Polynésie — Famille Saint-Clair

— Parce que t’es beau. C’est vrai, c’est pas un mensonge.

Un mensonge pour bien se faire voir ou pour blesser c’est différent d’un mensonge bienveillant.

— Je mens pas. Je saurais même pas mentir. Je t’ai pas menti quand Austin est revenu et ça t’a fait mal. J’aurais dû te mentir ?

Je crois pas avoir déjà menti. Soit je dis rien, soit je dis. Mais je ne mens pas.

Lui faire entendre raison ça va être compliqué, mais je l’ai épousé tout en sachant que j’étais capable de le faire. Je ne lâcherais rien.

— T’es sûr ? Quand t’es en colère par exemple, tes mots dépassent pas ta pensée parfois ? Moi si. C’est nul mais je sais que ça m’arrive.

Tout comme je sais qu’il ne le pensait pas quand il a été qu’être sensible ne me rendait plus attirant.

— Non, je préfère que tu m’ai dit la vérité même si c’était douloureux. C’est ça que tu attends de la part de ton frère ? Parce que si c’est ça, c’est ce qu’il a fait plusieurs fois en disant que notre éducation était pétée. Alors peut-être qu’il s’est excusé parce qu’il a vraiment vu les choses sous un autre angle. Tu l’as peut-être convaincu en lui parlant sincèrement.

Il m’embrouille parce que c’est pas des mensonges. C’est de la colère.

— C’est différent. C’est des choses qu’on pense pas mais un mensonge, on le pense. Adam s’en fiche. Marie aussi. Et ma mère aussi. Chacun sa vie et tout le monde s’en fout. Ils subissent pas qui je suis à cause d’eux. C’est toi.

Je soupire.

— Je suis fatigué des excuses. Je pense qu’il changera pas parce que sa relation avec notre mère est trop importante. Marie aussi, elle va tout faire pour être dans les petits papiers de ma mère, c’est comme ça. Moi je suis pas pareil. Je fais rien comme eux. J’arrive à rien. Je suis décevant pour ma mère. Je crois même qu’elle est déçu que ce soit moi le pédiatre et pas Adam. Je travaille pas toute la journée. Je choisis mes jours, je pars souvent en vacances. Quel médecin fait ça ? D’après ma mère, c’est pour ça que Marie vient pas me voir, les filles sont souvent enrhumé et si je suis jamais disponible, c’est pas possible. Même si je fais des choses bien, c’est toi qui m’a dit que c’était bien, bah c’est jamais bien pour eux. Je suis nul. Ta maman elle pense pas ça de moi. Au début elle se méfiait, c’est normal, je t’ai fait souffrir et tu avais beaucoup d’argent et tout ça mais maintenant elle voit des choses positives.

Et je peux tourner en boucle pendant des heures à ce sujet. J’ai sauté d’un pont. J’ai failli mourir et ça n’a pas changé leur comportement. Parce qu’ils s’en fichent.

— J’ai plus envie de les voir.

— Attends pardon c’est ta mère qui t’as dis ça ?

Quand je pense que j’ai la rage sur un, y’a les autres qui viennent me prouver que pire ça existe. La Marie là, que je la croise pas dans la rue.

— Ton frère il a quatre gosse dont un nouveau né et depuis que t’es installé jamais il a été voir un autre pédiatre. Et Logan et lui payent leurs consultations à chaque fois ! Parce qu’ils viennent voir certes un membre de la famille en qui ils ont confiance et dont ils sont fiers, mais aussi un professionnel compétent.

Je préfère precisé avant qu’il pense qu’ils viennent juste pour être tranquille. Mais ça, c’est pas le sujet principal.

— Moi je pense que ton frère a déjà beaucoup changé. Y’a encore du chemin à faire, mais entre ce qu’il est aujourd’hui et ce qu’il était avant, y’a un sacré morceau de chemin. Je pense pas qu’il aurait fait autant s’il ne t’aimait pas de tout son coeur. On fait pas ce genre de choses pour une personne dont on se fiche. Quant à ta mere, dis pas ça mon Coeur. Elle est autant fière de toi que d’Adam, t’es son bébé, son petit dernier ! Elle est pas parfaite non plus, mais elle voit pas que du négatif en toi. Loin de là.

