Vacances surprises à la neige — Alessandro & Luca

— Je suis heureux de t’entendre le dire.

Mais pour autant, je ne mets pas plus de deux secondes à me relever pour aller lui chercher ses médicaments. C’est important et jamais je ne laisserais la flemme ou notre bonheur faire passer sa santé en second.

— Tu veux de l’eau avec? Ou un thé peut-être ? Je vois qu’il y à une bouilloire !

— Nan, juste de l’eau, mon amour. Je suis un peu fatigué là. L’excitation de la surprise et de la découverte des lieux retombe.

Je me redresse pour prendre tout mes médicaments et puis j’attends qu’il me rejoigne pour bien me blottir contre lui.

— C’est vrai que tu veux vraiment une ferrarri ?

— Ça va ? T’as tout ce qu’il faut pour dormir, ça va la température ?

Je compte pas baisser le chauffage, il ne tremble pas, ça semble pas mal là.

— Non c’est pas vrai ! J’en ferais quoi ? je rigole en me serrant contre moi. C’était une plaisanterie avec mon père, parce que je lui ai toujours dit que si j’avais les moyens de m’offrir une voiture de luxe un jour, ce serait une italienne !

— Je suis bien. Et toi, t’as pas trop chaud ? On devrait baisser le chauffage et je me couvre... j’ai pas envie que tu dormes mal.

Je caresse son torse avec douceur. Il est bouillant.

— D’accord. J’ai cru que t’avais mauvais goût, j’ai eu peur. Maserati c’est mieux. On pourrait s’acheter une Maserati. Non ?

— Moi ça va t’en fais pas. Je maîtrise la technique du jeté de jambe dehors !

Parce que même quand on s’éloigne, si un de nous deux se réveille brièvement dans la nuit, on se colle de nouveau.

— Depuis quand tu t’y connais en voiture de luxe ? C’est une passion inavouée ?

Je demande en embrassant sa tempe.

— T’aimerais qu’on en ai une ?

— Depuis jamais. J’aime Maserati parce qu’ils ont un logo trop cool. Je t’ai dit, parfois je fais des recherches et j’ai lu que les garçons aimaient bien parler de voiture alors comme on a beaucoup d’ami garçon, je voulais être sûr de savoir quoi dire si jamais on en parlait.

Mais on en parle jamais. Enfin en tout cas, là, c’est utile. C’est moche une Ferrari.

— C’est parce que j’ai du mal à me mêler aux conversations et à m’intégrer. Pas beaucoup de choses m’intéresse dans la vie. C’est surtout toi et faire des albums photos. Aussi notre famille donc tes parents et puis Roméo. J’ai pas beaucoup de sujets de conversation. Je suis pas très intéressant. Je connais bien les choses de l’hôpital mais personne n’a envie de parler de ça... mais on peut avoir une Maserati, si tu veux. Si c’est un investissement.

— Pas beaucoup de sujets de conversations ? Mon coeur ! Tu connais plein de choses, t’as voyagé dans plein d’endroits, t’es curieux, t’es attentif ! T’as plein de sujets de conversations ! Regarde nous. On parle sans arrêt ! Et c’est pas juste parce qu’on est ensemble, c’est parce qu’on a toujours de quoi parler !

Il se voit pas avec son charme, son éloquence et sa présence d’esprit. Dommage, parce qu’il est si loin d’être quelqu’un d’inintéressant.

— On peut pas s’y connaître sur tout, c’est normal. Regarde typiquement, quand Keziah et Tristan se mettent à parler de super-héros, on est largué ! C’est pas pour autant qu’on est pas intéressant. Par contre nous, bah on peut parler de Roméo et Zekhia des heures avec Adriel, parce qu’il adore autant son chien que nous le notre. On se donne des techniques de dressage et tout ! Après, je trouve ça génial que tu fasses des recherches sur plein de trucs ! Mais fait les en fonction de ce qui t’attire que, pas en fonction de ce que les autres aiment bien.

