Brisé - Gabi et Mattie

— Désolé mon bébé d’amour.

Je fais la moue en lui volant une bisou.

— Une fois que j’aurais plus ce truc à la jambe, je t’emmène au bout du monde pour te remercier et te ressourcer.

Il mériterait toutes les plus belles choses au monde.

— Elle rentre dans la pré adolescence, elle fait son interessante…

Je rigole en lui faisant un câlin à elle aussi.

— Pouah. Même Aria n’a jamais réussi à dormir entre nous. Elle rêve trop.

J’attrape un bout de pain pour l’attirer plus loin et je lui donne avant de me coller à Matthew. Nan mais j’hallucine de cette chienne, quoi.

— Voilà.

Elle revient se coucher mais à moitié sur moi. Ça me va, tant que je me resté étaler contre mon mari. Je ne sais pas dormir sans lui.

— Allez, repose-toi bien. Tu l’as mérité.

Tellement bien mérité que je m’endors presque aussitôt.

C’est la douleur qui me réveille en pleine nuit et j’ai tellement mal que j’ai envie d’attraper un marteau pour casser le plâtre. Ou de me jeter par terre. Ou peut-être bien de me péter autre chose pour que la douleur soit mieux répartie.

— Gabriel ?

J’appelle sans trop savoir pourquoi je le fais. Il va changer quoi ? M’arracher la jambe pour que j’ai plus mal ? Sûrement pas. Mais j’arrive pas à gérer tout seul la douleur.

— Gabi ?

J’attrape sa main en l’appelant de nouveau.

Je ronchonne dans mon sommeil mais ça ne s’arrête pas, j’arrive pas à me rendormir et j’entends mon prénom jusqu’à ce que je me réveille totalement. C’est tellement difficile que c’est plus fort que moi, je pleurniche un peu. Je suis complètement dans la brume, c’est difficile.

— Quoi…?

Puis je réalise qu’il a mal, c’est sa jambe. Il a été opéré alors c’est peut-être pour ça qu’il me réveille.

— Ça va ? Qu’est-ce qu’il y a ?

Je regarde ma montre, il est 4 h 30.

L’entendre pleurnicher ça me fait mal au bide. Il déteste ça plus et je suis littéralement en train de le faire chier. Pendant quelques secondes j’hésite à lui dire que c’est rien, qu’il peut se rendormir. Je me dis que je pourrais survivre.

— J’ai envie de me couper la jambe.

Je réponds pourtant quand il me demande si ça va. Je suis même pas sûr qu’il m’écoute vraiment.

— Hum.

J’ai beaucoup de mal à sortir de ma léthargie. Je les déteste, ces médicaments. Puis ça me percute : il a vraiment mal.

— Attends mon cœur.

Je me lève difficilement et j’allume la lumière pour retrouver les médicaments.

— Tiens, prends ça. Ça va vite aller mieux. Je vais relever ta jambe un peu.

Je dis en prenant un coussin pour le coincer doucement sous sa jambe.

— Ça va te soulager très vite ça. Tu veux qu’on ouvre un peu la fenêtre pour avoir de l’air frais ?

Ça me donnerait presque envie de pleurer de voir Gabriel se lever et tout faire pour que je me sente bien. Je souffre, mais je me suis jamais senti autant aimé de toute ma vie.

— Non non, je m’en fous. Reviens je suis désolé. Ça devrait aller avec l’oreiller et les médicaments mon bébé.

Sauf si je vomis tout par terre.

— Mais moi je m’en fous pas.

J’agis un peu comme un automate parce que je sens que je suis complètement défoncé, mais c’est pas grave. Je vais ouvrir un peu la fenêtre. Il fait instantanément plus frais, ça doit lui faire du bien.

— T’as envie d’aller aux toilettes ?

— Non !

Je réponds beaucoup trop rapidement pour que ce soit vrai.

— Enfin si, mais je veux pas bouger. Ça va me faire trop mal.

