You and I go hard at each other like we're going to war - Alexis & Charlie

— D’accord, on fait ça. Mais c’est toi qui l’appelle parce que moi il m’engueule tout le temps j’en ai marre.

Je dis en l’embrassant une dernière fois avant de quitter la salle de bain.

— Bon bah.. tu veux du jus de pommes toi aussi ?

Je dis en allant me chercher un verre. Mon cœur ne se calme pas, c’est juste dingue. Peut-être que je suis enceinte. Enfin je suis enceinte, mais peut-être pas.

— Je veux bien, oui !

Je crie de la salle de bain, en mettant un des tests dans ma poche.

— Je m'apprête à pisser sur un truc pour savoir si tu es vraiment enceinte. Si ça, c'est pas de l'amour !

Mon cœur bat encore très vite, parce que je continue d'avoir une micro appréhension quant à un probable non. J'ai vraiment envie qu'on fonde notre famille Alexis et moi et ça semble nous tomber entre les mains.

J’éclate de rire.

— Ouais bah... moi aussi, j’ai été obligé de pisser dessus. C’est mieux qu’une prise de sang, non ?

Je pose les verres sur la table basse.

— Alors ? T’es enceinte mon amour ?

— C'est peut-être moins fiable aussi, non ? Bon a priori ça va être négatif pour les deux, mais bon.

Je sais même pas comment je vais réussir à pisser là dessus, mais j'ai foi en le jus de pomme pour me donner envie. C'est déjà ça.

— Je bois mon jus de pomme et je te dis ça après ? Ça à la couleur de la pisse d'ailleurs, c'est charmant !

Je souris et je bois mon verre d’une traite avant d’en reboire un autre.

— Mes seins débordaient légèrement du soutif en ce moment. Plus la fatigue...

Ça tourne en boucle dans ma tête.

— J’crois qu’il y a peu de doute possible. Mais si je suis enceinte... on va quand même voyager, hein ?

Je reprends un verre de jus. Puis un autre.

Alexis enchaîne les verres et je rigole en la suivant avec un rythme plus saccadé.

— Ça explique sans doute aussi le vomissement de tout à l'heure, c'etait pas le saumon et... Putain ça veux dire que j'ai jeté les sushis pour rien ?

Je lève les bras au ciel, dégoûté. Mais j'aime beaucoup plus ce qui arrive que les sushis, alors bon.

— Évidemment qu'on voyagera quand même ! Pas tout de suite parce qu'il vaux mieux que tu vives ta grossesse là où on sait qu'on peut la gérer au mieux, mais après on partira en famille. Y'a rien qui nous en empêchera, non ?

Je grimace.

— Mais comme j’ai plus le droit d’en manger tu dois me soutenir, de toute façon. Si tu manges des sushis c’est en cachette, maintenant.

Je dis avec un sourire amusé. J’arrête de boire parce que je vais avoir mal au ventre.

— Ça me rassure. Parce que j’avais quand même envie de parcourir le monde, là.

Je ne sais pas si c’est psychologique ou pas mais j’ai de nouveau envie de faire pipi alors je me lève pour y retourner. Cette fois-ci, ce ne sont pas deux barres qui s’affichent mais bel et bien le mot « enceinte ». J’attends un peu, au cas où le reste tarde juste à apparaître, mais non...

Charlie m’attend à l’extérieur, comme s’il avait peur de découvrir qu’on s’était trompé. Je sors avec un large sourire, le test à la main.

— Bon.. c’est officiel. Tu vas être papa.

Quand j'entends ses mots, je respire de nouveau. Tellement que j'ai des larmes qui coulent pour de vrai.

— On va avoir un bébé pour de vrai ! Avec des petites jambes, des petits bras et un tout petit nez !

J'attrape Alexis par la taille et je cours avec elle dans notre tout petit appartement !

— Il sera forcément magnifique en plus, avec un père comme moi !

Je taquine Alexis en venant embrasser ses lèvres.

Charlie est tellement content que j’accepte de ne penser à aucune des conséquences de cette grossesse pour le moment. Juste au fait qu’on va être heureux et que c’est vraiment génial.

— Ta mamie va être aux anges !

Je saute dans ses bras et j’enroule mes jambes autour de sa raille.

— Bah là, c’est sûr qu’il faut qu’on déménage !

— Elle va être aux anges ! Jamais elle se serait attendu à avoir un petit enfant je crois.

J'embrasse ses joues, son nez, sa bouche. Je lui murmure mille fois que je l'aime.

