Ill be fine. Charlie & Lexie

— Tu peux. Bon pas dans la salle, faut pas déconner, mais si ça te rassure d’aller boire un café avec lui ou de savoir qu’il est là.. tu peux, mon amour. Je doute que Nana fasse le déplacement avant qu’elle soit née, alors... si c’est le soutien dont t’as besoin, ça me gêne pas.

Je me sens encore plus nulle de réaliser à quel point une grossesse peut-être angoissante pour lui. Et qu’il traverse ça tout seul. Quand il se gare, je sors vite de la voiture pour aller lui faire le plus gros câlin de tous les temps — et je ne fais pas en sorte de ne pas le toucher avec mon ventre, cette fois-ci.

— J’accoucherai à l’hôpital. T’inquiète pas.

Quand elle vient me prendre dans ses bras, j'ai l'impression que le monde pourrait s'écrouler, j'en aurais rien à foutre. Je me sens à ma place et ça fait un moment que c'était pas arrivé. Alors je ne la lâche plus et je la serre tendrement en faisant attention à son ventre.

— Je crois que j'aimerais bien qu'il soit là... Ça te dérangerais vraiment pas, si je lui demandais ? Imagine tu restes des heures en salle de travail, je vais jamais savoir gérer ça tout seul.

Je me rends compte que je n'en ai jamais parlé avec elle, en fait. Pas depuis l'annonce de la grossesse du moins.

— Ça ira mieux quand je vous aurais toutes les deux auprès de moi.

Je souris en embrassant sa tempe, avant d'attraper sa main.

— Bon, on file apprendre à respirer ?

— Non, ça me gênerait pas.

Je réponds très honnêtement. Puis il connaît déjà ça, alors il saura forcément le rassurer. Quand il conclue sur la respiration, j’éclate de rire.

— Ouais, allons apprendre des trucs que je retiendrais pas.

— T'as intérêt d'écouter quand même ! Sinon tu sais pas à quelle punition tu vas avoir droit le jour où je m'en rendrais compte !

Je rigole en passant mon bras autour de sa taille. Bien vite, on se retrouver dans le bâtiment et il y a beaucoup de couple, alors c'est rassurant. J'imagine déjà Lexie se dire que ce sont des conneries, mais je suis rassuré qu'on soit ici.

— On doit se fringuer comme des bouffons tu crois ?

Quand je vois tous les couples présents, je me demande à quelle catégorie on appartient. On n’est certainement pas les bobo bourgeois coincés du cul, ni le couple parfait qui sait tout, ni ceux qui s’engueulent déjà sur comment s’installer. Alors je me demande qui on est, aux yeux des autres.

— T’es trop bizarre, on dirait une secte.

Je chuchote après qu’on se soit signalé au prof et qu’elle nous ait proposé de nous placé près d’elle. Comme ON N’ÉTAIT PAS LÀ LA DERNIÈRE FOIS. On se retrouve à côté d’une femme seule, ça me fait de la peine.

— T’as intérêt de l’aider si elle a besoin d’aide.

Je chuchote à Charlie.

Je ne pensais pas qu'il y aurait tant de monde, mais ça me va quand la prof nous installe à côté d'elle. Il y a une maman toute seule, aussi. Et si je ne l'avais pas remarqué, Lexie se charge de me le dire.

— Si ca se trouve, ce sera à vous de m'aider je te ferais remarquer !

Je grimage à côté d'elle.

— Je sais même pas faire la galipette imagine !

— Bien sûr que si, mon amour. Déjà, tu me l’as fait, ce gosse. À partir de là, t’as du talent.

Je dis en pouffant de rire.

— C'est grave à mes spermatozoïdes magiques, c'est tout !

Je réponds en chuchotant sans pour autant pouvoir retenir mon éclat de rire.

— Mais bon, il faut dire que te faire ce gosse, c'était quand même beaucoup plus excitant que les collants de la prof.