Je l’assois sur moi et je caresse le bas de son dos avec tendresse.

— Ils t’aiment a leur manière. Tu peux me faire confiance.

Je refuse que ma colère d’aujourd’hui me fasse dire de mauvaises choses, qui influerait sur son bien-être.

— J’ai pas envie de te croire.

Peut-être un autre jour, mais là, je sais que ce qu’il me dit, j’y crois pas.

— Mais j’ai écouté. C’est promis.

— Si t’as seulement pas envie c’est un début. Ça veux dire que y’a quand même un petit bout de toi qui se dit que c’est pas si dingue.

Et c’est un sacré pas en avant.

— Merci mon Bébé. Je sais que je parle jamais dans le vide avec toi, que tu me crois ou pas, que ce soit grave ou pas, tu m’écoutes. C’est important.

— Toi, je te crois. C’est pour ça. Je t’écoute.

C’est différent avec Matthew. Je pense que c’est la seule personne au monde qui peut me raisonner et que j’écoute réellement.

— Je t’aime, Mattie.

Je serais perdu sans lui.

— Et je t’entends et t’écoute aussi.

Je souris avec une tendresse sans pareille dans les yeux.

— Je t’aime mon Bébé. Tellement tellement fort.

Je lui fais un énorme câlin. Il m’a tellement fait changer et évoluer. Il n’a pas idée de tout ce que je ressens pour lui. C’est l’homme de ma vie et la meilleure chose qu’il me soit arrivé. Grâce à lui, j’ai pas abandonné mon travail et on a Aria. On a une vie de rêve.

— Tu veux que je te prépare un petit goûter ? Un lait chaud et des gâteaux ?

Je fais pas souvent ça mais je sais même plus comment lui montrer que je l’aime. Et lui il adore les goûters

— Tu sais comment parler à ton homme.

Je réponds aussitôt en acquiesçant.

— Est-ce que tu crois que j’aurais même le droit à un petit trait de caramel dans mon lait chaud ?

Il sait exactement ce que j’aime. J’ai pas besoin qu’il déroule un tapis rouge pour savoir qu’il m’aime. Il me connaît par coeur, parce qu’il fait attention à moi, et c’est une preuve d’amour indéniable. La plus belle sans doute.

— Oui.

J’embrasse ses lèvres avec amour et je vais tout préparer. Moi aussi, je m’en fais un. Je prépare quelques cookies de plusieurs sortes et quelques conneries qu’il adore.

— On va sur la terrasse ou tu préfères rester là ?

— La terrasse je préfère.

C’est un petit coin de paradis en plus dans notre appartement et j’adore y passer du temps en amoureux.

— Tu viens te mettre avec moi ?

J’ai pas envie qu’il soit sur un fauteuil et moi un autre. Je veux être collé à lui.

— Oui.

Je le laisse s’installer et je vais directement me blottir contre lui. Les chiens courent partout et quand on les voit grimper sur le toboggan pour glisser, j’hallucine.

— Nan mais Aria leur a montré ça ? Regarde les ces gogoles.

J’aime tellement notre famille, notre maison.

J’ai du mal à comprendre de quoi il parle, mais quand mes yeux se posent sur les chiens, j’éclate de rire.

— Jamais j’aurais cru voir ça dans ma vie ! On atteint des sommets là. Elle a des petits frères finalement, ils suivent tout ce qu’elle fait.

Y a aucun danger qu’on s’ennuie chez nous, et j’adore ça.

Elle joue des heures dehors avec les chiens dans sa cabane mais alors jamais j’aurais pensé qu’elle leur montrait ce genre de trucs. Elle est géniale.

— J’ai vu un truc pour faire des glaces sur Amazon. En bois, comme son truc à pizza. Faut qu’on lui prenne elle va adorer.

Elle a tellement d’imagination. J’avais peur qu’elle se sente un peu seule sans frère et sœur mais pas du tout. On joue beaucoup avec elle mais en plus, elle s’amuse beaucoup toute seule ou avec les chiens. C’est un amour.

— Tiens.

Je trempe un gâteau dans son lait et je le porte à sa bouche. Il a un bras pris à cause de moi. Faut bien que je l’aide.

— Elle est vraiment pas difficile et capricieuse, elle aime absolument tout ce qu’on lui donne.

