Polynésie — Famille Saint-Clair

— Encore une surprise ?

Je demande en commençant à traîner Aria derrière moi.

— On part pas en jet privé, on ne serait pas ici. Du coup, à si peu de temps de partir c’est quoi ?

Si Mimie et Edouard gardent les chiens c’est qu’on ne part pas avec eux, ils ne peuvent pas être la surprise.

— C’est plus pour Aria ou pour moi ?

Je suis un vrai gosse.

— Oh bah les deux. Ça va être de superbe vacances.

Je dis avec un grand sourire. Je récupère le doudou d’Aria avant qu’elle ne le perde quelque part parce qu’elle aime bien le jeter en l’air.

— Accroche-toi ma chérie, d’accord ? C’est dangereux, si tu tombes tu peux te faire mal.

Elle ne lutte pas, elle s’accroche et elle continue de croire qu’elle est à cheval.

On vadrouille comme ça dans l’aéroport et si au début des parents regarde Aria en rigolant, en voyant leurs gosses courir partout ils se disent vite que c’est pas une idée conne. Au moins notre bébé à nous on a aucun risque de le perdre.

— On arrive bientôt à la porte ! T’es prête à voir la surprise ?
— Oui !!

Elle est ravie, mais pas autant que moi quand je comprends.

— Maman ! Tu pars avec nous ? Mais vous aviez prévu ça depuis longtemps tous les deux ?

Je demande en venant la serrer dans mes bras. Jamais j’aurais imposé à Gabriel de l’emmener avec nous, mais il l’a fait de lui-même et il n’imagine même pas combien je l’aime davantage.

— Depuis tout à l’heure, quand je me suis décidé.

Je dis avec un grand sourire ; il est vraiment content et ça me rassure parce que c’était vraiment une bonne idée. Aria lui grimpe à moitié dessus jusqu’à ce qu’elle la porte et elle lui fait un énorme câlin. Je fonds, elle est trop adorable.

Aria accapare ma mère alors moi, ça me laisse le temps de venir enlacer mon mari.

— Je t’aime très fort mon Coeur, je te l’ai déjà dis ?

Je souris en lui volant un baiser.

— Je te dirais merci un peu plus chaleureusement quand on sera plus que toi et moi.

— Même si je l’ai pas fait pour ça, je vais pas dire non.

Je dis avec un sourire. Il y a une annonce pour qu’on embarque et le vol est loin d’être plaint alors ça va être parfait.

— Aria, tu vas avec papa ? On va monter dans l’avion et mamie est assise juste derrière nous.

Moi je récupère sa valise et on y va tous ensemble. Elle a l’habitude de prendre l’avion maintenant et on a beaucoup de chance parce qu’elle est toujours très sage. En fait, elle est toujours sage. Même si tout le monde dit le contraire. Enfin ma famille.

On s’installe dans l’avion et je l’installe au fond en ouvrant sa valise et ça fonctionne vraiment bien. Elle peut entendre ses jambes et se coucher.

— Nan mais t’as vu ce truc ? C’est génial !

Je sors son doudou, sa couverture et sa poupée et je sais qu’elle va tenir comme ça jusqu’au repas avant de dormir.

— Faut que je prenne un cachet maintenant.

Je vais pas tarder à me poser à réaliser que je vais être coincé dans un avion pour cent mille heures.

— Mais c’est génial ! T’as trouvé ça ou ?

Aria est bien installée, en train de jouer avec son doudou.

— J’ai ce qu’il faut avec moi, t’en fais pas.

Plutôt que de s’emmerder à tout chercher, j’ai pris son cachet dans ma poche pour qu’il ai juste à le prendre sans s’inquiéter de rien.

— Tu veux te reposer un peu avant le repas ? Je peux me mettre entre vous deux en attendant si tu veux, comme ça Aria te réveillera pas si elle veux regarder un dessin animé.

J’acquiesce.

— Ouais t’as raison, je vais me mettre au bout.
— T’as peur de l’avion Gabi ?, me demande ma belle-mère.
— Oui.

C’est plus simple que de répondre que j’ai pas vraiment peur de l’avion mais de pas pouvoir sortir et aussi de pas pouvoir fumer pendant autant de temps alors que je fume pas pendant parfois plus longtemps mais le faire de savoir que je peux pas m’y fait penser et j’ai aussi peur qu’un truc m’énerve dans l’avion et que je pète un plomb. La liste est longue et ça me fait presque paniquer.

— Mais ça va aller, il s’en sort toujours à merveille. Puis il a son mari qui prends soin de lui.

