Ill be fine. Charlie & Lexie

— Peut-être qu'un jour ça nous servira à autre chose, va savoir !

Je lui en réponds sur le même ton, tout en regardant les photos qu'on vient de faire. J'ai la plus belle femme du monde et je ne sais même pas comment elle peut ne pas s'en rendre compte. Enfin si, je sais, mais merde. Quelle beauté.

Quand elle sort de la voiture, je souris niaisement.

— Tu es sublime. La robe va donner un côté plus doux aux photos. Tu verras !

J'attrape sa main et je l'emmène jusqu'au bord de l'étendue d'eau. L'endroit est déjà magnifique, mais avec un tel modèle, je ne l'avais jamais autant aimé.

— Y a de grandes chances pour que je veuille tester ça, en effet.

Certainement pas enceinte vu comment simplement me changer a été fastidieux, mais je note ça dans un coin de ma tête.

Je pense que la séance dure au moins deux heures et je joue le jeu pour de vrai, mais quand il m’autorise à réenfiler toutes mes couches de vêtements, je suis aussi la plus heureuse du monde.

Il m’enferme presque dans la voiture avec le chauffage le temps de ranger tout son matériel et quand il rentre, j’ai un sourire de trois kilomètres.

— On pourra en faire à l’appartement ? De nous ? J’ai acheté un album de naissance parce que je sais que tu sauras parfaitement le remplir sur la première année, mais j’aimerais qu’on le commence avec des photos de nous en mise en scène du quotidien. Pas aujourd’hui, hein, ce week-end ?

— C'est à dire ? ''Maman qui se lave les dents'' ? ''Papa qui pisse la porte ouverte'' ? ''Tes parents qui t'aiment et regardent un film d'horreur alors que t'es dans le canapé avec nous'' ?

Je souris en la taquinant, mais mon regard la couve tellement qu'elle ne peux que comprendre que j'adore l'idée.

— Si tu me confie la mission remplissage, tu peux être sûre que je m'y mets corps et âme dès maintenant. Pour elle, et pour nous.

— Bah ouais ! Enfin pas papa pisse la porte ouverte, elle le découvrira toute seule, ça. Mais j’sais pas, de belle photo de nous qui ressembleraient pas à un shooting pro mais qui en serait un, tu vois ? Nous au quotidien, sur de belles photos.

Je ne sais même pas si je suis claire, mais j’ai envie qu’on ait nos photos de coup’e aussi, mais que moi qui suis enceinte. J’ai envie de réparer ça et de lui montrer qu’il peut encore profiter de ma grossesse, même deux mois.

— Tu devrais même proposer la prestation. Elle va avoir un album photo parfait. D’ailleurs... t’as déjà pensé à des prénoms ? Parce qu’on dit toujours « elle » mais ?

— Je vois tout à fait mon cœur.

Je souris en venant caresser sa joue avec tendresse. Finalement, j'en aurais des souvenirs de tout ça. Et même si ce n'est que de la fin de sa grossesse, c'est déjà énorme pour moi qui me voyait déjà ne rien vivre avec elle jusqu'à l'accouchement.

— On verra plus tard pour ce que je propose ! Pour l'instant ce sera pour notre petite famille ! Toi, moi et Charlie Junior.

— Charlie Junior ? T’es aussi peu créatif ??

Je demande en riant.

— Bon, on a rendez-vous d’ici une demi-heure au studio de yoga... c’est là que j’ai mon cours de truc prénatal là. Pour apprendre à respirer et je sais pas quoi. Tu veux venir...?

J’ai raté le premier parce que je ne voyais pas y aller seule.

— J'ai plein d'autres idées, mais je me suis dit que ce serait le plus joli prénom pour dire que c'est ma fille !

Je la suis en riant, puis je capte ce qu'elle est en train de me demander.

— Tu déconnes ? Comme dans les films là ? Évidemment que je veux ! T'en as déjà fait ? Je savais même pas ! Lexie !

Le yoga oui, mais en truc prénatal non. Merde, j'ai raté tant de choses que ça ?

— Ok, alors Charlie Junior pour l’instant.

Je dis en souriant. C’est mieux que cacahuètes ou j’sais pas comment les filles du yoga les appelle.

— Non, j’ai jamais fait. C’est la première fois pour moi aussi. Je sais que j’en n’ai pas besoin parce que j’écouterai que toi. Alors... bon, t’en as besoin, toi. Pour savoir quoi me dire.

— Oh mon cœur...

Ça me rassure d'entendre ça. Tout n'est pas râté ou perdu. On va profiter à fond de cette fin de grossesse, ensemble.

— On y va ! Je vais tout prendre en note et je serai ton assistant personnel comme ça. Limite tu pourras accoucher à la maison.

Je rigole en venant embrasser ses lèvres. J'ai la sensation de la retrouver et c'est terriblement bon.

— Merci mon amour, j’aurais eu trop peur sans toi.

J’avoue sans honte.

— Je suis désolée d’avoir mis autant de temps à être prête à partager tout ça avec toi. Mais c’est pas juste pour le jour de ton anniversaire. C’est promis.

Je répète ; je tiens quand même à ce qu’il le sache parce que je ne veux pas qu’il pense qu’il a juste de la chance aujourd’hui.

— Ma prof de yoga m’a parlé d’un petit restau sympa à deux villes d’ici. Excellent pour les personnes qui font attention à leur ligne. J’ai réservé pour 14 heures comme c’est ouvert tout l’après-midi...

— C'est pas grave, ne t'en fais pas... J'ai appris à me blinder. Mais merci. Merci parce que j'en avais vraiment besoin moi aussi.

Mes lèvres épousent les siennes avec tendresse.

— Demain c'est mon anniversaire encore, si jamais...

Je la taquine, impatient de vivre cette journée et toutes celles qui arrivent.

