Brisé - Gabi et Mattie

— Je suis sûr que t’aurais réussi. T’aurais pas réfléchi, t’aurais juste voulu arriver à l’hôpital et ça aurais été un automatisme.

Il est bien plus doué et fort qu’il le pense.

— Je suis super fier de toi. Vraiment beaucoup.

— Merci.

Ça fait battre mon cœur d’entendre ça. Grâce à lui, je me sens toujours un petit peu moins nul, par moment. C’est toujours très agréable.

— Y a rien que je ferais pas pour toi.

— Rien du tout, du tout ?

Je demande avec beaucoup de sérieux.

— Rien. J’ai déjà fait tellement tout et n’importe quoi, je pourrais faire encore plus parce que c’est toi.

Je réponds, tout aussi sérieux. Je pourrais tuer pour lui. Sans aucune hésitation. Mourir aussi.

— Je t’aime.

Je murmure pour toute réponse en embrassant sa tempe. Même lui il ne peut pas savoir à quel point je l’aime. Moi le premier je ne suis pas en mesure de l’expliquer ou de le décrire.

— Et j’ai énormément de chance de t’avoir et que t’ai fini par succomber à mon charme.

Je lève les yeux au ciel.

— Mouais, tu parles. Tu m’as eu à l’usure. C’est quel genre d’acharnement ça ?

Je dis en riant. Au fond, c’est faux. Tout le monde le sait. Moi, j’étais juste trop bête pour comprendre que c’était ça l’amour. Pas ce à quoi j’avais été habitué avant.

— Je serais mort, si on ne s’était pas rencontré.

— Ah bah je suis champion du monde d’acharnement grâce à toi, je t’avais pas dis ?

Il m’en a fallu du temps. Combien de personne complètement conne j’ai entendu me dire que j’étais complètement con ? Beaucoup trop. Même Eddie à la longue il essayait de me préparer au fait que je puisse échouer. J’en avais rien à faire. J’avais même dit à ma mère que ce serait lui ou personne d’autre.

— Mais on s’est rencontré. Et même si ça semblait évident pour personne, c’est moi l’homme de tes rêves.

J’acquiesce avec un sourire.

— C’était même pas évident pour moi… alors qu’aujourd’hui, je sais à quel point tout aurait été plus simple si on s’était connu avant.

— T’y penses parfois ? A s’y on s’était connu plus tôt ?

Ça m’arrive à moi. Y’a tellement de mauvais choix que j’aurais pas fait.

— A dix huit ans t’en aurais eu à faire du vieux croûton que j’étais pfff.

— Ouais, j’y pense souvent.

Je reconnais sans mal.

— Je sais qu’on n’était pas fait pour se rencontrer avant, mais j’y pense quand même.

Je rigole.

— Vieux croûton ? Je t’ai connu à peine quelques années plus tard, j’te signale. Puis je pense même à encore avant. Quand j’avais 15 ou 16 ans. C’est là que j’étais… enfin, c’est là que ça n’allait pas alors que je pensais que ma vie était géniale. Puis ensuite y a eu Austin. Il était là depuis toujours, mais tu vois ce que je veux dire ? Et puis le reste a suivi. Je savais même pas que j’étais malade, j’étais tout seul. Finalement, je préférerais la compagnie des vieux, comme tu dis. Mais t’en as jamais fait partie. T’étais jeune toi, vraiment très jeune comparé à certains.

— Je sais pas si à ce moment là de ta vie t’aurais pu accepter que je t’aime aussi fort… Puis Austin était encore très présent, même si c’était pas de la bonne façon.

J’ai détesté ce gars à l’instant où j’ai su qui il était. Je le fête du e encore aujourd’hui. Lui aussi, au même titre que tous les Saint-Clair, il aurait dû voir que Gabriel n’allait pas bien. Peut-être même plus. C’était son meilleur ami, ça a été son mec… Comment tu peux ne pas voir que la personne que t’aimes est malade ? Sombre abruti.

— Je suppose que j’essayé de t’aider. J’étais pas aussi vieux que ces grosses merdes, mais mon âge aurait pu être le facteur qui t’aurais attiré. Moi j’aurais pris soin de toi.

Je murmure en embrassant sa tempe très fort.

— Je sais. Et c’est ce que t’as fait dès le début. Je savais juste pas à quoi ça ressemblait de compter pour quelqu’un.

C’était difficile à admettre avant. Aujourd’hui… c’est juste un fait. J’ai ma famille, mon mari et ma fille. Notre petite chienne Poppy aussi. C’est tout ce qui compte. Mes parents s’en fichent. Je n’ai pas adressée la parole à ma sœur depuis deux ans. Mon frère… je l’aime mais je me souviens de notre relation avant et puis il a sa propre famille. Et nos amis… y a qu’à voir ce qu’il s’est passé avec Edouard.

— T’as parlé avec Edouard récemment ?

Je ne sais pas quelles connections il a eu pour penser à Edouard, mais j’aime pas beaucoup que ça puisse venir du fait qu’il ai couché avec lui à l’époque où il allait si mal.

— Y’a quelques jours ouais. Mais j’ai du mal… Ok il s’est excusé envers Aria et envers nous, mais j’arrive pas à faire comme si de rien n’était. C’est compliqué.

J’acquiesce.