Je souris à ma mère, avant d’embrasser tendrement Gabriel sur la tente. Je sais à quel point c’est stressant pour lui, mais jamais ça ne s’est mal passé.

— Je t’aime mon Bébé, tout va bien.

Je lui chuchote en même temps en serrant sa main.

Je reviens à moi quand il serre ma main et je souris un peu.

— Oui, tout va bien. Ça va être super.

J’ai hâte qu’on arrive, évidemment. Et je n’ai pas envie qu’Aria ait peur à cause de moi alors je prends sur moi. J’ai hâte de manger, que je prenne tous mes cachets et que j’ouvre les yeux à Bora Bora.

— T’es pas tout seul, je te lâche pas.

Si ça ne va pas du tout, ça ne l’aidera pas forcément. Mais s’il commence à aller mal, je sais que ça peut l’aider. Jamais je ne le laisserais tomber.

Finalement, le vol se passe plutôt bien et Aria tape même sa meilleure nuit depuis des jours. C’est un véritable amour. Bon après son repas c’est Matthew qui m’a raconté parce que j’étais out mais quand on sort enfin et qu’on aperçoit la pancarte Saint-Clair à la sortie, je sais que les vacances commencent.

— Mon chapeau papa !!
— Ah oui, tiens.

Je fouille dans son sac pour lui donner son chapeau et ses lunettes de soleil. Dès qu’elle voit du soleil, elle réclame son chapeau, on l’a bien élevé. Les lunettes ça l’a saoulait un peu jusqu’à ce qu’on trouve la forme parfaite pour elle.

— Bon bah voilà, nous voilà en vacances !

— Et quelles vacances !

On est à peine sortis de l’aéroport que ça sent déjà des vacances grandioses. C’est beau, il fait chaud et on est en famille.

— Est-ce que vous êtes prêts à découvrir ce que Romie nous a choisit ? La connaissant, on va tomber par terre.
— Faut tomber ?
— Non non ma chérie ! On attends d’être à la maison pour tomber dans le sable !
— Youpi !!

Elle donne la main à sa mamie pour rejoindre la voiture et rien que pour rejoindre l’hôtel, on en prend plein les yeux.

— On va aller là ?
— Je sais pas mon bébé, je sais pas où on dort.

On est tous les trois sans voix, à regarder partout comme des gosses. C’est magnifique et on est directement pris en charge à l’arrivée à l’hôtel. Aria est en kiffe total sur son collier de fleur. Je la bombarde de photos et cette gogole prend la pause, ça me tue. On a même droit à un cocktail - sans alcool. Romie est adorable, elle a pensé à tout.

— Tiens microbe, boit avec ta paille si tu veux.

Mais elle s’en fout, elle danse avec une fille qui lui montre une danse local à la Lilo et Stitch.

— J’ai l’impression d’être dans un Disney, y’a tout qui est parfait.

On en a fait des voyages pourtant, la majorité comme là, sur des coups de tête. Mais celui là, j’ai l’impression qu’il va tout surpasser. J’en prends déjà plein les yeux.

— Plus ça va plus on se rapproche de la plage. Tu crois qu’elle a choisit quelque chose en bord de mer ? Ce serait l’apothéose !

— Connaissant Romie, je pense qu’elle a fait les choses bien.

On s’engage sur un ponton et là, peu importe ce qu’on aura, ce sera fantastique.

— Va faire un câlin à ta mère, j’crois qu’elle va pleurer là.

Elle a l’air tellement émue d’être là. Aria ne lache pas ma main et on va mettre des règles sur le danger des qu’on arrive parce qu’il y a de l’eau partout ici.

Il a raison, elle est émue et dès que je passe un bras autour de ses épaules, elle lâche une larme.

— Merci mes chéris de m’avoir invité à passer du temps avec vous.
— Remercie Gabi maman, c’est grâce à lui qu’on est tous là.
— Merci pour tout Gabriel ! C’est magnifique ici.

Elle lui dit avec plein d’émotions dans la voix. Je suis vraiment content d’être avec eux tous.

— Attendez c’est ça chez nous ?

Je suis sans voix face à ce qui se présente à nous. C’est bien mieux qu’un Disney, en réalité.

Finalement, c’est pas deux bungalows, c’est un seul et même truc mais c’est tellement magnifique. Y a deux grandes chambres opposées l’une à l’autre et dans la plus grande, il y a un lit pour Aria. C’est parfait. Deux salles de bain. Un grand salon. Et une terrasse vue sur la mer. Y a une petite piscine sur la terrasse et des bains de soleil, un filet tendu au-dessus de l’eau… c’est magnifique.