— On va demander aux voisins du dessus s'ils comptent libérer bientôt leur duplex ?

Je demande avec un sourire de en coin.

J’acquiesce.

— Oui, on peut leur demander. J’irais jamais dans une maison avec un bébé. Ça c’est sûr.

Je rigole avec tous ces baisers.

— Il est temps de faire l’amour, tu crois pas ?

— On aura le droit de mettre les pieds chez nos amis quand même ?

Je demande en riant.

— On va célébrer notre bébé conçu en faisant l'amour, en faisant l'amour ?

Je caresse sa peau avec tendresse et continue d'embrasser son cou.

— J'aime beaucoup l'idée.

Tant qu’on ne vit pas dans une maison, ça me convient. Je souris en m’accrochant délicatement à ses cheveux ; Charlie n’a jamais été aussi tendre et aussi doux qu’aujourd’hui. Je crois que c’est parce que c’est nouveau et j’ai aimé sa manière de prendre soin de moi.

On est interrompu dans notre demi-sommeil parce qu’on sonne à la porte. L’espace d’un instant, je m’accroche à Charlie, l’air de dire qu’on a qu’à ignorer, avant de percuter.

— Merde, c’est la soupe ! C’est la voisine !

Je dis en me levant rapidement - trop peut-être parce que je vois des étoiles. J’ai un peu le tournis, mais j’attrape quand meme ma robe de chambre pour l’enfiler.

Quand Alexis parle de soupe, je me demande quelle heure il peut bien être comme ça et en regardant mon portable, je me rends compte qu'on a vécu en décalé toute la journée.

— Remercie là encore ! C'est une tuerie sa soupe !

Je me vautre dans le lit et j'ai un instant de rêverie. Je nous imagine dans un lit, Lexie et moi, avec notre petit bébé. Je crois que je ne réalise pas encore et pourtant, c'est plus réel que jamais.

Je me presse pour ouvrir et quand ça fait une dizaine de minutes qu’elle me parle, Charlie me rejoint. J’ai des sueurs froides, des vertiges. Je m’appuie complètement contre lui alors que notre voisine s’inquiète.

— Alexis, tout va bien ? Elle est toute pâle.
— Ça va.

Je marmonne avant d’avoir un haut le cœur. J’ai à peine le temps d’aller aux toilettes que j’y vomi les litres de jus de pommes que je n’ai pas pissé.

— Ça va aller, ne vous en faites pas. On n'est pas au meilleur de notre forme, mais on prends soin l'un de l'autre. Merci beaucoup pour la soupe !

Je lui fais un bisou sur la joue pour la remercier, parce qu'elle est adorable cette petite voisine et elle me fait promettre de pendre soin de nous avant de partir.

— Ça va mon bébé ? C'était peut-être bien le poisson, finalement ?

Je demande en retenant ses cheveux, exactement comme il y a quelques heures.

— Mais non c’est pas le poisson !

Je dis en pleurant à moitié. C’est insupportable et en plus j’ai vraiment rien dans le ventre.

— En me levant du lit j’avais déjà le tournis puis.. j’sais pas son parfum là, c’était trop fort.

J’ai encore une vague de haut le cœur et puis je me relève pour aller rincer ma bouche.

— Je me sens vraiment pas bien et fatiguée.

Et c’est clairement pire depuis que j’ai fait les tests. L’euphorie passée, je crois que ça m’effraie maintenant. Je vais grossir, je vais avoir quelqu’un dans mon ventre. Je vais plus pouvoir faire ou manger ce que je veux. Je vais plus pouvoir boire d’alcool, prendre de médicaments. J’ai pas du tout envie d’être enceinte. Mais vraiment pas. Sauf que c’est pas un truc que je peux dire à Charlie, ça. Alors je me contiens.

— Je sens que je vais être très chiante. Je suis désolée d’avance.

Je dis en allant lui faire un câlin.

Je grimace en l'écoutant se plaindre et je crois que le contre coup est en train de lui tomber dessus. Ça a été beaucoup plus rapide que je ne le pensais, mais avant même de savoir quelle était enceinte, je savais que ce serait compliqué. Je préfère ne même pas penser au moment où elle commencera à prendre du poids.

— C'est pas grave mon bébé. T'es chiante depuis que je te connais, je ne suis plus à ça prêt.

Je souris en la serrant contre moi. Ma main caresse son dos avec tendresse, pour la rassurer.

— On va être tous les deux, tu vas voir, ça ira

— Je veux une balance, Charlie. Si je dois monter sur une balance pour la première fois depuis longtemps devant un médecin, je le ferais pas.

