Polynésie — Famille Saint-Clair

— Presque trois semaines. J’ai un peu fait par rapport au vol les moins chiants pour Aria.

Elle est sage, mais si on peut lui simplifier la vie, c’est quand même mieux. Elle s’est un peu plaint de ses oreilles en descendant alors elle a eu le droit à un bonbon et un petit massage sous ses oreilles mais faut pas abuser. C’est mieux si elle dort.

— Déconnexion totale et je compte utiliser mon portable uniquement pour 1/ prendre des photos et 2/ prendre des nouvelles des chiens. Voilà. J’ai prévenu tout le monde qu’on partait et j’ai envoyé la photo de nous à notre arrivée avec les fleurs pour dire qu’on était bien arrivés et fini.

— Je te suis. De toute façon j’ai tout ce qu’il me faut ici.

Et si jamais y’avait une urgence, je laisserais mon portable allumé sur la table de chevet histoire de dire.

— Mais mon mari, ma fille et ma mère, c’est tout ce qui m’importe pour les trois prochaines semaines. Les chiens tu me diras !

Je lui fais un énorme câlin et je réclame un baiser avant qu’Aria ne débarque en courant, coiffée et avec ses brassards. Elle est tellement belle, c’est dingue. Puis je capte qu’elle a de l’ananas dans les mains.

— Bah t’as eu ça où toi !?
— La pleiiiin des f’uits !!
— Des fruits ? Hein ?
— Ils sont venus déposer un plateau de fruits coupés sur la terrasse !, nous dit Louise.

On la rejoint sur la terrasse et en effet, y a plein de fruits. Bon c’est pas ce que je préfère au monde mais c’est génial comme accueil.

— Papa tu me vois ??
— Oui !

Et cette ouf court sauter dans l’eau, ananas à la main. Faudrait pas qu’elle le perdre.

— Bon j’y vais ! On vous attend !

Je rejoins Aria et l’eau est tellement bonne ! C’est génial d’être ici.

— Je rêve !

J’éclate de rire sous l’audace d’Aria et après avoir volé quelques fruits coupés moi aussi, on les rejoints dans l’eau avec ma mère. Cet endroit c’est le paradis sur terre et je vais profiter de chaque jour qu’on a ici tous ensemble.

— Attention bombe !

— Je rêve !

J’éclate de rire sous l’audace d’Aria et après avoir volé quelques fruits coupés moi aussi, on les rejoints dans l’eau avec ma mère. Cet endroit c’est le paradis sur terre et je vais profiter de chaque jour qu’on a ici tous ensemble.

— Attention bombe !

Comme on l’avait prédit, les vacances sont fantastiques. On s’est reposés comme jamais et on a profité au maximum. Aria a même appris à nager ! Un vrai poisson. On a même eu droit à une soirée en amoureux grâce à Louise qui a fait une soirée entre fille au restaurant du complex avec Aria. C’était magique.

Le retour à la maison a été un peu difficile. Le décalage horaire, le temps, la reprise du travail… j’ai passé une semaine un peu morose mais hier matin on a reçu les photos qu’on a fait imprimer alors ça m’a rendu un peu le sourire : elles sont magnifiques.

Après la messe de ce matin, on se retrouve à aller manger chez mes parents. On s’y rend à pied et les gosses courent dans tous les sens, même à l’approche des passages piétons. Personnellement j’ai aucun stress avec Aria parce qu’elle s’arrête et fait demi-tour pour venir nous donner la main pendant que mon frère s’époumone pour que personne ne traverse.

Quand je le regarde, je me dis vraiment que quatre enfants, c’était trop pour lui. Ses gosses courent partout en hurlant, son dernier chiale parce qu’il crève la dalle mais qu’il faut lui donner à manger à l’heure en rentrant.

— Papa, j’aime bien le f’omage ?
— J’aimerais, je corrige quand Aria nous demande un bout du ficelos qu’elle a entamé avant de venir. Mattie, t’as son fromage ?
— On va bientôt manger, Gabi !, enchaîne ma mère.