— Ouais… c’est dingue parce que j’ai parlé avec Romie récemment parce que… en fait, elle a cru qu’elle était enceinte. Alors on a parlé un peu. Apparemment, Edouard s’en veut énormément. Encore plus que ce qu’il montre. Je sais pas quoi en penser…

— C’est sa femme, c’est normal qu’elle voit plus que ce qu’il nous montre à nous. Mais du coup, j’aurais préféré aussi qu’il parle avec sa femme de ses soupçons sur notre fille plutôt que de lui dire que c’était une traînée droguée.

Ça, je n’arrive pas à passer au dessus. J’aurais pu finir par accepter qu’il ne l’ai pas aidé parce qu’il s’inquiétait pour sa fille à lui, mais ça…

— T’arrives à lui pardonner toi ?

— C’était pas mon meilleur ami, Mattie. C’est plus simple pour moi de passer outre parce que je l’aimais pas autant que toi. Puis c’était pas forcément ma personne préférée au monde…

Faut reconnaître que j’ai passé plus de temps à le haïr qu’à l’aimer, tout au long de ma vie. Donc bon…

— Tu dois faire comme tu le sens… si t’as envie d’aller boire un verre avec lui un jour en te marrant, il faut y aller. Si le lendemain, t’as envie de l’ignorer… tu peux. Je sais juste que je ne l’imposerai jamais à Aria, maintenant. Même si elle a dit que ça ne la dérangeait pas.

— Mais si demain je voulais aller boire un verre en riant avec lui comme tu dis, est-ce que ça voudrait pas aussi dire que je trahi Aria ? Et que j’agis comme si c’était pas grave ?

Je sais même pas si j’en aurais envie, mais si je le voulais je pense que penser à Aria pourrait m’arrêter avant même que j’ai ouvert la porte de chez nous.

— Ouais je suppose que c’est de nouveau plus du tout ta personne préféré du monde.

D’abord Adam, puis lui et maintenant Aria. Pourquoi est-ce que Eddie est aussi con aussi ?

— Non, je ne crois pas. Elle a compris. Elle sait qu’on sera toujours de son côté. Elle est passée à autre chose, elle. En effet, c’est plus tellement son tonton favori… même si je pense pas qu’elle soit le genre à faire une hiérarchie, mais… tu vois ?

Je lui souris.

— Aria se sentirait triste de savoir que tu t’empêches de faire des choses pour elle, tu le sais très bien.

— Je vois. Ils étaient vachement proches quand même. C’est dommage pour lui… Heureusement pour Aria, elle a d’autres tontons et d’autres cousins beaucoup plus sains et qui l’aime très fort.

Elle a une force de caractère impressionnante. Je suis tellement fière de notre petite puce.

— Oui je sais ! C’est pas le cas. Je m’en empêche pas pour elle actuellement. C’est moi qui suis pas à l’aise, c’est tout.

— D’accord, alors si c’est toi, te force pas.

Mais parfois, j’ai l’impression qu’Edouard lui manque. Alors ça me fait de la peine.

— On va pas trop trainer dans l’eau…? La position est quand même pas optimale pour ta jambe, tu vas finir par avoir mal.

— Peut-être que ma convalescence m’aidera à penser un peu plus à tout ça.

D’habitude j’ai pas à penser à tout ça, ça pourrait être différent dans les prochaines semaines.

— Ah mince ! Ok je te suis ! Et au fait, on a dévié sur Edouard, mais quand est-ce que Romie a cru être enceinte !?? Eddie le savait ? Elle était genre contente ou carrément horrifié à l’idée ?

— Nan, elle lui avait pas encore dit. Elle était contente mais bon… avec ce qu’elle m’a décrit, elle a encore dû faire une fausse couche.

Ça me fait mal au cœur. Je sais qu’à un moment donné, ils ont tout fait pour avoir un deuxième enfant et ça n’a jamais fonctionné. Maintenant que nos filles sont grandes, ça ne me traverse même plus la tête parce que je n’en voulais qu’une, quoi qu’il arrive. Mais je crois que Romie aurait bien aimé avoir un deuxième bébé.

— C’est pas vrai ? C’était pas juste une fausse alerte alors … ?

Ça me fait énormément de peine. Ils ont déjà eu beaucoup de mal à avoir Josephine, et toutes leurs tentatives pour avoir un second bébé ont échoués. Ils ont pas eu de chance et j’imagine même pas l’état de Romie.

— Tu crois qu’elle l’a gardé pour elle ? Qu’elle en a parlé qu’à toi ?

— Je sais pas… c’était la semaine dernière. Je pense qu’il est au courant, c’est quand même douloureux donc…

Le connaissant, il l’a certainement conduit aux urgences pour s’assurer que tout allait bien malgré tout. Enfin, si elle s’est plaint.

— Je savais pas qu’ils essayaient encore quand elle m’en a parlé.

— Bah aux dernières nouvelles, il y a quelques mois, ils essayaient pas… Mais depuis qu’ils ont essayé d’avoir un deuxième enfant, elle a jamais repris la pilule. Au fond, ils espéraient un peu que ça arrive.

Edouard le formulait pas forcément à haute voix, mais une fois il m’a quand même dit qu’il aimerait bien rentrer un jour et avoir une surprise. Comme la première fois.

— Je vais lui envoyer un message, à Eddie.

Y’a pas grand chose dont il parle pas à Max, mais la perte dun bébé, ou fœtus, ou peu importe son âge, c’est bien la seule chose dont il accablerait pas son frère.