Et il le sait. En plus ce médecin à la con est toujours en train de faire référence à mon dossier médical et j’en ai marre.

— Je veux un autre médecin. Je vais demander à une collègue sage-femme de me suivre.

Sauf que mes collègues savent pas que j’ai eu des problèmes alimentaires et que Charlie voudra pas que je sois suivi par n’importe qui. Je souffle un bon coup et je me calme. Je n’ai pas envie qu’il panique.

— Pardon. Ça va aller, on est tous les deux. C’était tellement inattendu... Mais je suis heureuse, d’accord ? C’est pas un mensonge.

J’ai juste pas envie d’être enceinte. C’est tout. Et je ne veux pas une fille.

— Je sais mon cœur.

Je lui souris doucement, tout en essayant de faire taire mes propres paniques. On a surmonté bien des choses ensemble, alors j'espère que la venue d'un bébé va réussir à apaiser ses craintes et son comportement.

— Je vais demander à Logan. C'était il y a longtemps, mais peut-être qu'il se souvient du médecin qui a suivi la grossesse de son ex femme. S'il me le recommande, on fonce la bas, d'accord ?

J'essaie de réfléchir vite, de chercher des solutions là où ça pourrait apaiser Lexie.

— Et si c'est pas le cas, avec tous les contacts qu'à la mère d'Adam, ils pourront bien nous conseiller quelqu'un. On veux juste le meilleur médecin pour notre futur enfant, on a besoin de ne parler de rien d'autre. Et j'irais acheter une balance demain, promis.

Celle là, même si elle m'arrache le cœur, je l'accepte pour une telle situation. Elle ne montera jamais dessus chez le médecin sinon, alors autant qu'elle prenne le pli ici.

— D’accord.

Tout ce qu’il dit me rassure et m’apaise immédiatement. Il va dans mon sens et ça me fait beaucoup de bien. Je me détends un peu.

— Dommage que Logan soit kiné. Il pouvait pas être médecin franchement ?

Je râle avec un sourire en coin.

— Je vais m’asseoir, je suis KO.

— Non. Même médecin, il aurait pas été ton gynéco. Ça va pas ou quoi !

Je suis pas l'homme le plus jaloux du monde, mais faut pas déconner non plus. L'autre BG, c'est même pas en rêve qu'il aurait vu Alexis dans ce genre de situation et de position.

— Tu veux boire où manger un truc pour reprendre un peu de forces ? Je vais être ton obligé pendant neuf mois, profites en !

— Ah oui.. vu comme ça.

J’éclate de rire.

— Ça aurait été gênant à table après. Adam m’aurait plus jamais regardé dans les yeux.

Je secoue la tête quand il me propose à manger.

— Je veux rien du tout là, c’est trop pour moi de vomir comme ça.

Je retiens un « j’ai plus l’habitude » qu’il entend forcément, mais bon.

— T’es à mon service toute ma vie, pas seulement pendant neuf mois. Exactement comme je suis à tes petits soins pour toujours, c’est comme ça. D’ailleurs, faudrait qu’on aille se doucher, que je t’aide un peu là.

— Oui en plus ! Il s'en serait jamais remis.

Si moi c'est par jalousie que j'aurais vrillé, Adam ça aurait par pudeur et pendant deux secondes, je m'accorde que ça aurait pu être vraiment drôle. Mais Logan n'est pas médecin, alors tout est réglé.

Quand elle me dit qu'elle en a marre de vomir, j'entends d'ici la suite de sa phrase, mais je lui souris tendrement. C'est derrière elle tout ça, elle peut réussir à le surmonter. Je l'espère de tout mon cœur.

— Pour toujours, mais encore plus là. À partir d'un moment, j'oserais même plus te laisser monter sur ton scooter ! Ce sera trop de stress pour moi !

Je rigole, puis l'embrasse.

— Tu m'aides vraiment ? Sinon, je prends pas de douche et c'est réglé.

Ah oui. Mon scooter. Je sens que ça va faire beaucoup d’histoire, ce scooter.

— J’te préviens si on me le vole ou me le vandalise subitement, je saurais que c’est toi.

Je dis quand même. Moi, j’y tiens à mon scooter. Il est trop beau. Rouge, en plus.

— Je vais t’aider. Pas de vomi et de plainte. Peut-être qu’éventuellement te voir nu me montera à la tête, mais bon...

Je dis avec un sourire.

— Tu vois, si on avait eu une baignoire, j’aurais encore mieux pu m’occuper de toi.