Je ne prends même pas la peine de répondre, je l’ignore et Aria réclame les bras de son père pour pouvoir manger son fromage tranquille sans se prendre un poteau dans la tronche – c’est déjà arrivé.

— Papa, moi aussi je veux du fromage !!!, se plaint Blanche en courant vers Adam.

Notre semaine de vacances avec Logan me semble déjà loin tellement la fatigue est revenue vite. C’est dimanche, on va manger chez mes parents, Gabriel et Matthew sont rentrés, on devrait être heureux, et tranquille.

Mais les enfants courent partout et à chaque passage piéton, j’en imagine un sous une voiture. Je hurle mais ils en ont rien à faire et pendant ce temps là, Percy pleure parce qu’il a faim.

— Non Blanche t’auras pas de fromage à cette heure ci ! On va bientôt arriver chez mamie et on va déjeuner !
— Mais Aria elle mange du fromage !!! J’en veux !

Comment je suis censé élevé mes enfants correctement quand Gabriel laisse tout passer à la sienne ? D’accord pendant ce temps là, elle est tranquillement dans les bras de Matthew, mais est-ce que c’est pas un mal pour un bien ? J’ai pas envie de tout céder à Blanche pour qu’elle soit calme.

— Aria elle fait ce qu’elle veux, mais toi, tu m’écoutes.
— Je veux du fromage !!
— Ça suffit ! Si tu continues, tu manges même pas ce midi et t’es punie dès qu’on rentre ! C’est ça que tu cherches ?!

Ça y est, c’est le drame. Tout le monde me jette des regards en coin genre « tu vois ça n’arriverait pas si t’étais plus ferme » mais je vais affamer ma fille moi ? C’est mal me connaître. Puis alors punir les enfants de manger mais franchement, il n’en a pas souffert lui ? Il impose ça à ses gosses ?

— Tiens.

Aria tend un bout pour Blanche et j’affiche un pâle sourire.

— Elle a pas le droit, mon ange. Son papa a dit non.

Ça l’a perturbe un peu, mais elle finit son bout de fromage. Après elle veut courir un peu alors elle fait des aller-retour, mais elle ne s’éloigne jamais trop de nous. En plus elle flippe quand Adam hurle donc finalement, elle vient nous donner une main chacun pour faire la balançoire entre nous.

On a l’impression d’être à l’asile ici.

Blanche s’est mise à pleurer parce qu’elle peut pas avoir de fromage et elle est dans les jambes de ma mère.

— T’aurais pu laisser Aria lui donner quand même.
— Bah oui Gabriel, enfin !, chuchote Logan. T’aurais pu laisser Aria lui donner…

Je l’entends souffler derrière et ça me fait rire. Lui il a totalement abandonné. Il a récupéré Percy et il suit ce qu’il se passe en marche trois mètres derrière.

Finalement, on n’entend pas assez Blanche donc elle se laisse tomber par terre, juste devant la maison des parents.

— JE VAIS PAS MANGER JE M’EN FICHE J’AI MÊME PAS FAIM !!!!!

— Maman si je dis non, c’est pas pour que Gabriel dise oui.

A un moment il faut être cohérent et c’est pas à Gabriel qu’il faut s’en prendre. Par contre j’entends Logan se foutre de la gueule de ma mère derrière et ça me pique à vif. Pas qu’il se moque, mais qu’il le fasse comme s’il était spectateur de tout ça alors que ça fait vingt minutes que je me bas tout seul avec les enfants. Et pour couronner le tout, Blanche se jette au sol.

— ET BIEN MANGE PAS ! MOI AUSSI JE M’EN FICHE ! ÇA EN FERA PLUS POUR LES AUTRES !

Pendant quelques secondes, elle me regarde sans rien dire, avant de se remettre à hurler.

