Lune de Miel a Hawaii - Luca & Alessandro

— Ah oui ? Et tu fais quoi de la première fois qu’on a dormi ensemble ? Et de notre soirée de mariage ? Hm ??

Je demande avec un sourire avant de me glisser contre lui en nichant ma tête dans son cou. C’est impossible que j’ai froid comme ça.

— La meilleure soirée de réveillon !

J'eclate de rire alors qu'il se blotti contre moi.

— Notre soirée de mariage se classe parmi les meilleures de toute ma vie ça c'est sur. Mais la première place va à une autre, désolé de te décevoir !

— Ah oui ? Quelle nuit ?

Je demande sans quitter ma place.

— Je crois que je pourrais aisément parler de l'armée. De la sensation d'accomplissement que j'ai ressenti la première nuit où j'ai dormi dans un camp, je me sentais grand, et fort.

C'est bizarre de se souvenir de ça, là, ce soir.

— Mais ma plus belle nuit, bizarrement, c'est celle où t'as décidé de me faire sortir de mes gonds. La toute première fois, même si chaque fois ça me rends fou. Parce que je me suis pas seulement senti fort, même si t'as eu des bleus pendant des jours, mais parce que je me suis senti vivant. Grâce à toi. Avec toi.

J'en frissonne encore, à sa simple évocation. On était une seule et même personne, sans aucunz limite.

— Oh.

Je dépose un baiser dans son cou.

— Moi aussi, c’est ma préférée. Je sais que, depuis cette nuit-là, je suis le seul à te connaître mieux que personne.

— Ca c'est certain. Y'a que toi qui connaît chaque facette de moi, qui sait comment les gérer, et même comment aimer les pires.

Je passe une jambe au dessus des siennes pour le rapprocher encore plus de moi.

— Ce voyage était vraiment important, autant pour retrouver tes racines que pour agrandir les nôtres.

— Je suis d’accord. Je pensais pas que ce serait si important mais maintenant qu’on est là, je le sais.

Je caresse son visage avec tendresse.

— Tu veux bien mettre des boules quies pour cette nuit, mon cœur ? Ou alors des écouteurs avec un bruit de fond ? On est dehors, tu vas mal dormir si t’entends des bruits que tu connais pas.

— J'ai pas vraiment envie, je t'avoue. Le bruit des vagues et du feu peut me servir de bruit de fond, non ?

Je demande en faisant la moue. C'est surtout qu'on est dehors, que ce n'est pas fermé et que même si je me sens détendu, on n'est à l'abri de rien. Je préfère avoir une oreille partout, au cas où.

— Bah... les boules quies alors. Comme ça, tu entends, mais c’est atténué.

Je me redresse pour aller fouiller dans mon sac. Je n’ai pas tellement envie de lui laisser le choix.

— Si un bruit te fait peur, ça peut me faire peur aussi.

Il pourrait avoir une réaction violente, je pourrais faire une syncope. Je sais que tout va bien se passer, je le sais. Mais je préfère prévenir.

— Tiens. Tu veux bien...?

— Pourquoi toi tu le mettrais pas ? Comme ça tu dormiras tranquillement et si j'avais y'a un bruit qui me réveille, ca sera pas ton cas.

J'ai vraiment pas envie de prendre de risques.

— Ou un chacun, et l'autre oreille contre l'oreiller ?

Je ne réponds pas. Ça me contrarie vraiment, mais je ne veux pas insister parce que je ne veux pas lui dire qu’il est dangereux lorsqu’il est réveillé en sursaut.

— Non, c’est pas la peine comme ça.

Je range les boules quies dans mon sac et je me recouche en silence en montant bien la couette jusque sous mon menton.

— Luca...

Je soupire alors qu'il se recouche en se camouflant.

— Le prends pas mal, s'il te plaît.

— Je le prends pas mal. Je sais qu’on va bien dormir de toute façon.

C’était au cas où. Parce que si ça se passe mal, il voudra plus qu’on dorme ensemble et je veux pas. C’est ça qui me contrarie le plus.

— Je suis fatigué, amore.

— Donc on va en rester là ? Tu dors dans ton coin et moi du mien ? Ce soir ?

Je demande sans lever le ton. 2020 commence bien.

— Mais je suis pas dans mon coin.

Je me blottis mieux contre lui. Je m’en veux qu’il pense que je suis fâché. Je suis simplement contrarié mais c’est pas grave. C’est normal, parfois, quand on n’a pas ce qu’on veut.

— Je m’enroule au chaud, c’est tout.

—Trésor...

Il me ment et je déteste ça. C'est la première fois que ça arrive et ça me mets vraiment mal à l'aise.

— J'ai aucune envie d'avoir ces machins dans les oreilles et de rater un possible truc imprévu. On est dehors, y'a rien d'autres que moi qui peut te protéger si la moindre chose arrive. Alors si j'entends rien, comment je pourrais le faire ? C'est pas si grave, hein ?

— Oui mais si tu les mets pas et que t’as peur et que tu es violent comme la dernière fois, tu vas plus vouloir qu’on dorme ensemble et j’ai pas envie de ça parce que t’y es pour rien si t’as eu peur et j’ai pas envie d’être séparé de toi la nuit. J’ai envie d’être avec toi tout le temps.