Je lève les yeux au ciel ; c’est fou ce qu’il peut être débile parfois. Mais je l’aime comme une dingue.

Quand la prof s’assoit, tout le monde se tait. Chaque couple est prié de se présenter ; on n’est pas les seuls nouveaux. Y en a, je suis sûr qu’ils sont amis avec la sœur d’Adam. Mais on n’est pas là pour copiner et j’ai déjà hâte que ça finisse. Les exercices de respiration sont les mêmes qu’en cours de yoga alors finalement, je ne suis pas perdue. C’est quand on nous file un faux bébé et une baignoire que j’ai du mal à garder mon sérieux. On est en atelier libre, la prof est passée nous voir les premiers alors on attend là avec notre bébé en plastique.

— Nan mais c’est débile ce truc ! C’est même pas comme ça qu’on doit la tenir.

Adam a les mains dans l’eau en tenant bizarrement le poupon.

— Si tu la tiens seulement la tête et la nuque c’est mieux, t’as l’autre main de libre.

Je lui chuchote. Là faut être à deux pour laver un bebe, dans notre salle de bain c’est pas possible.

Je peste parce que certaines choses me paraissent complètement illogiques. Mais j'essaie de faire de mon mieux malgré tout.

— C'est elle oa formatrice, mais tu m'expliques mieux qu'elle. Tu trouves ça normal toi ?

Je demande à Lexie en riant quand elle râle. Je ne sais pas si c'est à cause de son job, mais elle a déjà des gestes qui lui semble innés et ça me touche. Elle serait une maman géniale, il n'y a aucun doute là dessus.

— On s'en sort pas si mal en fin de compte ! Je crois qu'on est fin prêt !

— C’est parce que y a une différence entre technique et pratique... puis c’est tellement impressionnant avec un nourrisson. Là...

Je grimace ; là, c’est nul.

— J’aurais mieux fait de t’emmener au yoga.

J’ai l’impression qu’on perd une heure de notre temps, mais je sais que ce n’est pas vraiment le cas : Charlie met véritablement un pied dans ma grossesse et c’était important de le marquer comme ça.

— T'as qu'à m'y emmener une prochaine fois !

Je rigole en la regardant grimacer. Je crois qu'on est un peu en train de perdre du temps pour rien, mais au moins on est ensemble et c'est appréciable. Même si c'est chiant, on se retrouve autour de notre bébé et c'était important. Surtout pour moi...

— Et dire que j'aurais pu commencer à bosser sur les photos de ce matin.

Je souris tendrement, ça c'était vraiment le meilleur cadeau du monde. Et à force d'y songer, l'heure finit par passer et je me rends compte une fois qu'on sort que ça fait un bien fou. Et j'ai vraiment très faim, en plus

— Bon bah... le dernier rendez-vous ici, on ne va pas le faire.

Je dis avec détermination. Je crois que ce genre de groupe sert également à se faire des amis qui vont devenir parents aussi, mais on n’a pas vraiment besoin de ça.

— J’crois qu’on a bien mérité de manger. Moi aussi, j’ai un peu faim. On y sera en vingt minutes.

Je suis ravi de l'entendre dire qu'elle a faim elle aussi. C'est toujours une bonne chose sortant de sa bouche.

— Tu as quelque chose de prévu après le resto ? Ou il faut que j'aille prendre messieurs Wheeler en photo ?

Je demande, taquin, en lui ouvrant la portière.

Je lui adresse un large sourire.

— Shopping et puis on rentre à l’appartement. Et certainement que je ferai la plus grosse sieste de tous les temps. Parce je serai au bout du rouleau.

— Tu crois qu'on pourrait acheter quelques trucs pour la petite aussi ?

Je demande avec des étoiles dans les yeux. Pour ça non plus, on n'a jamais rien fais tous les deux. Je ne sais même pas comment on va s'organiser à l'appartement en attendant de trouver un nouvel endroit.

— On habille maman et sa fille comme ça !

— D’accord...

