Vacances surprises à la neige — Alessandro & Luca

— Il pourrait ne rien faire tout en restant sur la terrasse avec vue sur la mer.

S’il n’aime pas trop voyager, il peut avoir le confort de sa maison ailleurs.

— Je suis content que vous vous soyez rapprochés cette année. C’est important un papa.

— Oui c’est pour ça ! Nous les premiers y’a des jours ou à part aller dormir au soleil sur la plage on fait pas grand chose.

Au fur et à mesure, je connais un peu plus l’endroit. Luca me montre ce que je dois voir au fur et à mesure. Mais le mois complet qu’on a passé là-bas nous a permis de faire énormément de choses.

— Je le sais. Je crois que lui et moi on se contentait de ce qu’on avait, parce qu’on a toujours fonctionné comme ça. On savait qu’on s’aimait, que c’était pas ça qui nous faisait défaut. Mais c’est tellement agréable d’être plus proches. Sans lui je sais pas si j’aurais réussi à être aussi fort quand t’étais à l’hôpital...

C’est mon père qui me donnait de la force chaque jour. Je le remercierais jamais assez.

— Le tien te manque beaucoup ce soir ?

Je demande avec tendresse en embrassant sa joue. Eux aussi étaient très proches. La mort de sa mère les avait encore plus rapprochés.

J’acquiesce un peu la gorge serrée. Encore une année qui passe et où il voit pas tout ce que j’arrive à faire et à accomplir seul. Il me laissait rien organiser, j’étais pas tellement débrouillard. J’aurais bien aimé l’appeler pour lui dire.

— Parfois j’espère qu’il est pas vraiment mort, tu sais ? C’était une couverture toutes ces années parce qu’il devait être protégé et j’espère qu’il va revenir. Mais bon, c’est ridicule d’y croire.

— C’est pas ridicule. Il te manque et c’est normal d’avoir envie de trouver une raison qui pourrait le faire revenir.

J’aimerais que ce soit vrai. J’aimerais qu’il puisse frapper à la porte un jour, écarté de tous danger, en vie. Au fond de moi, je sais que c’est pas possible. Il aurait forcément apprit pour sa santé, pour son coeur. Est-ce qu’il n’aurait pas été le premier à venir ici ? Certainement. Pourtant, je sais aussi que ce sera plus fort que moi et que maintenant que Luca a glissé cette idée dans ma tête, je vais me servir de tous mes contacts possibles pour affirmer ou réfuter cette idée définitivement. Je la marchanderais s’il le faut.

— Il serait extrêmement fier de toi Trésor. Là où il est, il l’est forcément.

— Et ce serait possible, non ? Parce qu’on n’a pas encore cloturé cette affaire. Peut-être qu’il sait même pas où je suis ou qu’il pense que je suis mort ?

Je hausse les épaules avec un sourire.

— En tout cas, ce serait vraiment cool. Mais bon. Faut pas trop rêver. Toi t’es fier de moi ?

— Ça le serait. Il aurait pu être mis sous protection des témoins et pas toi. Enfin, pas de la même façon !

Il me donne envie d’y croire avec lui. Mon avantage à moi, c’est que dans l’armée et en travaillant pour le gouvernement j’ai vu tout un tas de truc et que je sais que ce n’est pas totalement impossible.

— Évidemment que je suis fier de toi mon coeur. Comment ne pas l’être ? Tellement de gens auraient baissé les bras à ta place ! Mais t’as repris le dessus, tu t’es battu et regarde toi ! Et même sans parler de ton coeur, tu bosses avec Adam, on a monté une auto entreprise tous les deux, on a acheté une maison ! Je suis fier de toi, de tout ce que t’as accompli, d’être ton mari !

— Moi aussi je suis fier de moi, un peu. Je pensais jamais pouvoir faire tout ça, un jour dans ma vie. Peut-être que j’en avais pas envie parce que je pensais que j’étais incapable ?

Et je pense qu’à un moment je l’étais vraiment. Mais j’aime bien qui je suis devenu grace à Alessandro.

— Et puis évidemment que je suis fier de toi. Ça c’est ma plus grosse fierté dans la vie. D’être marié à quelqu’un d’aussi fantastique.

— Moi je pense que t’en avais pas envie parce que t’avais pas cette même envie de vivre. Tu t’étais mis en tête que tu ne dépasserais pas tes vingt ans, et t’étais défaitiste. C’est plus le cas depuis quelques temps.