— Je serai avec toi pour le cours mon ange. Et après on ira déjeuner là-bas avec un énorme plaisir. J'ai déjà hâte de vivre toute cette merveilleuse journée !

— Moi aussi, j’ai hâte. J’ai hâte de voir les photos aussi. Et d’arriver au studio de yoga car je dois faire pipi j’en peux plus, c’est affreux.

J’aurais bien ri mais je ne prends pas le risque, des fois que j’ai une fuite.

— Pisse toi dessus au pire. On a tout ce qu'il faut comme tenue de rechange derrière !

Je rigole avant de prendre la première à droite et de quitter enfin l'endroit. Une fois l'adresse en tête, je sais qu'on va y arriver rapidement.

— C’est pas drôle, ça fait hyper mal.

Je râle. Et je ne me pisserai pas dessus ; j’aurais beaucoup trop honte.

— Quoi ? Alors quand on est enceinte on a le droit de râler pour tout ? Même quand on doit se retenir de pisser ?

Je caresse ses cheveux, avant de reprendre ma main pour qu'elle ne me morde pas.

— Trop triste de ne pas avoir d'utérus !

— T’as personne qui te donne des coups de pied sur ta vessie, c’est tout. Je pourrais me retenir longtemps si personne n’appuyait dessus... mais bon.

Je rétorque en levant les yeux au ciel.

— Tu m’en veux de t’avoir tenu à l’écart ?

Son petit air ronchon est absolument adorable et je lui mime un baiser en souriant. Quand elle me demande si je lui en veux, j'hésite une seconde à rester flou, puis j'abdique. On est censés de dire beaucoup de choses, pour avancer. Et comme ces trucs là, elle n'a pas pu les lire dans mon portable...

— Oui. Au début j'essayais de me dire que c'était pas grave et que je te comprenais. Mais plus ça allait et plus c'était difficile à vivre. J'avais l'impression d'être là juste pour prendre soin de toi, un peu comme un infirmier, mais sans avoir aucun droit d'avoir accès à plus. Un jour, j'en ai même parlé avec Adam, parce que Logan il a eu cette chance d'avoir un enfant avec Moïra. Adam ce ne sera pas son cas, il n'aura pas la chance de vivre une grossesse en passant par l'adoption, et j'ai eu la sensation d'être comme lui. Mais j'ai vite compris que c'était pas le cas et que nos situations n'étaient pas comparables. Lui, il a choisis avec Logan de passer par l'adoption. Moi j'ai rien demandé et j'étais quand même un actzur de second plan dans ma propre vie. Je vais pas te mentir Bébé, y'a des jours ou je t'en voulais grave, oui.

Je crois que ça me fait du bien de l’entendre. Pas parce que c’est agréable, mais parce que ça me confirme qu’aujourd’hui, je fais les bons choix.

— Je sais que c’est trop tard pour rattraper les quelques mois qui sont déjà passés, mais ceux-là, tu pourras en profiter comme t’en as envie. Vraiment. C’est pas juste aujourd’hui ou demain ou parce que je suis de bonne humeur. Finalement c’était dur pour moi de vivre ça toute seule et de pas m’extasier sur telle ou telle chose simplement parce que je ne voulais pas te blesser encore plus. Alors... si t’as envie de lui parler, de lui lire des histoires et d’avoir ta main sur mon ventre chaque fois que t’en as envie, tu peux. Il me reste la dernière écho de contrôle et tous les prochains rendez-vous avec la sache-femme.

Je lui adresse un petit sourire triste.

— Et puis... pour nos autres enfants, tu pourras en profiter pour de vrai.

Je sens que je doute encore. Je ne demande qu'à croire que je vais vraiment pouvoir participer à ça pendant les deux mois qu'il reste, mais il y a une part de moi qui reste sceptique. Je crois que j'ai peur de n'avoir que les quelques prochains jours, malgré ses dires.

— Nos autres enfants ?

Je demande en réalisant ce qu'elle dit.

— Tu voudras vraiment d'autres enfants ?!

Je hoche la tête avec un sourire sincère.

— Oui. Autant qu’on peut en assumer. Enfin si t’en veux d’autre aussi...

— J'y avais pas pensé, je t'avoue. Je me disais pas que tu voudrais en avoir d'autres.

Soyons franc, encore un peu.

— Mais je crois que ca me plairait beaucoup, oui ! Moi qui ai toujours rêvé d'avoir des frères et sœurs !

— On va déjà voir comment on s’en sort avec elle... mais je sais qu’on va y arriver.

À nous deux, il n’y a aucune raison qu’on ne s’en sorte pas. Et puis, il a pu mettre tellement d’argent de côté ces derniers mois, qu’on va pouvoir partir en voyage tous les trois assez rapidement.

Je souris, sans dire un mot de plus. L'angoisse de l'accouchement approche et même si j'essaie de ne pas penser à ma mère, c'est difficile parfois.

— On sera ensemble.

Je reponds en attrapant sa main. J'ai besoin d'y croire et d'en être convaincu.

— Bien sûr qu’on sera ensemble.

Je comprends rapidement à son expression qu’il fait référence à sa maman, quand il prononce ce genre de phrase, et je réalise qu’il est bien plus angoissé que moi pour cet accouchement.

— Tout va bien se passer, Chéri. Tu devrais en parler avec Logan, lui demander comment ça se passe. Il te rassurerait.

— Si je m'ecoutais, je lui demanderais carrément de venir avec moi le jour J.

Je rigole pour détendre l'atmosphère, mais ça va être dur pour moi, j'en ai pleinement conscience.

— J'ai déjà lu plein de choses, je suis assez calé je crois. Juste... N'accouche pas ici, s'il te plaît. Où je vais faire une crise d'angoisse !