City of Angels - Tristan et Ania

— Bah ouais ouais, je l’aime trop ! Mais on n’en avait pas parlé jusqu’ici...

Je dis simplement.

— Je m’en voulais au début parce que je trouvais que c’était rapide mais... comme tu dis, ils veulent un enfant.

— Toi t’as pensé ça ?

Je demande assez étonnée.

— Pourtant j’ai l’impression que personne peut les comprendre mieux que nous. C’est rapide, c’est le cas, mais parfois y’a pas besoin de longtemps pour être sûr d’avoir trouvé la bonne personne, non ?

Je souris tendrement à son égard.

— Pas rapide entre eux. Rapide de l’aimer bien.

Je grimace un peu.

— Je me sens un peu coupable vis à vis de Norvina parce que j’étais proche d’elle alors je me sentais mal d’apprécier Rose comme ça. Aussi vite.

— Hey ! Te prends pas la tête comme ça.

Je lui souris tendrement.

— Même si Norvina et Kit s’étaient séparés en bon terme, t’aurais eu tous les droits du monde d’apprécier Rose. C’est vrai que t’étais proche de Norvina, je l’ai été aussi, mais là en plus c’est elle a choisit de nous sortir de sa vie et c’est comme ça.

Je hausse les épaules. J’essaie de faire comme si je n’avais plus la rage, mais j’ai encore envie de l’écraser sous ma voiture.

— Rose déchire ! Et je crois qu’elle se sent vraiment bien avec nous ! On s’en fout de comment ils vivent leur vie avec Kit et ça doit leur faire du bien. J’y ai pensé quand on était à l’hôpital, pour Luca.

Elle est venue nous rejoindre et j’ai trouvé ça vraiment gentille de sa part.

— Oui, oui, je sais. C’est juste qu’au début je me sentais coupable.

Je souris avec tendresse alors qu’on nous apporte nos plats. Ça sent tellement bon et c’est tellement beau !

— En tout cas t’as raison, Rose est géniale et parfaite pour lui. Moi j’ai jamais compris qu’il se mette avec Norvina et qu’il se coince comme ça dans sa vie. Moi je pourrais pas, tu vois ? Enfin toi demain t’as un problème qui survient, évidemment que je m’adapte et que je reste et ainsi de suite mais ça fait des années qu’on est ensemble et qu’on s’aime. Là... rencontrer une personne malade avec des contraintes comme ça, jamais je me lance !

— Dieu merci, je me sentais horrible de penser ça !

J’avoue en rigolant.

— Je ne pourrais pas non plus. Et même quand ils étaient ensemble j’y pensais parfois. Comment tu vis ? Comment tu t’organises ? Regarde pour la tempête ! S’il avait pas réussi à me joindre il aurait pu mourir sous cet arbre et Norvina aurait rien pu faire ! Et Hawaii ? Elle aurait jamais pu venir avec nous. Alors quoi ? Kit se privait aussi et ne venait pas ? Pareil pour l’Australie, il lui aurait jamais présenté ses parents ? Il aurait finis malheureux je crois.

— Ouais... moi j’aurais vraiment pas pu parce que d’emblée, je la connaissais pas.

Je dis honnêtement.

— Mais demain t’as une maladie ou un de nos enfants à un problème et bah... je reste. C’est normal. Mais encaisser tout ça pour, en plus, que ça finisse comme ça... moi j’arrive pas à comprendre. Keziah je le comprends... c’est normal, il est amoureux depuis longtemps. Mais Kit, j’arrivais pas. Luke aussi, il m’en parlait. Comme il le connaissait du travail. Il trouvait ça dingue qu’il soit avec une personne qui ne sortait pas tellement c’était loin de lui.

— Keziah est dans notre situation. Enfin s’il arrivait quelque chose à l’un de nous je veux dire. Évidemment que tu restes, je le ferais aussi, parce qu’on s’aime déjà.

Kit il a foncé tête baissée.