— Débrouille toi avec ton père ! Apparemment lui c’est le papa cool et moi le papa chiant ! T’as qu’à lui demande du fromage même !

Je la laisse hurler là, Logan a qu’à gérer.

J’ai vraiment envie de me marre mais je me retiens parce que je pense que je me fais allumer dans la seconde. Arthur s’assoit à côté de sa sœur l’air un peu perdu et Olivia va se coller dans les jambes d’Adam, certainement pour qu’il ne s’énerve pas plus.

Logan soulève Blanche par un bras au passage, l’air agacé de s’en prendre plein la gueule gratuitement.

— T’as pas honte là ? Y a toute la rue qui te regarde ? Tout ça pour du fromage franchement, reprends-toi là.

Elle arrête son cinéma et Logan n’a pas à la traîner par terre jusqu’à la maison, elle y va toute seule.

— J’vais t’inscrire au théâtre ma parole. Comédienne que tu es là. Va t’asseoir dans le canapé, personne veut t’entendre.

Blanche va directement bouder dans le canapé et il dépose Percy. Arthur va à côté de sa sœur comme s’il était toujours puni et l’ambiance c’est franchement n’importe quoi.

Aria me demande si elle peut aller jouer dehors et je dis oui, si elle reste devant la fenêtre alors elle sort en courant.

— Papa moi aussi je veux aller dehors !!!!

Je crois que Logan est prêt à lui en retourner une mais il se retient.

— Vas-y.

Blanche est choquée par la réponse et elle ne sait même plus quoi faire.

— Bah vas-y, sors ! Fais ce que tu veux, voilà. Va voir mamie, mange du fromage, court dans le jardin. Vas-y.

Du coup, elle reste sur le canapé en silence. Je sais pas d’où Adam voit que Logan est le papa cool, c’est toujours lui qui défonce les gosses parce qu’Adam n’est pas capable de les gérer.

— Une bière peut-être ?, propose Paul.
— Oh oui !, soupire Logan.

Il boit de temps en temps maintenant. Un verre ou deux grand maximum.

— Moi aussi je veux bien une bière Paul, avec plaisir.

Matthew est collé à Gabriel, alors que moi je sais que j’en ai pour des jours avant que Logan agisse de nouveau normalement avec moi. Est-ce qu’il y avait pas moyen qu’il me soutienne avant que je devienne cinglé ? Apparemment non, et ça va encore être de ma faute.

— Vous pouvez aussi allez dehors les enfants si vous voulez.

Arthur ne demande pas son reste et file aussitôt, mais Livie reste auprès de moi et je me sens coupable d’agir devant elle comme un cinglé alors que c’est la raison pour laquelle elle a arrêté de voir sa mère.

— Tu veux boire quelque chose ma puce ? On va regarder ce que mamie elle a ?
— Oui s’il te plaît papou !

J’attrape sa main et on file tous les deux voir ce qu’elle peut boire, et moi aussi par la même occasion.

On s’installe là où on peut toujours voir Aria et où elle peut nous voir et elle nous faire des coucous toutes les cinq minutes l’air dire « j’espère que vous avez vu cette galipette ???? » ; évidemment, Blanche éprouve le besoin de venir nour rapporter tout ce que fait Aria. « Aria elle a sali sa robe. » « Aria elle monte sur l’arrosoir » « Aria elle joue avec la terre ».

— Bon Blanche, tu veux écrire un livre sur ta cousine aussi ?, intervient Logan. C’est quoi ton but ? Qu’elle se fasse disputer ? C’est méchant de rapporter comme ça. Alors si tu veux pas jouer avec elle, tu vas à l’autre bout du jardin mais t’arrête de venir toutes les deux minutes pour rapporter comment elle respire. Elle est toute petite, laisse-là tranquille.
— Ok papa…

Elle s’en va, un peu honteuse. Mais elle ne viendra plus nous importuner.

— Ça va, c’est bon ? Je suis intervenu au bon moment ?, il lâche à Adam alors qu’il revient avec Olivia de la cuisine.

