Stay calm — Edouard & Romie

— Mon père est juste riche. Enfin, riche comme moi. Il a bossé, a fondé sa société, placé des fonds et tout ça. Ma mère elle...

Je soupire à l'idée de la faire fuir. C'est tellement loin de son monde. Du monde normal.

— Ma mère, et donc Max et moi, on descends des Bonaparte. C'est comme... Un peu comme si on descendait des Tudor, sauf que c'est une famille française. Napoléon Bonaparte a été le premier empereur des Français et il est très connu pour ses faits d'armes et tout un tas de choses. Je suis fier de cette partie là de mon héritage, de cet héritage français, c'est pour ça que j'ai gardé le nom de Bonaparte, alors que Max à le nom de notre père.

Je pose ma main sur sa cuisse avec tendresse.

— Tu feras pas tâche mon chat, on sera tous les deux.

Je reste sous le choc pendant un long moment. Comme les Tudor. Un empereur. Et moi j’ai même pas de culture générale. Il pose sa main sur sa cuisse pour me rassurer mais franchement ça fonctionne pas.

— Mais ils vont jamais m’aimer !

— Ce sera sûrement pas facile avec mon père, mais il nous aime déjà que quand il veux Max et moi, alors faudra surtout pas que tu prennes mal s'il agit comme un con. Et moi je serais là, je te lacherais pas. Et Max sera là aussi.

Je lui souris.

— Ma mère ce sera différent, mon Chat. Et t'es une femme superbe, t'es la femme que j'aime et si moi tu me plaît, tu lui plaira aussi.

En tout cas j'espère. Mais je vais la ménager un peu pour le moment.

— Pff moi j’ai bien plus peur des mamans que des papas.

Je dis dans un soupire. J’en ai eu plein des copains et elles m’ont jamais aimée.

— Mais si t’es là, alors je suppose que ça ira. Tu pourras me raconter l’histoire de ta famille ? Parce que j’aimerais bien savoir quand même. C’est une chance d’avoir ça comme héritage familial.

— Alors n'ai pas peur, c'est pas elle qui devrait faire un scandale ou quoique ce soit.

Je souris tendrement.

— Je te raconterais tout mon Chat, c'est promis. Un soir où t'es pas fatiguée ? Parce qu'on en a pour des heures si on se lance.

Je rigole alors qu'on approche de l'église.

J’acquiesce avec une petite moue.

— Je suis presque trop fatiguée pour marcher...

Je lève les yeux au ciel et je gare la voiture sans répondre. Puis je fais le tour de la voiture et j'ouvre sa portière avant qu'elle n'ai le temps de dire ouf.

— Est-ce que Mademoiselle voudrait que je la porte jusque sur son lit ? Puis que je la déshabille ? L'accompagne sous la douche ? Puis retourne la déposer devant un bon film sous une couette après ça ?

J’affiche un air malicieux avant d’acquiescer.

— Ce serait fantastique !

Je dis en allant directement me blottir dans ses bras.

— Puis tu continues de t’entraîner comme ça, c’est important.

— Très important, oui !

Je rigole en refermant la portière avec mon pied, alors que je la serre déjà contre moi.

— On prends ton sac au passage ? Histoire que je me muscle encore plus ?

— Yes !

Je dis en l’attrapant. C’est vrai qu’il est lourd ce con de sac. Mais Edouard il s’en sort bien, il est super fort parce qu’il arrive à nous porter, mon sac et moi, directement à l’étage.

— T’as bien aimé faire de la boxe, alors ? Je t’ai même pas demandé.

Je demande alors qu’il me déshabille, comme il l’a dit. Moi j’ai pas du tout envie de faire quoi que ce soit.

Je la déshabille et elle, elle ne pense qu'à la boxe. À moi du coup ? J'adore.

— C'était vraiment génial ! C'est éreintant, je me demande comment ton frère a pu retrouver un tel niveau après ce qu'il a vécu ! C'est assez fascinant en fait.

Je réponds alors que je lui retire le reste de ses fringues.