— Tu m’étonnes ça a du faire bizarre ! Finalement nous on l’a connu qu’une fois avec elle, donc ça nous a pas semblé aussi dingue que ça a pu l’être pour ton frère. Même Keziah et Adriel. Ils ont du se poser des questions ! C’était un mal pour un bien qu’elle fasse tout ça. Ça lui a enlevé une épine du pied tellement énorme...

— Finalement, elle donne l’image d’une profiteuse. Je trouve ça vraiment dommage pour elle .

Je reconnais simplement.

— J’ai appris qu’elle travaillait pour Pavel & Co. On s’envoie des messages de temps en temps.

Quand j’avais uniquement ma chaîne Youtube, aux yeux des gens on était un peu en concurrence parce qu’on avait le même genre de contenu, le même âge. Et la petite gueguerre de nos fanbases nous faisait rire alors on en discutait. Maintenant, évidemment qu’on n’est plus en compétition parce que j’ai conscience que j’ai eu bien plus de chance que lui mais on continue de parler.

— Il m’a envoyé un message pour savoir si elle était bien et pourquoi elle bossait plus avec moi car elle s’est vendue avec mon nom sur son CV. En gros. Alors j’ai dit qu’elle bossait hyper bien mais que du jour au lendemain, j’avais plus eu de nouvelles. Plus de réponse. Rien. J’ai insisté sur le fait que s’il la prenait c’était juste en tant que monteuse parce qu’en tant qu’assistante ou les taches qu’elle se vente d’avoir fait... c’était pas sa tasse de thé. Il m’a répondu « Je vais lui faire un contrat en béton. De monteuse. »

Je suis encore sur le cul. Mais il ne se fera pas avoir. Et puis... il est moins conciliant que moi. Ça aide.

Je reste de marbre pendant une bonne dizaine de secondes.

— La tu le vois pas, mais dans ma tête je suis en train de l’attacher sur un bûcher et avant d’y mettre le feu je demande aux gens s’ils veulent lui jeter des tomates pourries. Comme ça. Pour le plaisir.

On l’a réellement considéré comme une amie et même aujourd’hui ça me retourne de voir ce qu’elle est vraiment.

— La je pense qu’on peut plus dire qu’elle se donne seulement une image de profiteuse. C’est ce qu’elle est Tristan. Elle s’est servie de l’argent de Kit pour avoir une belle vie. Elle s’est servie de ton amitié avec lui pour trouver un travail. Et après t’avoir lâché comme elle a osé le faire, elle continue de se servir de ton nom comme d’un faire valoir ? C’est pas ce que ferait quelqu’un de bien.

C’est tellement petit et mesquin. Ça va encore plus loin que je l’imaginais.

— Elle a un de ces culots d’avoir été se vendre chez lui ! Elle connaît tout de ton travail, elle sait qu’il s’agissait de ton concurrent direct ! Et même si plein de choses ont changés aujourd’hui, on s’en fout. C’est encore un nouveau moyen de cracher dans la soupe ! J’arrive pas à comprendre putain ! Elle a mangé avec nous, chez nous, à notre table !

— Je sais et si tu t’énerves comme ça c’est que t’y accordes de l’importance alors arrête. C’est pas utile. Ça changera pas les choses.

Je n’imagine pas ce que Kit a ressenti.

— T’imagines que nous on a juste la sensation d’avoir été trahi mais Kit, elle lui a carrément pas dit pour son gosse. Il l’a vu sur Instagram. Elle est folle et vraiment je comprends pas !

— Comment elle en est arrivée là ?

Je peux pas imaginer ce que Kit ressent, en effet. Et quand je vois mon état, je me dis que lui doit être bien pire.

— Je veux dire... C’était pas juste un plan cul. Ils ont vécus ensemble ! Ils se sont aimés, pas vrai ? Alors comment tu peux cacher au père de ton enfant que tu viens d’accoucher ? D’accord elle a un nouveau mec, mais ça va plus loin que ça ! Et si le gosse c’est le portrait craché de Kit elle va faire quoi ? Cacher aussi toute sa vie à son fils que l’autre malade c’est pas son vrai père ?