Alors eux, c’est mort, ils vont passer le repas à se faire la gueule.

— Hey au fait, on vous a ramené des cadeaux, je dis un peu pour tempérer.
— Ah oui ???, demande ma mère en débarquant comme une fleur.
— Pas très original mais typique de là-bas ! Ils ont du monoï pour tout. Même les douleurs articulaires alors on vous a pris ça et évidemment, magnet.

Je dis en allant fouiller dans le sac d’Aria.

— Génial, intervient Logan. Je savais pas qu’ils avaient ce genre de monoï ! C’est vachement bien pour les massages musculaires.
— Ouais tu vas kiffer. On a pris des maillots de bain pour les enfants, comme vous allez souvent à la piscine. Et d’ailleurs, on a les photos !!
— Déjà ? Montre !, demande mon père.

Bon j’avais peur qu’ils soient un peu déçu mais ça n’a pas l’air.

J’ai pas vraiment suivi ce qu’il s’est passé, mais vu ce que je me prends de Logan j’imagine qu’il a eu besoin de sévir encore une fois. Je ne réponds même pas, je me contente d’aller m’asseoir à table, avec Livie qui vient se mettre à côté de moi.

— Oh ils sont magnifiques ! T’as vu ma puce comme il est beau ?
— J’ai hâte de l’essayer et d’aller à la piscine avec ! C’est comme Lilo ! Merci mes tontons !

Elle se lève pour aller leur faire un bisou et ça me fait sourire avec tendresse. Par contre quand ils parlent de photos, je jette un œil à maman. De voir Louise avec eux alors qu’elle, elle n’a pas pu en profiter, je sais que ça va la peiner un peu. Elle m’a laissé entendre plus d’une fois en trois semaines qu’ils lui manquaient.

— T’as tout sur ton portable ?!

— Non, on a tout fait imprimer !

Je dis en sortant les pochettes pour qu’ils puissent voir.

— C’était magnifique ! On a tellement profité, c’était super reposant, ça faisait du bien.

Je vois ma mère serrer les dents quand elle voit Louise sur les photos et ça me gave à un point. Elle fait la miséreuse.

— Là Aria et Louise sont allées se faire un restau toutes les deux, vous avez vu la taille de la glace ? Et puis sa fleur dans les cheveux.

On se passe tous les photos et on ne va pas se mentir, on est tous complètement obnubilé par Aria. Elle est souriante sur chaque photo, elle est trop mignonne !

— Tu crois que tu pourrais m’en faire imprimer quelques unes ? Ou me les envoyer par mail ?

On a un pele-mêle où y’a que des photos des enfants. Les notre, Josephine, Aria, les Milton ! Tout le monde est dessus et dès que je peux en accrocher de nouvelles, je le fais.

— D’ailleurs Gabou…

Je profite que tout le monde regarde les photos pour me décaler auprès de lui. J’ai pas envie de créer encore une embrouille et de gêner tout le monde, mais je vois bien que maman est pas bien.

— T’aurais pu proposer aussi aux parents de venir avec vous, tu crois pas ? Maman ça lui a fait vachement de peine de savoir que vous partiez avec Louise et qu’elle restait là. Elle a pas arrêté de me le dire.

— Ouais, avec plaisir. On va vous en faire sortir.

Je dis avec un sourire avant qu’il n’enchaîne sur maman.

— Parce que chaque fois qu’on fait un truc avec Louise faut faire un truc avec maman ?

Je suis directement sur la défensive. Elle entend qu’on parle d’elle alors elle nous rejoint.

— T’as des trucs à me dire, toi ? Tu serais venu si j’avais appelé à 9 heures du matin pour qu’on parte le soir ou tu m’aurais fait un cirque parce que tu gardes toute la terre et que tu vas manger chez les gens et qu’il faut prévenir à l’avance pour ça ?

Putain mais j’hallucine.