Je l’embrasse avec douceur..

— Oui mais avec toi c’est pas pareil. C’est parce que je t’aime et aussi parce que tu t’intéresses et que tu prends le temps.

Je sais qu’il ne se moquerait jamais de moi. Nos amis non plus, je pense. Mais c’est parfois difficile de savoir quoi dire. Enfin, je crois.

— Moi c’est quasiment tout le temps que je suis largué. Parfois vous parlez de politique et moi j’oublie tout le temps c’est quoi le président ici.

Et le dire, ça me semble bizarre.

— C’est même pas un président c’est quoi déjà ? Un vice président ? Ah non c’est un ministre ! Et je suis en retard sur la technologie. Et sur les musiques. Et j’ai pas d’enfants. Parfois je comprends pas très bien les expressions anglaises.

Je réponds à son baiser avant de me blottir contre lui.

— J’ai quand même envie d’apprendre des choses pour savoir quoi dire. Et là, tu vois, je savais répondre avec un vrai avis.

— Moi j’aime bien ce décalage que tu as parfois. Tu t’intéresses à certaines choses que moi je ne connais pas du tout et ça me permets d’apprendre. Je trouve qu’on se complète bien pour ça. Ça me plaît.

Je souris en me serrant contre moi.

— Y’a des trucs dont tu voudrais qu’on parle parfois ? Juste tous les deux je veux dire.

Même si je sais qu’aucun de nos amis ne rigoleraient d’une lacune. On en a tous a nos façons. Adriel aussi il est en retard sur plein de choses.

Je hausse les épaules.

— J’en sais rien, j’ai pas trop d’idée là. Mais je peux te le dire, quand je comprends pas ce qu’il se passe ? Après tu pourrais m’apprendre.

Je connais surtout les choses qui s’apprennent dans les livres ou les documentaires.

— On devrait regarder tous les films de super-héros. Peut-être qu’on aimerait bien ? On pourrait dire à Adriel et Keziah de venir ? Tous les jeudis soirs, par exemple. On fait une soirée cinéma. Adriel va vouloir, c’est sûr. Pas besoin de parler. Tu pourrais les raccompagner si Adriel a peur. En disant que tu sors Roméo, évidemment. T’en penses quoi ?

— C’est une super bonne idée ! Keziah va forcément aimer l’idée aussi en plus ! Puis si on fait tous les jeudi soirs, ça va lui faire une routine donc ça va forcément le rassurer. Je vois bien que c’est le changement qui l’effraie, l’inattendu. Là, y’a pas de surprises !

On commande ds pizzas et voilà, l’affaire est jouée.

— Tu crois que c’est mieux que je prétexte de sortir Roméo ? Je sais qu’il est pas stupide et qu’il comprends que parfois, on invente des prétextes pour qu’il ne se sente pas gêné. Et en même temps, c’est quelqu’un de très firr, alors c’est vrai que c’est peut-être pas plus mal !

— Bah... de toute façon, il faudra sortir Roméo alors pourquoi pas ? Je crois qu’il n’a pas trop peur dans la résidence, mais ça peut-être sympa ? En tout cas, j’ai hâte de proposer ça !

J’espère qu’ils seront d’accord parce que ce serait vraiment génial.

— On pourrait aller chez eux, d’ailleurs, si c’est le problème d’Adriel. Moi ça me gêne pas.

— Chez eux ou chez nous, moi ça me va ! C’est Adriel celui que ça pourrait le plus déranger, alors faudra l’amener de manière à ce qu’il puisse choisir. Je suis sur qu’ils diront oui.

Ça demande pas d’efforts, il pourra être collé à Keziah s’il le veux et puis ça va sûrement tellement donner envie à Keziah, qu’Adriel va suivre au moins pour lui faire plaisir. C’est ça le let motiv dont il faut se servir avec lui.

— Je vais demander à Adriel quand on rentrera. Je suis sûr qu’il sera d’accord !

J’ai bon espoir qu’il aille mieux. C’est déjà un peu le cas.