— Ça sera aussi à toi de me dire si je prends de la force dans les bras ! Si tu vois ce que je veux dire !

— T’inquiète pas, va. J’vais pas en perdre une miette.

Je dis en riant. Je le laisse me porter jusqu’à la douche et en fait, je ne fais rien du tout, si ce n’est le regarder avec des yeux amoureux et l’écouter me parler d’un collègue qui le fait chier à son boulot. Je ne sais même pas comment on en est arrivés là, mais ce n’est pas la première fois qu’il vient sur le tapis. Il me borde dans notre lit quand il me dit qu’il va le virer.

— Tu vas bientôt partir. Le vire pas... imagine qu’il a besoin d’argent pour nourrir sa famille. Je sais pas moi... t’as qu’à lui donner du travail vraiment nul et chiant. Ou pas lui donner de travail. Il vient mais il sert à rien. Ou bien tu le changes de services pour le mettre dans un truc nul... mais le vire pas. Imagine qu’il t’emmène en justice ?

Je me doute bien que ce ne sera pas la première fois que ça lui arrive.

— Et alors ? Parce qu'il a peut-être une famille à nourrir ça l'autorise à être con ? Moi il passe son temps à me faire chier et il y connait rien à ma vie. Je pourrais être dépressif, m'occuper de ma mère qui va bientôt mourir et avoir une petite amie avec de graves problèmes de santé. C'est écrit sur mon front que c'est pas le cas ? Je crois pas, non.

Je soupire, parce que j'en peux vraiment plus de voir sa gueule tous les jours.

— Il a le droit d'être un connard, mais pas d'en faire profiter tout le monde. Au pire s'il me traîne en justice il le fera pour quoi ? Licenciement abusif ? J'ai des avocats tellement bons que le dossier sera clôturé avant d'être traité parce qu'il n'aura pas les moyens de payer de frais sur une si longue période.

Quand Edouard parle de son travail, il est complètement une nouvelle personne et je ne connais pas son univers, je n’arrive pas à le comprendre alors quand il s’énerve comme ça, j’ai l’impression que moi aussi, il pourrait m’attaquer en justice et ça me fait peur. Alors j’arrête de donner mon avis car ce n’est clairement pas le bon.

— Bah vire-le, alors.

Moi je m’enfouis sous les couettes, sans m’éloigner de lui, et je préfère me ranger de son côté pour qu’il ne s’énerve plus contre moi.

Je soupire quand elle s'enfouie sous la couette.

— Je ne voulais pas m'énerver sur toi mon Chat, désolé.

Je minaude en la rejoignant sous la couette et en la serrant contre moi.

— Je suis à cran à cause de boulot, je dois être chiant en plus. J'en arrive même à te parler de mes problèmes là-bas alors qu'on est sous la douche. C'est nul un peu.

— Non, c’est pas nul.

J’accepte son câlin volontiers.

— C’est bien que tu m’en parles, j’aime bien, c’est important parce que je suis là pour t’écouter aussi et puis t’en as besoin et ça m’intéresse, mais j’aime pas que tu me cries dessus.

— Et ca me fait du bien d'en parler avec toi. Ça me permets d'avoir un avis totalement différent des gens du milieu. Et toi je sais que tu me réponds pas juste par peur de moi.

Je la serre contre moi, en embrassant sa tempe.

— Tu crois vraiment que le virer ce serait pas la meilleure chose à faire ?

— Bah... j’crois qu’il aime pas que tu sois plus jeune que lui et que tu lui donnes des ordres. Mais... j’en sais rien. J’y connais rien en bureau, moi. Le seul truc que je sais faire c’est draguer les vieux pervers pour avoir de l’argent.

Je dis avec une petite grimace.

— Si tu veux le virer parce qu’il est incompétent, fais-le. Si c’est parce qu’il est chiant, rappelle-lui que son âge lui donnera pas l’immunité. Tu restes le meilleur et le seul décisionnaire. C’est comme ça. Mais ne t’énerve pas. C’est du travail.

Je soupire, bien obligé d'admettre qu'elle a raison et que je dois essayer de rentrer à la maison sans me soucier encore de ce con et du reste.