On nous explique qu’on a accès à tous les restaurants du complex et qu’il ne faut pas rater les soirées spectacle du vendredi. Mais que si on le souhaite, on peut se faire livrer la nourriture chez nous directement. Et qu’un chef peut même venir nous faire un petit barbecue, poisson, viande, fruits… ce qu’on veut. On organise déjà la livraison du petit déjeuner tous les jours à partir de 9 h 30 et le reste, on verra. Je suis pas du genre à vouloir me mêler aux gens mais je pense que les diner spectacle et l’ambiance du complex… on ne doit pas passer à côté.

— On va ramener un super cadeau à tata Romie, hein ?

— La elle mériterait au moins la même chose que nous !

Je dis en sifflant d’admiration.

— Mais on va bien trouver quelque chose qui la remercie à la hauteur de ce qu’elle a trouvé.

On a de quoi passer des vacances fabuleuses. Aria est déjà en feu, ma mère est ébahie et Gabriel et moi on en pense pas moins.

— Je crois que je pourrais passer toute une vie ici sans me lasser.

— A l’eau !!!
— Oui bah en parlant d’eau, viens-là le microbe.

On s’accroupît pour être à son niveau et elle sait tout de suite que c’est très très important parce qu’elle nous écoute avec attention.

— Il y a plein d’eau partout et tu ne sais pas encore bien nager, ok ? T’as pas pied ici. Nulle part. Donc… interdiction d’aller dans l’eau toute seule. Seulement avec papa ou moi ou mamie. On doit toujours toujours te voir et aucune baignade sans brassard. T’as tout compris ? Pas toute seule et les brassards.
— Pas toute seule et les b’assa’d !
— C’est bien mon ange, t’es géniale.

On lui fait un énorme câlin et du coup elle demande les brassards.

On va être sollicité en permanence parce qu’elle va clairement pas perdre une seconde pour être dans l’eau, mais ça va faire beaucoup de bien.

— Est-ce que tu laisses une seconde à papa pour mettre son maillot ? Je reste avec toi pendant ce temps là et après je vous rejoins tous les trois !
— Viens dans l’eau !
— On arrive mon ange. On va pas y aller en slip !

Je rigole en lui faisant un gros bisou.

— File te changer, j’irais après !

Je souris à Gabriel avec tendresse.

— Bah attends, je la prends pour la changer aussi. Viens ptit cul, tu vas pas te baigner en leggings.

J’ouvre les valises pour récupérer les maillots. Là c’est même pas la peine de songer à la mettre juste en culotte, elle a son truc à manche longue, le soleil tape fort, on prend aucun risque, même si elle a la peau mat.

— Allez, t’es prête. Demande à papa de te faire une tresse. Pas une couette ok ? Sinon le chapeau va pas passer. Une tresse.
— Ouiiiiiii !!

Elle part en courant et je me change en l’entendant dire à Matthew « une tesse une tesse ! » ; ça me tue. Quand je les rejoins, c’est finalement mamie qui fait la tresse parce que Matthew gonfle les brassards.

En fait, je crois que j’ai aussi hâte qu’elle. Qu’est-ce qu’on va être bien tous les quatre !

Ma mère s’occupe d’Aria et je la lui laisse un instant, le temps de ramener Gabriel dans notre chambre. La valise est en bordel sur le lit, ça me fait rire. On est déjà chez nous, y’a pas de doutes.

— Merci beaucoup pour tout ça mon Coeur.

Je l’embrasse longuement en le serrant fort dans mes bras. On n’a pas été juste tous les deux depuis plus de vingt quatre heures et juste ces quelques minutes me font du bien. Beaucoup de bien.

— Et pour maman. Ça m’en touche beaucoup.

Je lui rends son baiser et ses câlins avec tendresse.

— Me remercie pas. Elle partait pas en vacances et je sais qu’avec elle ça va très bien se passer. Toi aussi, tu fais beaucoup toute l’année, c’était à mon tour de te faire une surprise.

— Elle est géniale cette surprise. Et je sais que tout va bien se passer avec elle.

Elle a eu du mal à bien se comporter au début, parce qu’elle a eu ce réflexe stupide elle aussi de penser que Gabriel n’était là que pour mon argent. Heureusement elle a su voir plus loin et aujourd’hui elle le respecte et l’apprécie sincèrement.

— Je t’aime et on va être bien ici. On y reste combien de temps d’ailleurs ?