Je souris tendrement en embrassant sa joue. J’ai compris que j’y étais pour beaucoup, mais il a fait beaucoup de chemin seul malgré tout. Il peut et doit être fier de lui aussi.

— On a trouvé la perle rare. J’aurais jamais cru en te voyant la première fois, que c’était toi l’amour de ma vie. Mais c’est venu si vite, avec une telle évidence !

— C’que t’étais sévère. T’es plus du tout comme ça maintenant ! Enfin pas avec moi !

Je dis avec un grand sourire.

— T’es comme ça au travail, en fait. C’est tout ?

— C’est surtout ça ! Au départ je te côtoyais dans le cadre du travail et dans ce cadre la, je laisse rien au hasard. Dès que j’en sors, je suis plus aussi sérieux et sur mes gardes. La preuve ! Quand je suis tombé amoureux de toi, je l’ai plus été et ça aurait pu t’être fatal.

Je déteste repenser à ce moment. Si j’avais fais attention, il ne se serait jamais fait renverser par cette voiture.

— Tu serais étonné de me voir au taf. Quand j’étais en mission je veux dire, je suis tellement carré ! Tu m’aimerais pas je suis sûr !

— Pff j’te reconnaîtrais même pas. C’est moi qui décide à la maison, c’est comme ça ! Personne ne le sait, d’ailleurs.

Je dis avec un sourire taquin.

— Mais c’est bien d’être carré au travail, t’as raison. C’est pour ça que tu réussis et que tu meurs jamais. Qualité appréciable, pas vrai ?

Je lui fais un énorme câlin quand je dis ça parce que j’ai toujours peur de me retrouver sans lui. Mais je suis vraiment fier de tout ce qu’il fait. Il est vraiment génial. Et fort. Et très intelligent.

— T’as une tête d’ange ! On t’imagine pas tout commander !

Je réponds à sa taquinerie en lui faisait une grimace.

— Plutôt appréciable, en effet ! Ça m’a permis de te rencontrer et de pouvoir prendre les décisions nécessaire pour rester auprès de toi. Si j’étais une tête brûlée je serais au combat là !

Son câlin me réconforte et je le serre fort contre moi. Je sais que si je voulais y retourner il me laisserait faire, mais je ne m’imagine pas le quitter une seule seconde. J’y arriverais plus. L’amour a complètement changé ma vision de l’avenir.

— Toi aussi, t’as une tête d’ange. Avec ton sourire de tombeur. Mais y a tous ces muscles là. Les gens pensent que c’est forcément toi qui gère les choses. Je les laisse croire bien sûr, c’est important pour ta virilité. Et c’est du sarcasme ça !

Je dis avec un sourire. Il se moque beaucoup car je prends souvent les choses au premier degré mais là ça va, j’apprends aussi.

— Du coup, c’est quoi la mission dont t’es le plus fier ?

— Un point pour le sarcasme ! Tu le maîtrises de mieux en mieux, je suis fier de toi !

Je rigole franchement en sifflant d’admiration.

— T’es à bonne école aussi, c’est pour ça.

Mon clin d’œil est un peu exagéré, mais ça aussi il sait que cest parce que c’est du second degré.

— Dont je suis le plus fier ? Je sais pas trop...

C’est pas le genre de choses auxquelles je pense, alors je reste silencieux un moment le temps de réfléchir à tout ça. En plus on en parle rarement avec Luca. Je sais que ce n’est pas un manque d’intérêt de sa part, mais que c’est un sujet qui l’effraie en plein de points.

— C’est pas une mission à proprement parlé, mais un acte qu’on a fait. Ça faisait pas si longtemps que ça que j’étais dans les forces spéciales. Six mois je pense, huit max, et notre équipe était formée depuis aussi peu de temps. Chacun sa spécialité, chacun son caractère. Je te passe les détails, mais en gros on a reçu une alerte missile un jour et c’était vraiment très proche de nous. On nous a donné l’ordre de quitte les lieux sur le champs. On était à cinq cent mètres d’une école. De là où on était, on pouvait entendre les enfants rire dans les salles de classes.

Sans trop forcer, je suis encore capable de ressentir la chaleur et le vent qu’il y avait ce jour là.

— On s’est tous regardé pendant une demie seconde, et on a désobéit. C’était soit tout le groupe rentait sain et sauf, soit au risque de perdre la vie on allait en sauver des dizaines. Aucun de nous n’a hésité. Pas un seul. On a couru comme si le missile arrivait déjà sur nous et on a fait sortir tout le monde le plus vite possible. Y’a eu des pertes, de notre côté et du leur, mais c’était rien par rapport à celles qu’il y aurait eu si on avait rien fait...