— J'y penserai alors. Je verrais comment ça se passe la prochaine fois et qu'est-ce qui semblera être le plus juste.

Ma main caresse sa peau avec tendresse.

— Et ne dis pas ça à propos de toi mon chat. Y'a plein de choses que tu sais faire. Te rabaisses pas de cette façon là, moi je te trouve fascinante. Si t'étais pas douée, Charlie continuerait pas de te garder lui, en plus. Meilleur ami de ton frère ou pas !

Je souris doucement.

— Bien sûr que si, il me garderait. Mais je porterai simplement son appareil photo ou même son sac. Je me rabaisse pas. Je suis lucide. J’ai pas beaucoup été à l’école et quand j’y allait j’avais trop de problème en tête pour être attentive. Je suis nulle en maths, en anglais, ma culture s’arrête aux médicaments, à la drogue et aux lois qu’on peut contourner et je suis une bonne pute. C’est mon passé, c’est comme ça.

Je dis en caressant son visage pour le rassurer.

— Mais t’es là et tu m’apprends plein de choses et je me sens vraiment moins bête. Et tu te moques pas, tu m’apprends et tu m’aides ! N’importe qui aurait pu se moquer et pas vouloir être avec moi, surtout que toi t’as plein de culture, t’es hyper intelligent. Je me sens valorisée avec toi et j’ai envie d’apprendre encore plus !

— Mais t'es pleine d'esprit, debrouillarde, t'es à l'écoute des gens, t'as toujours de bon conseils. C'est facile d'être intelligent quand t'es blindé de thune et que tes parents ont les moyens de t'offrir les meilleurs écoles et des valeurs qui semblent importantes en société.

J'attrape son visage doucement pour y déposer mes lèvres.

— Mais avant de te rencontrer, j'étais un vrai connard. Je couchais avec des putes, je traitais mal les gens... Regarde Adam, et toi, ce que je vous ai fait.

Je soupire, pas fier.

— On fait tous les deux ressortir de bonnes choses de l'autre. Je t'apprends plein de choses et tu m'en apprends plein d'autre. C'est pour ça que ça fonctionne si bien, toi et moi.

J’affiche un petit sourire avant de me serrer contre lui pour lui faire énorme câlin.

— Je comprends pas comment les filles pouvaient ne pas s’intéresser à toi. T’es tellement quelqu’un de bien, ça se voit. Je suis vraiment trop fière d’être ta petite amie.

— Je ne m'intéressais pas à elles non plus, alors c'était donnant-donnant.

Je la serre fort contre moi en passant une jambe par dessus les siennes.

— C'est toi la vraie première petite-amie que j'ai. La première personne avec qui j'ai fais l'amour. La première personne qui sait autre chose de moi que non nom et mon numéro de carte bleue. Moi aussi, je suis vraiment fier d'être celui qui marche à tes côtés.

Quand il me dit tout ça, mon cœur s’emballe et mes yeux s’emplissent d’étoiles. Je suis tellement amoureuse que j’en ai mal au ventre.

— Et dire que moi j’le connais même pas ton numéro de carte. J’me fais quand même arnaquer...

Je dis avec un sourire taquin.

— J’ai l’impression que Max va vraiment mieux, en plus. Finalement c’était une super idée de changer la maison. Tout va bien et c’est vraiment, vraiment agréable. Je suis trop heureuse.

— 0203.

Je réponds en souriant.

— Et ça veux pas dire que je te mets à leur bas niveau, au contraire. Ça veux dire que si demain tu es dans la merde, tu sais que tu peux te retourner. Ou que si on sort et qu'il m'arrive quelque chose, t'as les moyens de payer une hospitalisation ou une ambulance. Ça veux dire que je te fais confiance, pas que je m'en fous.

Je l'embrasse tendrement, le ventre qui se tord. Elle est la personne que je devais trouver.

— T'as eu une superbe idée ! Il est investi et lui même il se rends compte qu'il est temps qu'Adam ne vive plus avec nous. T'es un peu comme une magicienne en fait !