Polynésie — Famille Saint-Clair

— Merci mon Bébé.

Je note quand il me donne un nouveau cookie, tout en l’écoutant avec attention.

— Jamais.

Je réponds sans aucune réflexion.

— J’ai eu peur de certaines choses, oui. Mais pas que tu ne saches pas gérer. Si je t’avais forcé la main pour avoir un enfant, certainement que ce serait arrivé. Mais c’est venu de toi, parce que t’as eu suffisamment confiance en toi et que tu t’en es senti capable.

— Merci mon Bébé.

Je note quand il me donne un nouveau cookie, tout en l’écoutant avec attention.

— Jamais.

Je réponds sans aucune réflexion.

— J’ai eu peur de certaines choses, oui. Mais pas que tu ne saches pas gérer. Si je t’avais forcé la main pour avoir un enfant, certainement que ce serait arrivé. Mais c’est venu de toi, parce que t’as eu suffisamment confiance en toi et que tu t’en es senti capable.

— T’as eu peur de quoi alors ?

Ça m’intéresse de savoir. J’ai pas envie d’être nul et de pas savoir gérer ses peurs comme j’ai déjà pu quand Aria s’est cassée le bras.

— J’ai eu peur qu’elle ne nous aime pas… Qu’elle ne veuille pas de nous, qu’on ne lui convienne pas.

Ca m’effrayait plus que n’importe quoi d’autre.

— Puis j’ai aussi eu peur que tu doutes de toi. Pas sur ton envie d’avoir un bébé, mais sur le fait que tu allais être un super papa. Parce que t’es un super papa. Le meilleur que je connaisse.

— Toi aussi, t’es le meilleur que je connaisse.

Je lui fais plusieurs bisous dans le cou.

— Et merci de me faire confiance et de m’avoir suivi dans ce mode d’éducation pas ordinaire. C’est vrai que c’est un peu flippant des fois, mais ça lui va tellement bien.

— Est-ce que y’a vraiment des modes d’éducation ordinaires ? Nous on a su trouver celui qui convient aussi bien à nous qu’à Aria. C’est pour ça que ça se passe aussi bien ! Et que ça finit pas en roulade sur le trottoir.

Je rigole en levant les yeux au ciel.

— Non, mais c’est pas tous les jours quand même que les enfants ont leur mini maison à l’intérieur de la maison de leur parent. De plus en plus, mais moi c’est en fouillant pour ne pas faire les mêmes erreurs que mes parents que je trouve tout ça.

J’avais tellement peur d’être nul et de la rendre malheureuse et cinglée.

— Tu m’aides beaucoup, on est la meilleure équipe.

— Pour l’instant t’as fais aucune de leur erreur. T’essaies pas de rendre Aria différente de ce qu’elle est, tu lui laisses une liberté de découvrir le monde et ta relation avec elle est bien plus importante que ta relation avec Dieu.

Tout croyant qu’il soit, je sais qu’il croit encore en notre famille.

— On est les meilleurs ensemble. Je sais déjà qu’on fera pas les erreurs que tes parents ont pu faire.

— Je t’aime. Mais tellement, tellement.

Je le serre fort contre moi.

— Et notre famille. Et bien sûr que j’aime encore plus notre famille que n’importe quoi au monde. Et même si j’ai pas eu une vie facile au début, à choisir je referais tout pareil parce que c’est ce qui m’a mené à toi. Voilà.

Et je me sens un peu ému de réaliser qu’il est vraiment la meilleure personne et que j’ai eu de la chance qu’il s’accroche et qu’il m’aime comme je suis.

— J’aurais voulu que toi comme moi on n’ai pas à vivre certaines choses dans nos vies.

J’avoue sans aucune honte, la gorge un peu serrée.

— Mais moi aussi je referais tout pareil si c’était la seule manière de conduire à ce qu’on a. Je donnerais la même volonté pour te séduire, je m’accrocherais aussi fort et je laisserais rien tomber. Une fois encore.

Il est la meilleure chose qui me soit arrivé. Parce que si nous avons Aria, c’est d’abord parce qu’on s’est trouvé. C’est lui qui est à l’origine de tout.

— T’es l’homme de ma vie.

J’ai un peu envie de pleurer et j’arrive même pas à me retenir. Je cherche ses lèvres pour lui donner un baiser empli de tout l’amour que je ressens maintenant. Aujourd’hui, si j’ai pas pété un cable et que j’ai pas eu besoin de me droguer en rentrant, c’est grâce à lui.

— Oh non papa !

Je sursaute quand je vois Aria, sa compote à boire à la main. C’était vraiment une mini sieste ça.

— T’es t’iste ?
— Non, ça va. Je suis tellement heureux d’être avec vous que je pleure.
— Ah oui.