Je hausse les épaules.

— J’en sais rien. Mais je sais que j’aurais aussi du mal à accepter que mon enfant soit élever par quelqu’un d’autre. Je sais même pas comment Kit fait.

— Tu te souviens de Sam ? Le mec des photos.

Je sais qu’il n’a pas oublié, mais c’est pour situer. Maintenant qu’il sait que Sam a été coincé avec moi dans ce village de civils et que sa fiancé à lui aussi l’a cru mort tout ce temps, Tristan ne voit plus les choses de la même façon.

— Si sur le blog t’avais appris que j’avais accouché, alors qu’on n’était plus ensemble et que tu me croyais avec quelqu’un d’autre, t’aurais fais quoi ? Tu te serais battu pour élever ce gosse ?

Je demande en haussant les épaules, en attrapant sa main.

— Je sais que c’est pas comparable, mais tu vois ce que je veux dire.

— Bah putain bien sûr que ouais ! C’est mon enfant !

Je dis simplement.

— Et pas besoin d’imager ça avec l’autre là. Peu importe qui ce serait, d’ailleurs. Et si c’était moi qui avait été voir ailleurs et qui avait eu un enfant et bah... et bah c’est mon enfant quand même. Non ? Toi tu pourrais laisser une autre femme élever un de tes enfants ? Hop tu vas le voir grandir sur le réseaux sociaux, il te ressemble et il te connait pas ?

— Sincèrement j’en sais rien. J’arrive pas vraiment à me mettre à sa place, parce que je suis une femme et que cet enfant j’en aurais accouché. Ce serait forcément mon bébé. Mais lui, ou toi... Moi je suis pas sûre que j’arriverais à aimer ton enfant si tu l’avais eu avec une autre. Alors avec tout ce que Norvina lui a fait subir, peut-être qu’il a pas envie d’apprendre à aimer un enfant qu’elle ne considère elle même pas comme celui de Kit.

C’est assez complexe, mais c’est vrai qu’en tant que femme c’est quelque chose qui ne peut pas m’arriver, alors je me rends pas compte de ce que je serais prête à faire ou ne pas faire.

— Il a sûrement prit la meilleure décision pour lui. Et pour sa famille aussi. Rose a du avoir une descente d’organes en apprenant pour le gosse.

— Attends... tu penses que Tommy est plus ton enfant que le mien parce que c’est toi qui as accouché... ?

Puis y a des femmes qui se font retirer leur gosse et qui les voit se faire élever par d’autres. Comme Axel. Certaines le mérite, d’autres moins... c’est Luke qui le dit. Moi je supporterai pas, en tout cas.

— Oui, j’imagine que leur équilibre aurait pu être entièrement chamboulé.

— Mais pas du tout voyons ! Tu me prends pour qui ? Je serais vraiment la pire des connes. Puis si Tommy devait être plus le fils d’un de nous deux, ce serait le tien !

Y’a pas à débattre de nouveau à ce sujet, c’est évident. Ils sont des copiés collés l’un de l’autre.

— Ce que je veux dire, c’est qu’en tant que femme on le porte cet enfant. Bon Norvina elle a fait un déni de grossesse donc c’est différent, mais moi pendant neuf mois je vais la porter cette petite fille. Meme si je voulais faire comme si elle n’existait pas, je ne pourrais pas. Alors que Kit... Bah non seulement il ne le savait pas, mais en plus il ne l’a jamais vu, jamais senti contre lui, jamais porté. S’il le veux, il pourra ne jamais le voir de sa vie. Que même si Norvina avait voulu ne jamais le voir, il aurait bien fallu qu’elle accouche quand même. Tu vois ?

— L’accouchement sous X ça existe. Je pense que si on veut faire comme si un enfant n’existait pas, on peut. Axel en est la preuve. Mais...

Je lui souris.

— Enfin je dis juste que moi, je pourrais pas. C’est un enfant, il a rien demandé. En fait j’aime tellement mon fils, je m’imagine pas me dire pas grave un connard va l’élever.

