’attrape sa main et on contourne la queue pour aller à une autre porte où on est rapidement accueilli. On a une table un peu en retrait, on va être très bien tous les deux.

— Attends on vient de passer devant tout le monde !

Il y à plein de choses que je ne réalise pas toujours. Et puis à White Falls on est relativement au calme, mais aux US tout est décuplé.

— T’es déjà venu ici ? Où il a suffit que tu réserves à ton nom ?

— Ces gens n’ont pas réservé, je pense. Et puis... je suis moi alors j’ai le droit à un petit plus.

Je dis avec un sourire.

— Pour une fois qu’on peut en profiter !

— Je vais épouser une vraie star !

Je souris avec tendresse.

— Me snobe pas quand tu seras au sommet s’il te plaît ! J’ai la bague de ta grand-mère, je te pourchasserais toute ma vie s’il le faut !

Je lui envoie un baiser.

— Puis bon, je me suis déjà ridiculisé en croyant que t’allais te faire une meuf, je serais prête à recommencer !

— Arrête, rigole pas avec ça. Tu sais très bien que je vais pas changer parce que je vous ai vous.

J’aime pas parler de la perdre, même pas en blague, même pas si c’est moi qui part. Ça m’angoisse beaucoup.

— Pardon.

Je réponds en venant attraper sa main.

— Personne va quitter personne. Ni moi, ni toi. On s’est retrouvés et c’est pour toujours, pas vrai ?

— Oui.

Je caresse doucement ses doigts avant que la serveuse nous interrompe avec une bouteille d’eau et des cocktails - sans alcool - offert par la maison. Eh bah !

— Bon... qu’est-ce qui te tente ?

— Une viande grillée au possible ?

Il sait à quel point j’aime la viande crue, ou très peu cuite. Être enceinte c’est un calvaire pour trop de choses.

— Non je vais prendre ce burger là ! Celui avec la galette ! J’ai jamais mangé de tofu, c’est peut-être bon ! Ça me tente bien.

J’apprends à manger autrement, comme il y a quelques années. Mais au moins ça me fait découvrir de nouvelles choses.

— Et toi ?

— Je vais prendre le burger poulet pané bacon ! Il a l’air bon. Et les frites de patate douce ! Ça change.

Le poulet, elle a le droit alors ça va. Mais le tofu, c’est dégueu.

— Je suis pas sûr que t’aimes le tofu... te connaissant.

— J’avoue on n’en mange jamais ! Je pourrais t’en piquer un peu ?

Parce que dans le doutes, je prends des frites normales moi.

— Ah ouais tu crois ? Ça a quel goût ?

Je demande en grimaçant. J’ai confiance en lui, il me connaît mieux que moi même.

— Ok, bah poulet et oignons frits, je reste classique !

— Le goût de rien...

Je dis en riant. Je hèle la serveuse pour commander et je lève mon verre pour trinquer.

— Je t’aime.

— J’ai l’habitude. Tu crois que je mangeais quoi dans ma hutte au milieu de nulle part ?

Je rigole en suivant son geste.

— A nous.

Et à toutes les années de bonheur qu’on a devant nous.

— Bah justement ! Maintenant que t’y es plus tu vas pas manger des trucs que t’aimes pas. Oh c’est pas un calvaire quand même !

Je dis en riant. On trinque et je bois une grande gorgée avant de reposer mon verre.

— Au fait, ça va Luca ? Ça passe tellement vite je crois que ça fait presque une semaine que j’ai pas envoyé de message.

— Ça à l’air d’aller oui ! Apparemment la kiné ça l’épuise alors il continue de dormir énormément, mais il se sent quand même mieux ! Il arrive à marcher tout seul sur de courtes distances !

Je souris de toutes mes dents. C’est tellement rassurant de le savoir revenu chez eux et de se dire que lorsqu’on va rentrer, on va voir un Luca tellement différent de celui qu’on a quitté.

— J’ai envoyé un message à Alessandro ce matin d’ailleurs et j’ai pas eu de réponses.

Je demande en vérifiant mon portable au cas où je suis passé à côté d’une notif.

— Ils doivent profiter de leur retrouvailles. Alessandro a mis un peu ses cours en stand-by pour l’instant, pour qu’ils soient tranquilles tous les deux.

— C’est génial ça ! Il va être tout neuf quand on va le retrouver. Il m’a parlé d’Hawaii la dernière fois. Il espère octobre.

Je dis avec un grand sourire. Ce serait génial, ça voudrait dire qu’il va vraiment bien.

— Oui je pense qu’il décroche totalement en ce moment. Il peut à nouveau parler avec son mari alors t’imagines tout ce qu’il a à lui dire quand il est réveillé ?

— J’espère aussi ! Kit a appris à Rose à surfer et Luca à Alessandro, alors ils pourront m’apprendre aussi non ? Tu me vois sur une planche ?

Je demande en rigolant.

— J’ai vraiment hâte qu’on y soit. Ça va nous faire du bien d’être tous ensemble !

De profiter les uns des autres, de tous savourer, ça fait longtemps et ça me manque. La réunion à l’hôpital n’était pas des plus joyeuses.

— J’imagine pas non ! Six mois en t’envoyant des lettres et j’avais toute une vie à te raconter ! Alors eux, à pas pouvoir se parler... Ils se racontent tout en plus ! Ils doivent parler non stop !

Je les imagine bien tous les deux, tous mignons. Ils me manquent vraiment fort.

— T’es la plus sportive de nous deux, bien sûr que je t’y vois ! Celui que j’imagine le moins c’est Adriel.

Je dis avant de rire.

— Parce qu’il rale tout le temps !

Moi aussi, j’ai hâte. Ça va être vraiment génial mais savoir que Luca va mieux c’est tellement un soulagement. Le meilleur cadeau qu’il ait pu me faire avant que je parte.

— Tu l’aimes bien, Rose ?

— Oh moi je l’imagine bien ! Il va vouloir rendre Keziah fier alors il va pas réfléchir à deux fois !

Il est un peu comme ça dans le fond, ça se voit. Il aime bien plaire à Kezi, de ce que j’ai compris il était même bien macho avant, alors ça doit avoir envie de ressortir parfois. D’être celui qui plaît, qui fait tout pour impressionner son mec. J’en ai un peu aussi, mais en fille, alors je le blâme pas au contraire. Mais je pense qu’il pourrait nous étonner.

— Rose ? Bah ouais elle est cool ! Je me marre bien avec elle ! En plus ils veulent un bébé avec Kit ! Imagine si nos enfants sont potes ! Enfin ils seront forcément potes, regarde Tommy et Will déjà. Ça passe bien ! Pas toi ?