— Puis toi là, vas y pars en vacances elle si t’as tant de peine pour elle. Moi je l’impose pas à ma fille. Ni à moi d’ailleurs. Elle me critique toute la journée, elle critique mon éducation mais en attendant la seule qui mange toute seule, de tout, qui est polie et qui attend pour traverser, c’est la mienne ! Putain mais y a toujours un truc à me reprocher. TOU-JOURS. Merde, Adam. Je voulais des vacances tranquilles, sans horaires, sans prise de tête, avec maman c’est pas possible. Et maman, elle a un mari, des gosses, elle part en vacances, Louise elle a que nous. J’ai même pas à me justifier, d’abord ! Par contre ouais pour papa, ça me fait chier ! Ça c’est sûr ! Parce que lui bouffer à 15 heures et vivre à la cool, il s’en fiche. Donc vas-y, t’as de la peine pour elle, emmène-là en vacances avec tes enfants parfaits sur lesquels y a rien à redire.

Débile va.

— Et maintenant je vais fumer. Un truc à dire sur ça aussi ?

Je demande en me levant. Ma mère fait la choquée là, j’ai envie de la jeter contre un mur.

— Ouin, ouin, ils ont emmené Louise et pas moi ! Ouais et c’est même moi qui a tout organisé !

Là je déborbe et du coup, Matthew me conduit dehors un peu de force.

— Donne pas de fromage on va manger, ah bah t’aurais pu lui donner du fromage ! Mais elle pète un cable elle ! Qu’est-ce que je vais l’emmener en vacances ? J’fais quoi avec elle ? J’me jette à la mer ?

— Non mais attends Gabou le prends pas comme ça. Je savais pas que…

Adam n’a pas le temps d’en placer une que Gabriel lui coupe l’herbe sous le pied en continuant à parler. Moi je suis là à côté, et je me tais. Y’a plein de choses que je peux comprendre, mais y’a aussi beaucoup de choses qui m’agace et ça me fait monter en pression qu’une fois encore, ce soit mon mari qui prenne pour quelque chose dont en effet, il n’a même pas à se justifier.

Mais plus il parle et plus il devient agressif, et je sais qu’il va le regretter si je ne l’arrête pas. J’attrape sa main et je le pousse dehors de force.

— Franchement Adam, tu fais chier. T’es pas obligé de choisir un camp entre ta mère et ton frère. Tu pourrais simplement te contenter d’être là pour les deux et d’avoir les deux versions des histoires avant de penser que c’est forcément Gabriel qui est en tort.

Je suis même pas en colère, je suis juste blessé qu’on soit forcément considéré comme les fautifs. Je referme la porte fenêtre derrière nous et j’oblige Gabriel à venir s’assoir avec moi sur le bord de la terrasse.

— On rationalise un peu mon Bébé, ok ? On a passé de bonnes vacances et on n’a à se justifier auprès de personne. Si ta mère a été se plaindre a ton frère, c’est son problème. Toi t’as rien à te reprocher.

— Mais je sais mais putain pourquoi il me dit ça lui ? Il est avocat peut-être ?

Ça me donne envie de me relever et d’aller en rajouter une couche mais Matthew me retient gentiment et du coup ça me fait à moitié pleurer.

— On peut jamais être content dans cette famille ! Y a toujours quelqu’un pour dire quelque chose de négatif ! Mais le négatif c’est toujours Gabriel Saint-Clair ! Lui il fait quoi à part filer ses gosses pour partir en vacances, hein ? Il l’a déjà emmené en vacances peut-être ? Puis facile pour lui de se préoccuper que de sa famille, il en n’a pas des beaux parents !

— Tu crois pas que ta mère en profites ? Elle sait pertinemment que si elle va se plaindre a ton frère, il viendra t’en parler. C’est facile aussi de toujours passer par lui parce que elle, elle ose pas te dire les choses. Un jour vous vous fâcherez vraiment et elle aura que ses yeux pour pleurer parce que ce sera de sa faute.