Je n’y avais pas pensé parce que je suis un peu superstitieuse. Mais je crois que j’ai bien envie de faire ça avec lui.

— Comment on va faire à la maison ? On n’a pas de place. Je sais même pas où on pourrait mettre un lit...

— Je crois qu'il faudrait qu'on déménage, et vite. Mais je ne me vois pas sonner chez les voisins et leur demander quand est-ce qu'ils comptent se tirer et louer ou vendre leur appartement.

Je souris en attrapant sa main dans la mienne.

— On va se débrouiller mon bébé. Et on va tout faire pour rester dans notre immeuble, promis.

— Si ça se trouve, y a un appartement vide et on le sait pas... mais là, on ne va pas y arriver. Jusqu’à trois mois ça ira mais ça passe vite alors...

J’étais tellement dans mes problèmes toute seule que je n’avais pas pensé à ça.

— Là, tu vois, ça me fait un peu flipper.

— Je vais me renseigner Bébé, ok ? Je vais voir avec les divers voisins, laisser entendre qu'on aimerait rester ici et tout. Y'en à bien qui vont avoir des idées ou des tuyaux à nous donner.

Je vois bien que tout à coup la peur la gagne et je tente de la rassurer comme je peux.

— On a encore quelques mois, pour réussir à trouver l'endroit où construire notre cocon ! On va trouver ! T'as confiance en nous, pas vrai ?

— Alors en nous, non, parce que ça m’inclus, mais j’ai confiance en toi, ça c’est sûr:

Je réponds avec un sourire amusé.

— Ah et je t’ai pas dit ? Hier j’ai une collègue qui m’a appelé pour me demander si je prenais un congé parce qu’ils s’en sortaient pas. J’ai pas su quoi dire... apparemment, c’est vraiment le bordel. Elle m’a même demandé sur le ton de la blague si j’avais quelques heures à tuer.

— Oui, mais est-ce que ce n'est pas ensemble qu'on a toujours réussi ?

Elle n'a d'autre choix que de hocher la tête pour approuver.

— Les heures à tuer pour avant, tu oublies Lexie. Je ne rigole pas, tu ne vas pas aller reprendre le boulot à deux mois de ton terme ! C'est trop dangereux !

Je nous lance en route vers le resto et elle me guide comme elle peut quand il y a besoin.

— Par contre, tu voudrais reprendre après ? Je veux dire, tu te vois reprendre rapidement ou avoir un long congés mater ? À ce moment là, ce sera ton choix mon bébé. Et je n'aurais rien à en redire !

— Non, j’irai pas... vraiment, elle m’a fait de la peine et j’ai voulu pleurer, j’crois que c’est les hormones, mais vraiment ça m’a fait de la peine... puis je sais qu’ils ont du mal à s’organiser. Puis mes patients... enfin j’y retournerai pas maintenant. Ni maintenant ni après, parce qu’après j’ai envie qu’on voyage tous les trois pour tes photos.

— C'est pas ton amie Lexie. C'est une fille avec qui tu bosses, qui galère et qui finit par t'appeler parce qu'elle n'arrive pas à se sortir de la merde dans laquelle elle nage. Sois pas triste...

Je caresse sa cuisse tendrement. Ses collègues peuvent parfois être de véritables connes et là, je prie très fort pour qu'elles soient encore plus dans la merde d'ici peu.

— On voyage d'abord ?

Je lui souris en coin.

— Et après on reviendra se poser et reprendre des vies moins fofolles ?

J’ai conscience que c’est mieux comme ça, alors je n’y changerai rien. Même si je continue de me dire que je les mets vraiment dans la merde.

— On voyage avec notre bébé, nos bébés, même. J’ai pas envie qu’on soit freinés dans notre vie à nous alors que nos enfants pourront forcement s’adapter, non ? Pour notre première, on attendra qu’elle ait au moins six mois et on décolle ? Qu’est-ce que t’en dit ? Faut qu’on s’adapte, qu’on trouve nos marques.