Je finis par dire. J’arrive pas à lui mentir quand il s’en rend compte. J’ai pas envie d’être un menteur, j’ai pas envie que ça nous définisse. Mais je ne voulais surtout pas commencer l’année avec ça.

— Je voulais juste être bienveillant mais je t’entends et je n’ai pas envie d’aller contre ta volonté. Même si je sais qu’ici on risque rien et que personne n’a accès à la crique, c’était au cas où. Pour toi. Mais c’est pas grave.

Je ferme les yeux pour essayer d'oublier ce qu'il a dit, comme si c'était un cauchemar. Il est obligé de penser les choses comme ça à cause de mon sspt et c'est une grosse claque de l'entendre comme ça. J'avais pas cette impression qu'il gérait ça ainsi, dans l'ombre.

— C'est déjà arrivé de nouveau ? Après la première fois, c'est déjà arrivé que ça recommence...?

Il a l'air de savoir exactement de quoi il parle quand il dit que quand j'ai peur, je deviens violent. C'est dur, mais je préfère sa franchise au mensonge.

— Non, non, c’est jamais plus arrivé, j’te jure. Je voulais pas gâcher la soirée, je suis désolé. Je pensais bien faire. Excusez-moi.

Je me redresse un peu la mine déconfite.

— Tu dors bien quand je suis là. Quand je reste collé à toi. C’est promis.

— Hey, hey, t'excuses surtout pas Luca. T'as rien gâché du tout.

Je réponds en attrapant sa main pour qu'il de recentre et se rallonge tranquillement.

— Tu me calmes avant que je pete un plomb quand ça arrive ? Ou j'arrive à dormir vraiment bien, juste quand t'es contre moi ?

Je demande en caressant sa joue, tendrement. J'aurais voulu ne pas avoir à lui faire vivre ça.

Il me rassure et je me blottis contre lui.

— Il y a des nuits où t’es agité un peu, ou crispé. Tu marmonnes dans ton sommeil et je sais à quoi tu rêves. Je sais que je ne dois surtout pas te réveiller brusquement alors... je chuchote à ton oreille, je caresse ton visage et ça t’apaise et je me couche doucement sur toi et tu sais que je suis là alors tu t’apaise. Parfois tu te réveilles doucement pour aller aux toilettes, parfois on reste comme ça jusqu’au lendemain. T’as le sommeil vraiment lourd dans ce genre de moment, comme si t’étais prisonnier. Mais tu t’apaises et tu dors bien ensuite. Je fais attention, j’te jure. Et t’as pas besoin de cachets pour dormir comme suggère ta psy. C’est bien que tu la vois, c’est important mais ça, je sais gérer tout seul parce que je te connais. Je te jure que tout va bien et j’ai pas envie qu’on dorme plus ensemble. On est une équipe. Tu veilles sur moi et je veille sur toi.

— Donc chaque fois que je me réveille et que t'es couché sur moi, c'est que la nuit a été dure ?

Je murmure en caressant sa nuque. Ça arrive bien plus de fois que je ne l'aurais cru, et je m'en veux de lui faire vivre ça. Il semble avoir compris ce qu'il devait faire, même durant la nuit il reste la seule personne à me connaître suffisamment pour pouvoir me contrôler, sans être effrayer...

— On est une équipe, à chaque instant. Merci Trésor.

Je cherche ses lèvres et mon baiser veux dire beaucoup. Il regorge de remerciements et de reconnaissance, parce que j'ai le meilleur mari du monde.

— Elles sont où, ces boules quies ?

Je demande en le lâchant un instant. J'ai envie de lui montrer qu'il n'a pas à avoir peur, et peut-être un peu de me prouver à moi-même qu'on peut dormir tous les deux sans craintes, parce qu'on se protège réellement l'un l'autre.

— Souvent, oui.

J’ai toujours eu peur de lui révéler ça - et peut-être qu’il l’aurait pris différemment dans d’autres circonstances - mais je suis soulagé de sa réaction. Il me comprend et je crois que j’aurais dû savoir que ça se passerait comme ça. On finit toujours pas se comprendre. Il a eu raison de pousser la conversation.

— Attends.

Je me relève pour aller les chercher et je les lui tends.

— Tiens. Merci de me faire confiance, mon amour.

Je me recouche contre lui en tirant bien la couette sous mon menton. Là, je suis serein. Le feu crépite, l’eau des vagues est constant. On va tous les deux bien dormir.

— Je pourrais manquer de te tuer dans mon sommeil sans le réaliser et tu dors toujours auprès de moi...

Je soupire, en embrassant ses lèvres un instant.

— C'est moi qui te remercie. De ta confiance et de tout le reste.

Je souris en enfilant ces boules quies. C'est bizarre parce que j'entends encore, mais pas de la même façon.

— Je peux pas ne pas dormir avec toi. C’est tout. Je t’aime, je sais où est la limite, j’te promets.

Je ne me mettrais pas en danger, je ne voudrais surtout pas qu’il s’en veuille et qu’il n’ose plus dormir.

— Sois rassuré, mon amour.

Je caresse son visage avec tendresse pour l’aider à s’endormir.