Je soupire en l’attirant vers moi pour lui faire un câlin.

— Bien sûr que non il ne part pas avec elle plus que nous. Mais comme tu viens de le dire, ils n’ont que d’eux a se préoccuper alors y’a aucun danger que ta mère soit jalouse de quelqu’un d’autre. Y’a que vers tes parents qu’ils se tournent, Logan y comprit. C’est facile dans ces cas là. Mais on a rien à leur devoir. Et puis ta mère a peut-être oublié que tu leur avait déjà proposé et qu’ils ont refusé, mais pas moi. Alors te mets pas dans cet état la Gabi, ça vaux pas la peine.

Je me concentre bien pour n’écouter que lui et pas ma colère et ça fonctionne parce que je me sens vraiment coupable d’avoir dit tout ça quand je le réalise. Je pleure super fort et j’ai vraiment honte, je suis à deux doigts de m’étouffer et j’ai du mal à revenir à moi.

— Je veux pas manger avec eux. J’en ai marre. Moi j’étais super content à la base. Mais Aria va être déçue si on s’en va.

Puis je crois qu’elle n’attendait qu’un feu vert pour venir en courant me faire un câlin.

— Pardon microbe. Aujourd’hui je sus très triste.

Matthew m’a obligé à ne pas lui dire que je suis fou ou dire des choses négatives. Alors je me force.

— On va trouver une solution t’en fais pas. Je vais trouver quelque chose.

Aria arrive en courant et elle n’a pas besoin qu’il développe pour se serrer contre lui et lui faire un énorme bisou.

— Je t’aime mon papa !

Même si ça me crève le cœur de voir Gabriel ainsi, notre bébé me redonne du baume au coeur. Je les serre contre moi et peu de temps après, on entends la porte s’ouvrir derrière nous.

— Les enfants, vous rentrez ? C’est l’heure de manger.

Adam a pas la voix très assurée et j’en lève les yeux au ciel, mais il finit par s’adresser à Gabriel.

— Gabou je peux te parler avant qu’on rentre ?

Ça pour m’appeler Gabou maintenant qu’il a foutu sa merde, lui, y a du monde. Y a Aria alors je me contiens et je dis oui avec la tête.

— Tu vas t’asseoir ? Papa va tout te couper. Prends là sur tes genoux par contre. S’il te plaît.

J’ai pas la force d’entendre toutes les cinq minutes qu’elle mange avec ses doigts ou qu’elle veut gouter les assiettes des autres si on l’assoit à la table basse du salon. Elle a déjà du mal à se détacher de mon cou alors on va pas encore plus pourrir sa journée de bébé.

— J’ai dit des trucs méchants, je sais. Je suis toujours comme ça, je sais. Je suis désolé. C’est bon ?

— T’as pas à l’être, c’est moi qui te demande pardon.

Je soupire en m’asseyant là où était Matthew il a quelques instants.

— Maman m’a dit qu’elle était triste et j’ai pas essayé de chercher plus loin. Je voulais pas que tu le prennes comme un reproche, c’est pas comme ça que je le pensais, mais bah… Disons que Matthew et toi vous m’avez fait réaliser que ça en était un quand même. Et je m’en veux vraiment.

J’ai toujours été comme ça, à l’incriminer sans essayer d’avoir sa version des faits. Quand il était ado, quand il a commencé à aller mal, puis avec Austin, et tout le reste.

— Je suis fier de toi tu sais. Fier de qui tu es, du papa que tu es et aussi fier d’être ton frère. C’est pas parce que j’agis comme un con que c’est pas le cas.

— Ouais c’est facile à dire une fois que vous m’avez vu pleurer par la fenêtre.

Je dis dans un soupir.