Et ça me perturbe un peu d’avoir l’impression d’être celui qui ne pense pas comme tout le monde.

— T’imagines s’il l’apprend un jour ? Son père a reconnu un enfant non biologique mais pas lui ? L’impact sur sa vie entière ? Peut-être que je le prends à cœur parce que je suis pas un enfant voulu mais je comprends pas. Je respecte et j’irai pas lui dire mais moi... enfin, je pourrais pas faire ça. Me dédouaner. C’est vrai que c’est chiant parce qu’il faut se coltiner son ex folle mais... voilà.

— Bien sûr que tu peux. Et Axel au delà de pas avoir été voulu, il a eu une mère complètement folle.

Aucun enfant ne mérite ce qu’il a vécu.

— Je sais pas si c’est se dédouaner. Il aurait pas été adopter Will si c’était pour se dédouaner je pense. Après quelles sont ses raisons et pourquoi il préfère ne pas le reconnaître, j’en sais rien. Et à moins qu’il nous en parle, j’irais pas entamer la conversation parce que je comprendrais qu’il veuille garder ça pour lui. Je ne suis pas dans sa situation et je sais pas ce que j’aurais fais. Par exemple moi si t’avais pas été là, si t’étais pas resté à mes côtés, j’aurais sûrement pas gardé Tommy... Pourtant je m’imagine pas une seconde de ma vie sans vous aujourd’hui. Je l’aime plus que ma propre vie. Mais parfois on fait des choix et Kit a fait celui là. Comme tu dis, on se doit de le respecter en espérant que tout ira bien. Pour tout le monde.

J’entends ce qu’elle dit et je crois que ça me contrarie. Mais je n’ai pas envie d’entrer dans un débat où je rebondis à chacune de ses phrases parce qu’on ne va pas en sortir.

Apparemment, si on n’est pas dans la situation, on n’a pas notre mot à dire alors le sujet est clos, finalement. Mais je sais qu’il y a au moins une personne pour qui tout n’ira pas bien et c’est ce bébé.

— Alors... t’aimes bien ?

On bavarde tellement qu’on mange à peine, ça va être froid. Je lui souris avec tendresse.

— T’es très belle.

La conversation s’arrête là, certainement parce que je n’appuie pas ses dires entièrement et qu’il ne le comprends pas. Ou qu’il aurait aimé que ce soit le cas.

— Je me régal ! T’as vraiment bien fait de nous emmener ici.

Je souris tendrement. Mes lèvres s’étirent encore plus quand il poursuit.

— C’est gentil mon coeur. J’aime bien être jolie pour toi. Enfin pour te plaire ! C’est plus sympa que des pantalons militaires en permanence.

J’ai pas de formes là dedans, même si c’est toujours cosy.

— T’es vraiment pas mal non plus.

Je hausse les épaules pour toute réponse : je sais que comparé à elle, je suis carrément banal. Mais c’est agréable de l’entendre de temps en temps.

— Au fait, tu pourras venir sur le tournage quand on va reprendre. Au moins une journée, si Luke veut bien garder Tommy une dernière fois avant qu’ils rentrent. Ça te dirait ?

— Accepte que tu me plais à moi.

Je souris en le voyant hausser les épaules. Et je suis loin d’être la seule, mais je ne vais pas parler au nom des millions de meufs qui fantasment sur mon mec.

— Sérieux j’ai le droit ? Ils acceptent que du monde vienne ? Évidemment que je veux ! Je veux voir ce que tu fais de tes journées de mes propres yeux ! Je vais être complètement gaga !

Luke a n’a pas intérêt a dire non, ça m’emballe beaucoup trop.

Je hoche la tête avec un sourire.

— J’accepte.

Je rigole un peu.

— Non pas du monde. Toi, ma compagne et mon assistante...

Je lève les yeux au ciel.

— Je suis désolée, je t’ai un peu présenté comme ça mais sinon c’était non. Du coup, c’est bon. J’avais envie que tu viennes au moins une fois.