On s’est sévèrement fait reprendre, mais personne n’a pu nous punir d’avoir sauvé tant de civiles. Tant d’enfants.

— Ce jour là, j’ai su que ces mecs là étaient pas seulement mes coéquipiers, mais qu’on était des frères. J’ai compris qu’on avait créé un lien qui dépassait l’entendement et que je pourrais remettre ma vie entre leurs mains en toutes circonstances.

Je bois littéralement ses paroles. Mon cœur bat la chamade quand il raconte et j’embrasse ses lèvres.

— Whoaaa mais je sais même pas ce que j’aurais fait ! Je me serais caché dans un coin peut-être ? Mais vous avez sauvé plein d’enfants... je suis sûr qu’ils se souviennent de vous.

Je souris et je caresse son visage avec tendresse.

— T’es le meilleur. T’aimes bien le repas alors ? J’ai bien choisi ? Le saumon est excellent ?

— Personne sait ce qu’il ferait. Je te jure que moi le premier si on m’avait posé la question, je suis pas sûr que ma réponse aurait coïncidé avec mes actes ! Peut-être que certain se souvienne oui, ils doivent être grands maintenant !

De l’eau à coulé sous les ponts depuis.

— T’as visé juste ! Le saumon est super bon et la sauce qu’ils ont mis avec c’est une tuerie ! J’aime bien manger des produits locaux quand on part comme ça ! Même pour nous, ça nous donne des idées de repas pour la maison.

— Dans la balade en chien de traîneaux on va déjeuner dans un chalet. Ça va être trop bien !! J’ai super hâte !

Ça va forcément être un plat local. En tout cas je l’espère parce qu’il aime bien. Et c’est sûr que je préfère qu’il goute des plats locaux en voyageant avec moi plutôt qu’avec ses frères d’armes dans les endroits où il est déployé. J’aime mieux l’avoir près de moi, même si je sais qu’il adore son métier. Je veux qu’il soit heureux.

— J’te laisse découvrir le dessert ! En tout cas, le jus de pomme pétillant c’est trop bon ! On devrait avoir ça à la maison, pour nos soirées festives. Non ?

Moi je ne peux pas boire et lui ne veut plus boire. On s’accorde bien là-dessus.

— Dans un chalet ? Genre un truc typique avec un repas qui ira sûrement avec ?

Je suis aux anges ! Venir dans un pays et le découvrir sous ce genre d’angles, j’adore.

— Ca pourrait être bien c’est vrai ! Même sans soirée ! On pourrait se faire des petits apéros tous les deux un peu plus souvent. Histoire de fêter des trucs, ou pas. Je suis prêt à fêter le fait que je t’aime.

Je souris en l’embrassant.

— Moi aussi. L’idée de fêter que je t’aime est une très bonne idée.

Je dis alors que ma main se pose sur sa cuisse. Je remonte lentement jusqu’à l’aine avec un grand sourire.

— J’ai vraiment aucune chance de fêter mon amour pour toi ce soir maintenant que j’ai accepté ce jeu ?

Je demande avec un sourire beaucoup moins grand que le sien.

— Aucune chance.

Je dis en déposant plusieurs baisers sur son cou.

— Je sais que t’aimes, au fond.

— Au fond, bien caché, là où personne peut le voir !

Je pourrais refuser. Luca aime jouer, mais j’ai appris à aimer tout autant. On se découvre chaque fois d’une nouvelle façon et j’aime ça.

— Par contre trois jours, ça va être vraiment très long. T’en as conscience ?

Je demande en glissant une main sous son t-shirt pour caresser sa peau. Y’a pas de raison.

— Je sais oui.

Et je le laisse faire parce que j’adore la tendresse qu’il a dans ce genre de moment. C’est agréable, ça me fait des frissons.

— Du coup, on mange le dessert ? Ou t’es très très fatigué et tu veux aller au lit ?

— Je suis seulement fatigué, pas très très. Je devrais survivre à un dessert.

Je souris tendrement sans arrêter mes caresses. J’aime bien être toujours proche de lui, le toucher comme s’il pouvait s’évaporer juste après.

— Et après au lit !

— On va passer la nouvelle année blotti tous les deux en regardant le ciel. Deux années de suite.

Je lui souris avant de me lever pour débarrasser un peu et récupérer nos desserts.

— On devrait peut-être en faire une tradition, non ?