— Je sais pas quoi répondre, Adam. J’en ai marre qu’on critique ma fille et la manière dont je l’élève. J’en ai marre que chacune de mes décisions soient pas assez bien pour vous. Y a toujours quelque chose à redire, tout le temps. Je suis pas parfait, je sais. Surtout à vos yeux. Mais parfois j’aimerais bien qu’on arrête de me pointer du doigt pour après dire « ah bah voilà, il pète encore un plomb et il va faire la gueule un mois ». Pas une fois j’ai pété un plomb avec Louise. Jamais. Elle s’est adaptée, nous aussi. On a passé des journées à rien foutre, d’autres à visiter. Pas une fois y a eu un désaccord. Jamais. Tu crois qu’avec maman j’aurais eu des vacances paisibles ? Mais tu te fourres le doigt dans l’œil. Maman elle veut qu’on corresponde à son image de la famille parfaite mais c’est pas mon image à moi ! Et d’ailleurs il serait tant que tu trouves ta propre image de ta famille parce que les punitions ça fonctionne pas et t’es très bien placé pour le savoir. À part penser que les parents t’aimaient pas quand t’étais ado, ça t’a servi à rien. Vous êtes tous sur les nerfs et moi je peux pas être sur les nerfs. Si je suis sur les nerfs, je deviens barje et si je suis pas méchant, alors je saute d’un pont. Tu comprends ? Arrêtez de tout mettre sur mes épaules, je porte assez comme ça.

Je sens le regard de Matthew sur moi à travers la fenêtre alors je me calme. On a passé de bonnes vacances, tout va bien. Je souffle un peu.

— Pour moi, les mots c’est pas important si c’est pas accompagné de preuves. Ça fait partie de ma maladie c’est comme ça. J’te crois pas parce que tu dis des choses sympas seulement après m’avoir trainer par terre. Et Matthew il lutte tout le temps pour que j’arrive à croire qu’il m’aime pour de vrai. Alors désolé mais j’te crois pas quand tu dis que t’es fier de moi. J’ai juste l’impression que t’es obligé d’être désolé sinon tu corresponds pas au mec parfait que les gens pensent que t’es. Moi j’t’ai jamais rien fait, au contraire. Je t’ai toujours admiré. Alors lâche-moi la grappe avec tes reproches parce que j’aimerais juste avoir un grand frère et pas un juge ou un avocat.

— Peut-être parce que je sais pas comment les dire autrement ? On n’a pas été habitué à des grandes démonstrations d’amour, c’est pas trop le genre de la maison. Mais c’est toi qui m’a apprit que ça voulait pas dire qu’on s’aimait pas. Je vis pas avec toi au quotidien, je peux pas te rassurer en permanence comme le fait Matthew. Et si demain j’arrivais chez toi avec un bouquet de fleur on sait tous les deux que tu penserais que je suis malade.

Je rigole pour masquer que je suis au bord des larmes.

— Jamais je confierais mes enfants à Marie. J’ai pas confiance en elle… Alors qu’avec toi, j’ai pas peur une seule seconde. Et maintenant que t’es papa, je sais que tu comprends encore plus à quel point ils sont ce que j’ai de plus cher au monde. C’est pas grand chose, et c’est sûrement pas suffisant, mais pour moi ça signifie quelque chose. J’ai aucune envie de t’infliger tout un tas de stress dont t’as pas besoin, je t’aime beaucoup trop pour risquer de te perdre encore une fois.

Repenser à ça, ça me fait un mal de chien.

— Tout le monde pense que je suis ce mec parfait justement et on me laisse pas plus le droit à l’erreur que toi tu sais. Je suis en pression constamment, parce que j’ai toujours voulu être le meilleur dans tout et qu’aujourd’hui j’ai l’impression de plus pouvoir reculer. Que ce soit avec ma famille, mon travail, avec toi, ou même avec mon mari. Peut-être que si je critique ta manière d’éduquer ta fille c’est parce que t’as su trouver la tienne et que moi, reproduire celle de papa et maman ne donne rien de ce que je voudrais. J’en sais rien. Et ça aussi je m’en excuse, j’ai pas à me faire non plus.