— Je t’aime mon amour. Vraiment très fort. Je suis content de passer une nouvelle année avec toi.

— J’ai hâte qu’on fasse ça. On va arrêter d’être des incultes en super-héros en plus !

Je plaisante en cherchant le regard de Luca.

— Vivement l’année prochaine. Ça voudra dire qu’on aura vécu encore une année ensemble. Et je sens que celle là va nous réserver plein de surprises et de bonheur !

— J’ai une dernière question avant de dormir...?

Ça fait plusieurs semaines qu’elle me trotte dans la tête et j’hésitais à la lui poser.

— Je t’écoute mon Coeur.

Je réponds avec tendresse, curieux.

— T’es sûr que tu veux pas d’enfants...? Mon cœur va s’abîmer encore. Tu le sais.

Je dis avec douceur. J’y pense souvent. Je crois pas être prêt pour en avoir et c’est pas pour demain mais peut que dans cinq ou six ans... ? Je sais pas trop. J’y pense. Je ne veux pas qu’il reste seul. Ou qu’il meurt.

— Il va pas s’abîmer demain. On a encore beaucoup d’années devant nous. Je veux pas penser à après, bien sincèrement.

C’est trop insupportable d’imaginer une vie sans Luca. Il ne vivra pas jusqu’à quatre-vingt ans, j’en ai conscience et je ne me fais pas d’illusion. Mais il ne mourra pas non plus à trente ans. On a encore de belles années à venir.

— Mais ça veux dire que toi, tu y a pensé... T’en voudrais finalement ?

Je demande en réfléchissant davantage.

— Bah... peut-être. Pas tout de suite du tout car je suis pas prêt à te partager ou à avoir ce genre de responsabilité. Et de contraintes. Parce que pour l’instant, je vois ça comme une contrainte. Mais... pourquoi pas, plus tard ? Un petit gars. Pour qu’il prenne soin de toi quand tu vas vieillir et que je pourrais pas le faire.

Je dis en caressant son visage.

Moi aussi je vois ça comme une contrainte. J’adore Tommy, Nellie ou encore Will, mais ça reste les enfant d’autres. Une fois la porte passée, on peut de nouveau vivre sans penser à personne d’autres que nous.

— Je suis pas prêt du tout moi non plus.

C’est étonnant de voir comment il a changé d’avis, dans l’unique but que je ne termine pas ma vie seul.

— J’arrive pas à imaginer une vie ou t’es pas là. Je peux pas. Alors pour l’instant je ressens aucun besoin d’avoir cet enfant. Je dis pas que je vais pas y réfléchir ! C’est pas un non catégorique et je t’envoie pas bouler. Mais...

Je soupire en enroulant ses jambes entre les miennes.

— Plus tard genre dans dix ans ? Avant, égoïstement, j’ai pas envie de te partager non plus. Je veux vivre trop de choses avec toi, pour assumer une troisième personne. Même un bébé.

— D’accord. On en reparlera mais j’aimerais que t’y penses, parfois. C’est tout.

J’embrasse ses lèvres et je me blottis contre lui autant que je peux.

— T’es fatigué ?

— Promis, j’essaierais d’y penser pour de vrai.

Même si j’ai l’impression qu’avoir un enfant n’est un rêve pour aucun de nous.

– Un peu avec le voyage. Mais je crois que je vais regarder les étoiles jusqu’à tomber de fatigue pour de vrai. Toi oui ? J’éteins ?

— Oui, éteins. Tu veux qu’on mette un fond de quelque chose ? Comme on n’est pas à la maison.

Même si je suis collé contre lui, je ne veux pas qu’il se réveille désorienté et paniqué.

— J’aurais préféré te dire que ça va aller, mais j’aimerais bien oui. On sait jamais. S’il te plaît Trésor.

Je lui demande en lui tendant mon portable tout en éteignant la lumière.

— Je te laisse faire, tu sais mieux que moi ce qui fonctionne.