Elle trouve toujours une façon de jouer, seule ou accompagnée. Toujours.

— Attends, un peu plus haut !

J’essaye d’attraper le morceau de gâteau, non sans mal.

— On n’a pas oublié de foutre du lait partout !

J’éclate de rire, la bouche pleine, en voyant qu’il en a sur son t shirt.

— Pff, je t’ai connu plus doué que ça avec ta bouche.

Je dis avant de rire. J’embrasse ses lèvres et je me blottis contre lui. C’est mon meilleur cadeau du Ciel.

— J’aimerais bien qu’on aille à l’église le mardi soir quelque temps.

Je sais que c’est la seule messe où ma mère ne va pas car elle garde les jumelles. J’ai envie de faire un break.

— T’inquiètes pas pour ma bouche, c’est toujours la meilleure que t’ai connu.

Je réponds à son baiser avec un sourire. Jamais il aurait oser l’admettre avant. Mais aujourd’hui on est plus fort que jamais et je sais qu’il le pense. Pas parce que je me vante d’être le meilleur coup qu’il ai eu, mais parce qu’on s’aime et que jamais le sexe n’avait eu une telle dimension pour lui, comme pour moi.

— C’est pas le jour où ta mère garde Voldemort et Dark Vador ?

Je demande en l’entourant de mes deux bras. Le lait posé près de nous.

— Mouais.

Je dis avec un petit sourire, juste pour ne pas l’admettre. Mais il le sait. C’est l’Amour de ma vie, c’est comme ça.

— Si. Ça nous fait gagner des grasses matinées le dimanche et on pourra aller à la piscine avec Aria.

Son sourire en dit long. Je le sais, il le sait.

— Moi ça me va ! Je vote pour la grasse matinée pendant quelques temps.

Même si je suis pas le plus à plaindre de nous deux, en bossant de la maison.

— J’crois que ton frère et Logan c’est le dimanche aussi qu’ils vont à la piscine avec les enfants.

Je ne laisse rien entendre de négatif autour de ça, j’annonce simplement les faits comme si je voulais qu’il s’en souvienne. Contrairement à nous, ils ne vont pas à l’église toutes les semaines.

— Bah on ira dans une autre piscine, c’est pas grave. Celle de Millstone a des toboggans et une rivière avec un courant. Aria va adorer.

En ce moment on les voit bien plus souvent à l’église qu’ils ne vont à la piscine et encore, avec Percy, y a des chances pour ce soit compliqué qu’ils y aillent régulièrement. Mais j’avais oublié alors heureusement qu’il me le rappelle.

— On devrait lui prendre quelques petits cours, non ? Particulier.

— Sérieux ? J’savais pas ! Y’a pas qu’Aria qui va adorer !

Je laisse entendre avec un énorme sourire.

— Je pense que ce serait sympa oui ! Sans prétention qu’elle fasse le 100m bientôt, on s’en fout. Mais je suis sure qu’elle adorerait. Puis quand ils sont petits comme ça, on a sûrement le droit d’être dans l’eau aussi et d’y assister !

— On ira dans le jaccuzzi pendant qu’elle nage, ouais. Pff.

Je dis en riant.

— Mais oui, on va pouvoir la regarder, si on veut ! Ça lui éviterait de se taper les gros brassard de merde, elle avait les bras irrités à force.

Même si on a pris des trucs bien, à un moment donné, c’est comme la couche, la peau ne supporte plus.

— C’est un bon argument, à faire valoir le jour J !

Je rigole en déposant un baiser sur sa joue.

— En même temps elle a passé chaque minute de sa vie avec les brassards ! Elle était à deux doigts de les garder sous la douche.

On ne sait jamais, au cas où elle pouvait crier notre nom et sauter en deux secondes dès le reveil ! Elle a profité de ces vacances autant que nous.

— C’était génial.

Je dis en réclamant un bisou.

— J’avais peur qu’avoir un bébé ça change la dynamique de notre couple ou que j’ai l’impression d’être bloqué et que ça me fasse péter un cable. Mais en fait… ça rend juste notre vie meilleure.

Je reprends un gâteau pour lui tremper dans le lait et lui donner.

— T’as eu peur toi aussi ? Que ça me rende fou, j’veux dire. Que je sache pas gérer émotionnellement parlant.