— Bah… euh.. t’as qu’à pisser dans la bassine. Ça te va ? Tu vas pas te retenir, sinon tu vas mal dormir.

Puis ça m’arrange, au fond, j’ai pas à le soulever. J’ai aucune force à cette heure-là.

— Bah… Ouais. C’est pas con.

Ça n’a aucun sens, mais ça nous va à tout les deux et je me retrouve en train de pisser là dedans dans une position qui n’a aucun sens. Avec la douleur qui me transcende la jambe, j’ai aucun mal à la bouger un peu pour pouvoir viser.

— Tu peux juste me passer le gel hydro alcoolique ? Je t’embête plus après, ferme ma fenêtre et viens te recoucher mon bébé.

Je me sens à la fois mal d’avoir été obligé de le réveiller et carrément fou amoureux de lui, de le voir et de poser mes yeux sur lui.

Je récupère la bassine et je vais rejeter ça aux toilettes. J’agis un peu sans réfléchir, comme un automate, je rince vite fait dans la douche et je me mouille, ça me fait un peu pleurer, ça aussi. C’est tellement agaçant. Je laisse la bassine par terre et je reviens avec des lingettes.

Je m’assoie sur le lit un peu en mode zombie pour bien lui laver les mains. Je pique du nez, c’est affreux. Mais une fois que c’est nettoyé, je lui donne son gel, je balance les lingettes dans un coin par terre et je l’escalade en faisant attention avant de me reblottir contre lui.

— J’ai pas fermé la fenêtre…

Je ne sais même pas si je pleure vraiment ou si c’est juste des plaintes agacées. Mais je me relève pour fermer la fenêtre et je retourne me coucher.

— C’est bon ? Tu veux autre chose ?

Je demande gentiment. Je pense que j’articule mal, mais je suis fatigué.

— Non c’est parfait mon bébé…

Je le serre fort contre moi dès qu’il revient s’allonger et je caresse ses cheveux longuement.

— Je suis désolé, mais j’ai tellement mal, je savais pas quoi faire. J’te jure j’ai envie de me prendre un coup de marteau pour pas penser à tout ça.

Mais il a tout fait pour que je me sente mieux, il vient de gérer comme un chef malgré la fatigue et les larmes.

— Rendors mon Coeur, ça va aller. Merci pour tout. Mille fois mercis…

Je sais que ça, jamais il ne l’aurait fait pour un autre que moi. Il a prit sur lui, pour moi.

— Pas grave.

Il me dit qu’il a encore très mal et ça m’attriste, je sais que les premiers jours vont être difficiles mais j’aimerais prendre sa douleur et la garder pour moi. Il me dit que je peux me rendormir et je lutte déjà fort pour ne pas sombrer.

— Hm.. t’es sûr ? T’as mal ? Tu veux une fellation ou un truc comme ça…?

— Gabi j’ai mal me fait pas rire…

Je rigole quand même en embrassant sa joue.

— Même si j’avais envie d’une fellation, t’arriverais sûrement même pas à trouver ma bite tellement t’es fatigué. Alors dors, c’est mieux. Être avec toi c’est déjà plus facile de supporter la douleur…

Au moins un peu.

— Bah toi tu trouverais ma bouche. Tu serais pas le premier à le faire.

Je dis en posant ma tête contre son torse. Je sens que je me rendors déjà.

— Tu fais ce que tu veux si ça te soulage.

Je ne sais pas s’il me répond, je me rendors comme une masse.

— Je serai le dernier en tout cas, ça c’est sûr.

Je soupire en caressant son dos. Je sais pas si ça l’aide à s’endormir, mais il sombre en quelques secondes. Heureusement que c’est moi à ses côtés. Jamais je ferai quelque chose de dégradant à son égard, ou sans son consentement, ou quoique ce soit de mal. D’autres ont dû en profiter plus d’une fois et j’ai des envies de meurtres rien que d’y penser.

— Bonne nuit mon amour…

Je murmure en ne freinant pas mes caresses. Me concentrer dessus, ça m’évite de penser trop à la douleur de ma jambe.