Matthew l’aide pour sa compote et elle va s’asseoir à sa table.

— A deux doigts de lui demander un loyer à celle-là.

Je dis en riant.

— Elle en paye déjà un ! Son paiement c’est en bisous et en câlins, mais c’est un bon début ! J’attends ses quinze ans pour demander un peu plus.

Je rigole en embrassant son cou.

— Ça va ? C’était bien le dodo ?
— Oui ! Mais c’est fini !
— T’en fais pas, personne va te forcer à y retourner.

Elle sourit avec plein d’espièglerie et je fonds.

— Ap’ès je vais jouer. Ap’ès je vais cou’i’ ! Ap’ès je vais sauter !
— Gros programme là !
— Ah oui !

Elle a qu’une chaussette, la couette à l’envers, pas de pantalon… mais elle est tellement mignonne.

— T’as fait pipi mon ange ?
— Oui, oui ! Laver les mains aussi !

Elle va jeter son truc vide à la poubelle et elle va jouer dans sa maison. Ça nous prend une bonne partie de la terrasse mais elle en profite tellement que c’est sans regret.

— J’ai failli proposer de p-r-o-m-e-n-e-r les chiens mais j’avoue que j’ai pas du tout la force de sortir.

Je le lui dis au cas où ça lui prendrait de proposer. Mais s’il veut y aller avec Aria, j’en profiterai pour dormir.

— Je vais y aller tout à l’heure et je vais embarquer tout le monde. Tu pourras te reposer un peu comme ça.

Je lui souris en trouvant ses lèvres. Lui aussi il a droit à du repos.

– Je passerais bien prendre M-C-D-O au retour d’ailleurs, ça te dis ?

J’ai aucune envie de cuisiner et puis c’est dimanche soir, on peut se faire un petit plaisir. Aria sera super contente d’avoir son haut meal.

— Ah mais carrément ! Comme ça petit film en famille dans le canapé !

On voit Aria glisser suivi de Jack, ils roulent par terre à l’arrivée et elle rigole comme une ouf. Je filme la descente suivante pour l’envoyer à Louise. Ça me fait vraiment sourire de la voir aussi heureuse. Il lui avait manqué ses chiens pendant les vacances.

— Parfait ! On va terminer le dimanche en beauté.

Bien mieux que ce que la journée aurait pu laisser prévoir.

— Tu vas te promener où tout à l’heure ?

Je me blottis contre lui et Aria vient se servir dans nos cookies mais elle prends que la moitié.

— Ça c’est bon !

— Peut-être au skate Park, on y a été la dernière fois et elle a adoré les regarder faire plein de figures ! On pourrait lui en acheter un, j’suis sur qu’elle aimerait.

Qu’est-ce qu’elle n’aimerait pas, en même temps ?

— Tout ce qui se mange c’est bon !
— C’est v’ai !

On la force pas à manger, mais dans les faits elle est vraiment pas difficile. Même Gabriel fait de gros efforts pour manger des légumes et qu’elle ai un bon exemple.

— Ça fait une éternité que j’ai pas fait de skate.

Je dis avec un sourire. Depuis que je suis avec lui, je pense.

— Skate ou roller, je pense qu’elle adorerait les deux. J’avoue que c’est une bonne idée, elle va adorer.

— Elle pourrait avoir des rollers et toi réessayer le skate ? Elle serait carrément hystérique de faire ça avec son papa !

Et c’est pas avec moi qu’elle en ferait, j’ai jamais réussir à tenir debout là dessus.

— Oui, ça pourrait être bien. Mais tu vas en faire toi aussi ?

J’aime bien qu’on les activités vraiment en famille. Et j’avoue que je ne sais même pas s’il sait faire du roller ou du skate.

— Ah non ! Je sais pas en faire moi. Si tu savais.

Je rigole en me revoyant chaque fois que j’ai pu essayer.

— Je tiens dessus y’a pas de soucis, mais alors ça finit au sol en dix secondes ! Du coup je fais plus de la gym que du skate !

— Et le roller ?

Je demande avec un sourire. C’est difficile d’apprendre le skate quand on est adulte parce qu’on a peur de tomber et se faire mal mais le roller je suis sûr qu’il en a fait.

— Je devais avoir vingt ans la dernière fois que j’en ai mis ! Mais si c’est comme le vélo et que ça s’oublie pas, y’a peut-être moyen que je m’en sorte sans finir aux Urgences !

En tout cas, ça me fait pas peur de ressayer.

— Alors vous ferez du roller. Même moi, d’ailleurs, je pourrais. Ce serait sympa de se balader tous les trois ?

Et à la regarder escalader sa cabane comme un petit singe, je me dis qu’on pourrait tout à fait l’inscrire à l’escalade quand elle aura l’âge, si ça la tente.